La procédure de recherche des entreprises nationales et internationales pour réaliser le projet indique que le gouvernement entend rattraper le retard considérable enregistré dans la mise en place d’une plateforme de production de l’énergie renouvelable et du solaire en particulier. Le programme de développement de cette ressource censée permettre à l’Algérie de se soulager de l’emprise des hydrocarbures et du fossile sur son modèle énergétique et son économie – dans lequel s’inscrit l’appel d’offres lancé – a été mis en route en 2015 sans résultats probants.

Par Hakim Ould Mohamed
L’appel d’offres tant attendu pour la réalisation du projet de production de 1.000 mégawatts d’origine solaire, dénommé «Solar 1000 MW», vient d’être enfin lancé. Il a fallu des mois d’attente et plusieurs reports pour que l’appel d’offres soit enfin publié au profit des opérateurs nationaux et internationaux.
L’appel d’offres en question, publié sur le site web du ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, précise que le projet «Solar 1000 MW» consiste en la constitution de Sociétés de Projet (SPV) chargées de réaliser un projet de centrales solaires photovoltaïques d’une capacité totale de 1.000 MW, réparties sur le territoire national, en lots de 50 à 300 MW chacune. Le ministère de la Transition énergétiques et des Energies renouvelables a indiqué que les sites destinés à l’implantation des installations de ces centrales seront mis à la disposition des Sociétés de Projet par la Société Algérienne des Energies Renouvelables dénommée «SHAEMS Spa», chargée du traitement de cet appel d’offres. La participation à cet appel d’offres est assortie de plusieurs conditions que les opérateurs devraient remplir, faute de quoi leurs propositions techniques et financières se verront rejetées par «SHAEMS SPA». Les opérateurs intéressés, qu’il s’agisse des personnes physique ou morales, seule ou en groupement, doivent au préalable mobiliser les financements nécessaires à la réalisation de ce projet, justifier de références avérées dans le développement et le montage de projets de centrales de production indépendante d’électricité (mode IPP, notamment, de sources renouvelables), et disposer également de capacités pour l’exécution de toutes les prestations requises pour ce type de projet. Ce n’est pas tout, puisque les investisseurs intéressés devront également assurer le développement, le financement, la conception, la fourniture d’équipements, la construction, l’exploitation et la maintenance de ces centrales, ainsi que la réalisation des installations d’évacuation et de raccordement aux réseaux électriques et la commercialisation de l’électricité produite à partir de ces centrales. L’exécution du projet «Solar 1000 MW» constituera ainsi un tremplin à l’arrivée des producteurs privés d’électricité sur un marché réservé jusqu’ici presque exclusivement à l’opérateur public Sonelgaz. En effet, les futurs producteurs d’électricité d’origine solaire se verront signer avec un acheteur qui se chargera de la distribution, probablement Sonelgaz, un contrat de vente et d’achat d’électricité (Power Purchase Agreement PPA) d’une durée d’exploitation de vingt-cinq ans (25) ans.

Un retard à rattraper
Ce serait une équivalence en énergie solaire du contrat appliqué jusqu’ici à la centrale électrique de Hadjret En Nouss qui, pour rappel, a fait l’objet de plusieurs critiques durant sa phase de réalisation et d’exploitation. Sauf que, dans le cas de la vente de l’électricité d’origine solaire, les producteurs ne bénéficient pas d’avantages liés aux ressources naturelles à partir desquelles l’électricité est produite, mais éventuellement d’avantages liés à l’exploitation des centrales en contrepartie des investissements engagés. Le ministère de la Transition énergétique et des énergies renouvelables a expliqué également que la participation à l’appel d’offres est conditionnée par «le respect du pourcentage minimum d’exigence de contenu local, par type de produit et de services locaux», lit-on dans le document relatif au lancement de l’appel d’offres et les exigences réclamées aux investisseurs potentiels. Il s’agit là d’une stratégie adoptée par les énergéticiens publics, Sonatrach et Sonelgaz en l’occurrence, et qui consistent à améliorer l’intégration nationale dans les projets de production d’énergie en réservant une partie des contrats de fourniture d’équipements et de services aux entreprises algériennes. Par le lancement de cet appel d’offres, l’Algérie envisage ainsi de rattraper un retard de plusieurs années, étant donné que le programme de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique a été lancé en 2015 sans que des efforts considérables soient réalisés. L’ambition initiale consistait à installer un parc de 4000 mégawatts à l’horizon 2030, ce qui élèverait à 27% la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national. Reste à clarifier, à l’avenir, la relation entre les producteurs privés et le groupe Sonelgaz, soutenir l’émergence d’une vraie industrie du photovoltaïque et avancer sur des projets concrets susceptibles d’améliorer, à terme, la diversification des sources d’énergie. Pour revenir à l’aspect technique de l’appel d’offres lancé par le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, il est précisé que les offres du projet «Solar 1000 MW» doivent comporter une offre technique et une offre financière, ajoute le document, précisant que les candidats doivent remettre ces offres le 30 avril 2022 à 10h00 (heure locale), heure limite, à la Salle des conférences, Tour B, Immeuble Cité Chabani, Val d’Hydra, Alger. L’ouverture des plis des offres techniques se fera le jour même, tandis que l’ouverture des plis des offres financières des soumissionnaires, dont les offres techniques ont été retenues, sera fera ultérieurement, selon le document.