L’Algérie figure dans la short liste de pays où Chevron entend investir 17 milliards de dollars dans des projets énergétiques courant 2023. Une preuve du grand intérêt qu’accorde la compagnie américaine au domaine minier national.

Par Hakim Ould Mohamed
Le géant pétrolier américain Chevron discute de projets d’exploration et de prospection en Algérie. L’info a été rapportée, lundi, par «The Wall Street Journal». Les discussions ont été, en tout cas, lancées avec l’Algérie pour permettre à la compagnie pétrolière américaine de mener des activités d’exploration en Algérie. Selon le prestigieux média américain, Chevron a dépêché ses représentants à Alger et mandaté des diplomates américains afin de rencontrer des responsables du secteur de l’énergie, en Algérie, en vue de concrétiser ses ambitions sur le marché algérien, écrit «The Wall Street Journal», repris par l’agence de presse Reuters. Apparemment, l’Algérie fait partie d’une short liste de pays dans lesquels la compagnie américaine envisage d’investir cette année, recentrant ses investissements dans les pays à fort potentiel pétrolier et gazier. Dans ces pays sélectionnés par les responsables de Chevron, et qui se compte sur les doigts d’une seule main, la major américaine entend injecter 17 milliards de dollars dans des projets énergétiques courant 2023. Durant la même journée, soit lundi, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab a reçu, à Alger, l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique en Algérie, Elizabeth Moore Aubin, avec laquelle il a abordé les relations bilatérales dans le domaine de l’énergie et des mines, ainsi que les perspectives de leur renforcement, peut-on lire dans un communiqué diffusé par le ministère.
Les discussions de cette entrevue ont tourné autour des «opportunités d’investissement et les échanges d’expérience entre les deux pays dans le domaine des hydrocarbures, les énergies nouvelles et renouvelables, ainsi que dans le domaine des mines». Le ministre de l’Energie et des mines a mis à profit cette occasion pour inviter les compagnies américaines «à investir dans le domaine minier en Algérie et de créer des partenariats avec les entreprises algériennes mutuellement bénéfiques avec un transfert du savoir-faire et la formation». L’intérêt de l’implantation de Chevron en Algérie est triple ; la vocation du groupe n’est plus d’investir massivement dans les projets pétroliers et gaziers et dans le rachat d’actions et d’actif, mais, depuis peu, la compagnie a commencé à investir des milliards de dollars dans des projets d’énergies renouvelables et dans le rachat d’entreprises spécialisées dans les énergies nouvelles. Ainsi, d’une pierre deux coups, l’Algérie pourrait profiter des gros engagements de Chevron dans le secteur pétrolier et gazier, notamment dans les projets de recherche et prospection, mais aussi de l’expérience du géant américain et son intérêt pour les énergies renouvelables, dont l’Algérie en fait désormais un axe central de sa nouvelle politique énergétique. Mieux, l’implantation de Chevron en Algérie susciterait de l’intérêt chez d’autres compagnies, comme c’est le cas pour le partenariat stratégique qu’entretient Sonatrach et ENI. Le groupe italien et le chinois SINOPEC ont été les deux premières compagnies partenaires de Sonatrach à signer des accords sous l’égide de la loi n° 19-13 régissant les activités d’hydrocarbures. Si les pourparlers avec l’américain Chevron venaient à se concrétiser, la compagnie serait probablement la troisième à conclure des accords dans le cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures qui, rappelons-le, offre d’importants avantages aux partenaires développant des projets pétroliers et gaziers en Algérie. Le fait que l’Algérie figure dans une short liste de pays où Chevron entend investir cette année est la preuve on ne peut plus franche du grand intérêt qu’accorde la compagnie américaine au domaine minier national. Pour l’Algérie, l’intérêt de capter des groupes comme Chevron est de rassurer, d’abord, si besoin il y a, d’autres majors quant à l’attractivité du domaine minier national et à la stabilité juridique et aux avantages qu’offre la nouvelle loi sur les hydrocarbures, mais aussi d’accélérer, grâce aux partenariats, dans le renouvellement des réserves, dans les nouvelles découvertes ainsi que dans le développement de nouveaux projets pétroliers et gaziers. Après plusieurs années de crise, qui s’était traduite par l’échec des derniers appels d’offres, le secteur des hydrocarbures retrouve la dynamique tant recherchée et compte désormais sur la nouvelle loi pour se projeter sur de nouvelles perspectives de croissance. Les deux dernières années 2021-2022 ont été marquées par une forte dynamique aussi bien en production qu’à l’exportation.
L’Algérie s’installe désormais confortablement sur la troisième marche du podium des principaux fournisseurs de l’Europe en gaz, talonnant ainsi la Russie et la Norvège, mais demeure le principal fournisseur de l’Italie et d’Espagne en gaz. La quête de l’Europe pour la diversification de ses fournisseurs a fait que l’Algérie est, à nouveau, mise en avant en tant que source fiable et capable de fournir davantage de quantités à destination de l’Europe. Pour l’Algérie, ses efforts doivent être accompagnés, côté Europe, par une visibilité sur la demande et les prix à moyen et long termes. n