La réponse de Téhéran ne s’est pas fait attendre. Après que le secrétaire d’État américain, Mike Pompeo, a évoqué un «acte de guerre de l’Iran» suite à des frappes de drones sur des pétroliers saoudiens, le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a déclaré que les États-Unis ou l’Arabie saoudite déclencheraient un conflit armé s’ils venaient à attaquer Téhéran.

La Rédaction Internationale
Interrogé par la chaîne de télévision américaine CNN sur ce que serait « la conséquence d’une frappe militaire américaine ou saoudienne sur l’Iran », Javad Zarif n’a pas exclu la possibilité d’« une guerre totale. » « Nous ne voulons pas la guerre, nous ne voulons pas nous lancer dans un affrontement militaire. Nous pensons qu’un conflit armé reposant sur une supercherie est quelque chose d’affreux. Mais nous ne tremblons pas quand il s’agit de défendre notre territoire », a souligné le ministre iranien. Sur Twitter, Javad Zarif a dénoncé jeudi «l’agitation » orchestrée autour des récentes attaques contre des installations pétrolières saoudiennes afin de préparer l’opinion mondiale à une guerre contre l’Iran.
Riyad a, de son côté, affirmé que Téhéran avait «incontestablement parrainé » ces attaques menées par voie aérienne et revendiquées par les Houthis du Yémen. «C’est fabriqué de toutes pièces », a déclaré Javad Zarif. Donald Trump a laissé entendre qu’il n’excluait aucune « option » contre l’Iran après ces attaques. Depuis dimanche, l’Iran a rejeté à plusieurs reprises les accusations américaines et saoudiennes le tenant pour responsable des attaques contre les installations du groupe pétrolier saoudien Aramco.
Le président iranien, Hassan Rohani, a toutefois qualifié ces raids d’ « avertissement » lancé par « les Yéménites » à Riyad, qui dirige depuis 2015 une coalition armée au Yémen. L’Iran, qui se défend d’armer les Houtis dénonce régulièrement les bombardements de la coalition causant l’une des pires catastrophes humanitaires sur la planète.

La «réplique» de Riyad
Après l’attaque qui a ciblé deux sites pétroliers d’Aramco le 14 septembre, la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite a annoncé avoir bombardé les Houthis. Quatre sites situés au nord d’Hodeida ont été détruits. La coalition
dirigée par l’Arabie saoudite a annoncé avoir lancé, le 19 septembre, une opération militaire au Yémen contre les Houthis, la première depuis les attaques de drones sur des installations pétrolières saoudiennes la semaine dernière. La coalition saoudienne a détruit quatre sites situés au nord de la ville portuaire de Hodeida (ouest du Yémen), utilisés par les Houthis pour assembler des bateaux télécommandés et des mines marines, selon un communiqué de l’agence de presse officielle saoudienne SPA. Elle considérait ces sites comme des menaces à la sécurité maritime dans le stratégique détroit de Bab Al-Mandeb et le sud de la mer Rouge. Peu avant l’annonce de cette opération militaire, la coalition avait affirmé avoir déjoué une attaque au bateau piégé, sans équipage.
«La force navale de la coalition a détecté une tentative de la milice terroriste Houthie liée à l’Iran de commettre un acte hostile et terroriste imminent dans le sud de la mer Rouge en utilisant un bateau piégé télécommandé», avait indiqué la coalition toujours dans un communiqué diffusé par SPA. Le bateau a été lancé « depuis le gouvernorat de Hodeida», dans l’ouest du Yémen, a-t-elle ajouté. Ces nouveaux développements surviennent alors que les tensions régionales avec l’Iran croissent, et les deux dernières attaques simultanées contre d’importantes installations pétrolières saoudiennes ont réduit de moitié la production du royaume et provoqué la chute libre des cours de l’énergie. Les Houthis ont revendiqué ces attaques, mais Washington et Ryad ont absolument voulu tenir pour responsable l’Iran.
La coalition saoudienne est intervenue militairement au Yémen pour soutenir le gouvernement yéménite pro-Riyad en 2015 lorsque le président Abdrabbou Mansour Hadi s’est enfui en exil en Arabie saoudite alors que les Houthis s’approchaient d’Aden deuxième ville du Yémen. Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts, civiles pour la plupart, et plongé ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, dans ce que l’ONU considère comme étant la pire crise humanitaire au monde.