Le club s’en est défendu dans un communiqué. Le Paradou AC a, pour la première fois, essuyé des critiques sur les réseaux sociaux concernant ce qui ressemble à une nouvelle politique de transferts. En effet, la formation de la banlieue algéroise a cédé 3 pépites de 19 ans à des clubs qataris. Une destination qui a surpris bon nombre de personnes qui ont éprouvé des craintes de naturalisation du trio concerné. Le PAC a réagi en apportant des précisions dans un communiqué.
Par Mohamed Touileb
Pour beaucoup, le Paradou AC est LA référence en matière de gestion et de formation dans le football algérien. La capacité du club à produire des joueurs a toujours été l’atout majeur. Sa politique a permis d’exporter les Atal, Bensebaïni et Boudaoui vers l’Europe. Aujourd’hui, la direction, qui privilégiait le circuit belge pour ses transferts, se tourne vers le marché du Golfe en envoyant ses jeunes joueurs dans le championnat qatari dans ses deux paliers. Pour beaucoup, cette démarche inquiète quand elle n’intrigue pas. Mais peut-elle freiner leur progression où les pousser à jouer pour un autre pays que l’Algérie ?
L’Asie plutôt que l’Europe
Il faut savoir que depuis toujours, le PAC a tâché de donner pour l’Algérie ce qui se fait de mieux, sur le plan local, en matière de jeunes footballeurs.
La qualité de ce qui sort de l’académie ne souffre pas de doute. Les exemples sont concrets quand on voit les carrières des Atal, Bensebaïni, Boudaoui voire Zorgane et d’autres comme Kadri et El Melali.
Ainsi, le PAC indique qu’il « s’est toujours attelé fièrement pour être un vivier fiable et durable pour toutes nos sélections nationales, rappelant nos valeureux académiciens qui ont été sacrés champions d’Afrique en 2019 (Bensebaini, Attal, Boudaoui, etc.) ».
Ces jeunes ont pu se faire de la place dans les championnats européens. Certes, ce n’est pas des clubs très huppés. Mais Bensebaïni a, à titre d’exemple, pu disputer la Ligue des Champions UEFA quand Atal et Boudaoui ont participé à l’Europa League UEFA. Jusque-là, tout allait bien. Mais voilà que des voix s’élèvent pour contester la vente de trois jeunes nés en 2004 pour des clubs qataris.
Il s’agit d’Abdelghani Lallam qui a signé à Al Markhiya Sports Club pour 5 ans au même titre qu’Omar Mohamed Rafik transfuge d’Al Shamal sports club. De son côté Fouad Hanfoug a rejoint Muaither sports club pour la même durée en D2 du Qatar.
L’Académie garantit (presque) l’autosuffisance au Qatar
A même pas 20 ans, le trio va jouer dans un autre continent et dans un pays où il y a, il faut le souligner, tous les moyens modernes (entraînements, récupération et qualité de vie) pour progresser sur le plan sportif.
« Le championnat qatari, actuellement en plein essor en Asie grâce à d’importants investissements en infrastructures, répond tout autant que d’autres championnats en Europe, aux critères de performance et de rentabilité requis à ce stade préliminaire de transfert de nos talents », a rappelé le PAC.
Toutefois, certains voient planer la menace de les voir bénéficier de la nationalité sportive qatarie. Cette approche est quelque peu stigmatique du dossier même si le Qatar a pris l’habitude de naturaliser des sportifs de toutes les disciplines pour les représenter à l’international.
A ce sujet, il faut relever que les Qataris ont lancé l’Académie Aspire pour produire des footballeurs et des sportifs d’élite et qu’ils ne sont plus vraiment à la merci des joueurs qui viennent d’ailleurs pour assembler une sélection nationale comme beaucoup s’en persuadent.
La naturalisation des sportifs comme Boualem Khoukhi et Karim Boudiaf intervenait à une période où la politique sportive locale était à ses débuts. C’était des solutions immédiates. Désormais, le petit émirat gazier a des plans pour le long terme qu’il parvient à concrétiser grâce à un réel processus de développement dans le domaine des sports.
Naturalisation : Plus de la stigmatisation et de la suspicion
Par ailleurs, rien n’obligerait le jeune trio en question à opter pour la sélection d’Al-Annabi s’ils veulent représenter l’Algérie.
« S’agissant du choix de la nationalité sportive potentielle de nos talents, celui-ci n’a jamais été d’actualité, tout comme il ne saurait fonder le transfert de nos talents dans un club étranger, en tout état de cause ce choix relève de la liberté d’option du joueur qui en assume seul la responsabilité », indique le communiqué des Pacistes.
En tout cas, présentement, leurs nouveaux employeurs leurs garantissent des salaires conséquents pour commencer à cueillir les fruits de leur travail. Laalam percevra 20.000 dollars/mois alors qu’Omar touchera 13.000 dollars mensuels tandis que Hanfoug aura une mensualité de 10.000 dollars.
Cela reste important pour leurs familles. Après tout, beaucoup embrassent des carrières pour bien gagner leur vie et subvenir aux besoins des leurs. Quant aux choix de carrière, ils dépendent du joueur et de son ambition. Ce qui est certain, c’est que le Qatar n’est pas un cimetière des footballeurs et personne n’a forcé la main à ses jeunes pour aller là-bas. Même si cela peut laisser transparaître un manque d’ambitions sportives chez eux. Une attitude probablement dictée par l’envie d’aider leur entourage sachant qu’ils ne viennent généralement pas de milieu aisé.
Des ventes vitales pour le club
On partira du principe qui veut que les dirigeants du team de Hydra ont souvent trouvé le meilleur compromis pour leurs jeunes. En outre, il est logique que Kheireddine Zetchi et sa direction pensent à la rentabilité dans ces ventes car il s’agit d’une entreprise qui a besoin d’indemnités (certainement plus importantes au Golfe qu’en Europe) pour renflouer ses caisses.
Et le board explique que « le transfert à titre onéreux des joueurs du PAC vers d’autres clubs, notamment à l’étranger, constitue la consécration des efforts d’investissement consentis tant par notre formation que par le joueur » non sans souligner que « grâce à cette stratégie, non dénuée de risques, le PAC parvient à poursuivre sa politique d’investissement et de développement des talents ». Difficile de donner tort aux dirigeants qui doivent rentabiliser leurs investissements tout en essayant de trouver le meilleur compromis sportif pour un produit qui a désormais sa cote sur le marché international.
M.T.