L’ouverture des plis du projet de production de 1000 mégawatts en énergie solaire photovoltaïque dénommé Solar 1000 MW n’aura pas lieu de sitôt. Elle vient d’être reportée pour la deuxième fois.

PAR INES DALI
«Le délai de remise des offres par les entreprises voulant participer au projet Solar 1000 MW a été prorogé», a indiqué la Société algérienne des énergies renouvelables (Shaems) chargée de la gestion de la réalisation du projet.
Ce nouveau report a été annoncé jeudi dernier, au lendemain de l’expiration du délai du dépôt des offres, sans donner une date précise. La société Shaems a seulement indiqué, dans un communiqué, que le délai de remise des offres est «reporté à une date ultérieure qui sera communiquée au courant de la semaine prochaine», expliquant que cette prorogation «fait suite à la demande des investisseurs nationaux et internationaux participants au projet Solar 1000 MW souhaitant approfondir leurs études techniques et financières». Cette démarche, selon la même entreprise, intervient «dans le souci d’assurer toutes les conditions de réussite de ce premier projet, qui revêt un caractère hautement stratégique».
Avec ce deuxième glissement de calendrier, le projet Solar 1000 MW est en train d’enregistrer un retard certain. Après le lancement de l’appel d’offres en fin 2021, la date limite de dépôt des offres était prévue, initialement, pour le 30 avril 2022. Le délai a ensuite été «prorogé de 45 jours, soit jusqu’au 15 juin 2022», avait alors indiqué le directeur général de Shaems, Smaïl Mougari.
Le retard du projet Solar 1000 MW n’est pas seulement dans le délai du dépôt des offres ou l’ouverture des plis. Le premier écueil était déjà dans la libération du cahier des charges. Ce projet d’envergure, qui intervient dans un contexte de relance du programme de génération d’électricité à partir du photovoltaïque, a déjà connu un certain retard du fait que l’appel à investisseurs pour la réalisation de centrales photovoltaïques a été lancé théoriquement le 23 décembre 2021, alors que le cahier de charges, indispensable pour pouvoir soumissionner, n‘était disponible que près de deux mois plus tard. C’est à partir du 17 février 2022 qu’il a été mis à la disposition des potentiels investisseurs soumissionnaires, après la montée au créneau du directeur général du Cluster Energie Solaire (CES) Boukhalfa Yaïci. Ce dernier avait alors appelé le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables à la libération du cahier des charges afin de permettre aux opérateurs intéressés de passer aux étapes suivantes, à commencer par la soumission au projet», avait-il expliqué.
Le traitement de cet appel d’offres est confié à Shaems dont le directeur général a annoncé, le mois dernier, que la société a enregistré le retrait du cahier de charges relatif au projet Solar 1000 MW par 110 entreprises. Pour sa part, le secrétaire général du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, Mehmah Bouziane, a précisé, la mi-mai, qu’outre les entreprises nationales, l’Algérie «compte 86 entreprises internationales spécialisées dans les énergies renouvelables, issues de 15 pays de quatre continents, à avoir retiré le cahier des charges pour la réalisation du projet Solar 1000 MW», ajoutant que ce nombre est appelé à augmenter, puisque le délai du dépôt des offres avait été prorogé.
Jusqu’à présent, aucun nom d’entreprise parmi les soumissionnaires au projet Solar 1000 MW en Algérie n’a encore filtré, mais seulement leur nationalité. Selon Mehdi Bendimerad, vice-président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) et président du Conseil d’administration du Cluster Energie, parmi les entreprises qui ont retiré le cahier des charges du projet Solar 1000 MW, «douze d’entre elles sont chinoises, huit sont turques, trois sont françaises et sept sont algériennes». En faisant cette révélation lors du récent forum des chefs d’entreprise algériens et français, à l’occasion de la venue d’une délégation du Medef en Algérie, il a estimé que seulement trois entreprises françaises» parmi les soumissionnaires, pour un investissement estimé à un milliard de dollars et qui est inscrit dans une stratégie durable de changement de modèle énergétique, «ce n’est pas beaucoup». Dans sa conférence sur la transition énergétique, Mehdi Bendimerad, a indiqué que «ce n’est pas suffisant quand on sait que la plus grande centrale solaire d’Europe se trouve à Bordeaux», avant de noter «le savoir-faire français dans les éco-technologies – en France comme à l’international».
Profitant de cette rencontre avec le milieu d’affaires français, la première du genre depuis environ quatre ans, le vice-président de la Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a lancé un appel aux opérateurs de l’Hexagone de la transition énergétique de s’intéresser au marché algérien du secteur. Car, selon ses arguments, le chiffre de trois entreprises françaises traduit «la faiblesse actuelle de l’intérêt français pour le secteur des énergies renouvelables en Algérie et la modestie de ses opérateurs spécialisés qui doivent regarder plus loin de l’autre côté de la Méditerranée pour participer à l’essor de l’industrie du solaire».
Ce projet, auquel les autorités algériennes accordent un grand intérêt et sur lequel elles misent grand pour produire de l’électricité à partir du solaire, consiste en la constitution de Sociétés de projet (SPV) chargées de réaliser un projet de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1.000 MW, réparties sur le territoire national, en lots de 50 à 300 MW chacune. Ce projet concerne cinq wilayas, à savoir Béchar, Ouargla, El Oued, Touggourt et Laghouat et devra contribuer à la création de plus de 5000 emplois directs dans un premier temps. Il s’inscrit dans le cadre de la réalisation du programme national des énergies renouvelables qui ambitionne d’installer 15.000 MW de sources renouvelables d’ici 2035. L’énergie électrique qui sera produite à partir des centrales sera injectée dans le réseau national et l’investisseur aura une relation commerciale avec Sonelgaz à travers sa filiale SADEG ou avec l’opérateur système.