La crise mondiale actuelle ne pose pas uniquement des problèmes de santé. Elle a engendré, entre autres, une accélération d’autres difficultés que certains voyaient pointer depuis un certain temps déjà. L’éthique et la protection de la vie privée de chacun sont en ballotage.
Avec le coronavirus, il y a le confinement, les tests de dépistage et également le « backtracking ». Un terme anglais qui désigne le pistage numérique des personnes contaminées. L’utilisation des nouvelles technologies permet ainsi de vérifier, en temps réel, où les malades se trouvent et où ils se déplacent. Les données de tracking sont recueillies avec les images de vidéo-surveillance, l’analyse des cartes bancaires ou des téléphones des malades.


Une « arme » utilisée pour combattre le coronavirus par la Corée du sud surtout, et les résultats semblent satisfaire ses initiateurs. Mieux encore, d’autres pays suivent le même «chemin ». Une fuite en avant devant l’urgence et la gravité de la crise. Tout se fait avec semble-t-il un consentement unanime. La peur engendre une obéissance (très souvent aveugle). Pourtant…
Ce backtracking rappelle le deuxième épisode de la 4e saison de « Black Mirror », la série britannique d’anticipation. Le scénario raconte l’histoire de parents qui, pour suivre tous les déplacements de leurs enfants, leurs implantent un tracker dans la tête. Ce « gadget » leurs permet également d’obtenir d’autres «prouesses techniques » pour les rassurer sur leurs progénitures. Les parents protecteurs ne peuvent qu’en demander et en redemander. Toutefois, il y a des limites à ne pas franchir (ceux qui ont vu cet épisode comprendront).
La face sombre des nouvelles technologies semble être négligée par plus d’un alors qu’elle existe bel et bien. Le consentement d’urgence n’épargnera pas les désillusions postérieures. Après la crise, viendra le temps des factures… Effectivement, le monde orwellien, brandi comme un épouvantail depuis des lustres, n’est plus chimérique. La réalité est en train de dépasser la fiction.
(*) Extraite de “Voyage au bout de la nuit” (premier roman de Louis-Ferdinand Céline)