Par Hamid Bellagha
Les dégâts collatéraux de la guerre d’Ukraine ne cessent de se répercuter à travers toute la planète. Ce n’est pas une troisième guerre mondiale au sens balistique du terme, mais les Bourses et les places financières mondiales, affolées, font que la belligérance se passe maintenant derrière un ordinateur ou sur des mouvements de capitaux.
Avec les sanctions économiques imposées à la Russie, c’est toute la planète énergie et agraire qui s’en trouve affectée. Si le manque de pétrole et de gaz se font déjà ressentir, celui du blé ne tardera pas à toucher bon nombre de contrées, surtout celles importatrices de la précieuse céréale.
L’Algérie qui est l’un des plus gros clients de la Bourse des céréales verra son portefeuille conçu pour le blé en être sérieusement affecté. Malgré les assurances du ministre de l’Agriculture, passer entre les gouttes se révélera un véritable parcours du combattant, sans jeu de mots.
La Russie et l’Ukraine, qui assurent plus de 30 % des exportations de blé dans le monde, sont pour le moment occupées à faucher, mais pas le blé. La Bourse de la céréale la plus consommée au monde a vu le prix du blé augmenter de 150 dollars la tonne en deux semaines, et plusieurs pays, dont l’Algérie, veulent acquérir au plus vite les quantités nécessaires pour terminer l’année sans se faire rouler dans la farine, toujours sans jeu de mots. Immanquablement, selon la loi de l’offre et celle de la demande encore d’actualité économique, une augmentation du prix du blé est à prévoir dans les jours qui viennent, surtout si les bruits de bottes persistent encore du côté de la mer Noire.
En l’absence probable de la Russie du marché agricole mondial, l’Algérie n’aura d’autres choix que de retourner vers la France qui était son principal fournisseur, il y a encore deux ans. L’exécutif ne pourra plus faire jouer la règle de la concurrence, mais se pliera aux règles du marché en temps de crise.
Avec plus de 40 % de terres en jachère, l’Algérie aurait pu, si elle avait abandonné cet outil archaïque, revenir à une suffisance en céréales qui était la sienne dans les années 70 du siècle dernier. Le tir pourra sûrement être rectifié, mais ces fruits ne se manifesteront que deux ou trois saisons plus tard, selon les experts.
En attendant, ce que l’on a pris d’une main après l’augmentation des prix du pétrole et du gaz sera, en partie, reversé pour le blé, de l’autre main.