Synthèse Anis Remane
Le 20 août prochain, le Tchad a un rendez-vous politique important. Ce jour-là, le pouvoir en place, à sa tête Mahamat Idriss Déby Itno, et les groupes de l’opposition devraient signer un accord destiné à lancer un «dialogue national inclusif» et à mettre fin aux années d’instabilité politique et sécuritaire dans le pays. Lundi 8 août, un premier pas important a été franchi à Dohar au Qatar – pays médiateur où le Président tchadien en exercice et une quarantaine de groupes rebelles (42 sur 47) ont convenu après cinq mois de négociations d’une entente préalable avant celle attendue dans onze jours. Cet arrangement que n’a pas encore signé le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR) et un autre groupe rebelle important, le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) dont le chef Mahamat Ali Mahdi réfugié dans le désert libyen se dit «ouvert» aux discussions, a été qualifié de «moment clé pour le peuple tchadien» par le Secrétaire général de l’ONU. Antonio Guterres, qui s’est exprimé dans une vidéo diffusée lors de la cérémonie officielle à Doha, a néanmoins insisté sur la nécessité d’un dialogue «inclusif» pour que celui-ci puisse réussir. Selon le médiateur qatari, en plus de la présence du président Mahamat Idriss Déby Itno, plus de 1 300 représentants rebelles, issus de la société civile, des syndicats, de l’opposition et du pouvoir ont pris part à l’accord de Doha, lundi 8 août 2022. «Avoir autant de groupes signataires est un bon départ pour le dialogue national», estime le chef d’un groupe signataire sous le couvert de l’anonymat, soulignant que l’accord serait toutefois «plus fructueux» si le FACT en avait été également partie. Le FACT est à l’origine de l’attaque ayant conduit à la mort le 19 avril 2021 du maréchal Idriss Déby Itno, qui dirigeait d’une main de fer le Tchad depuis 30 ans. Au lendemain de sa disparition, son fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, avait été proclamé président à la tête d’un Conseil militaire de transition de 15 généraux. Aux chefs rebelles qui iront à N’Djamena le 20 août, le pouvoir propose un cessez-le-feu et des garanties de sécurité. Ensemble lors de ce dialogue, ils devront décider de l’organisation de l’élection présidentielle prévue en octobre. Après avoir promis des élections libres et transparentes dans un délai de 18 mois après un «dialogue national inclusif», le président-général Mahamat Idriss Déby Itno a semblé laisser planer le doute sur un report du scrutin annoncé. Mais l’Union africain, la France et l’Union européenne font pression pour que ce délai ne change pas. n