Même si la campagne de vaccination a été renforcée, cela reste en deçà des aspirations car il s’agit de vacciner le maximum de citoyens possible notamment en prévision de la rentrée sociale le mois prochain, synonyme de grande mobilité des personnes avec les retours de congé, ainsi que les rentrées scolaire et universitaire.
PAR INES DALI
Ce qui peut signifier une grande circulation du Covid-19 et de son variant Delta qui a tristement ravi la vedette à la souche-mère, causant plus de cas grave sous oxygène et plus de décès.
Pour ce faire, les quantités d’anticoronavirus continuent d’arriver régulièrement pour assurer une continuité de la vaccination, d’autant que la population a montré un engouement, surtout après que les contaminations quotidiennes aient dépassé 1000 cas par jour et ont frôlé de très près les 2000 cas. Dans le cadre de cette lutte continue contre la pandémie de Covid-19, il est attendu que l’Algérie réceptionne 3 millions de doses de vaccin dimanche prochain. Cette annonce a été faite par le directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), Dr Fawzi Derrar, pour lequel une accélération de la vaccination est le seul moyen à même de garantir une rentrée sociale sereine.
«La campagne vaccinale est amorcée et, maintenant, il s’agit d’aller plus vite, d’autant plus que le vaccin est disponible et il sera disponible de plus en plus en terme de quantités. Il faut aller très vite, parce que chaque personne vaccinée est un gain et nous rapproche de plus en plus de l’immunité collective qui est notre objectif majeur pour les mois à venir», a déclaré Dr Derrar, qui est également membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du nouveau coronavirus.
Détaillant un peu plus la disponibilité des antidotes, il a indiqué que «jusqu’à l’heure actuelle, on est à un contrat de 17 millions de doses avec le fabricant du vaccin chinois (Sinovac), et nous sommes progressivement en train de les recevoir. Nous avons déjà reçu pratiquement 8 millions de doses, en plus des doses de vaccins qui étaient disponibles comme l’AstraZeneca et le Spoutnik V». C’est, ainsi, que «l’Invité de la rédaction de la Chaine 3» de la Radio nationale a révélé que l’Algérie va «recevoir ce mois-ci 9 millions de doses, dont 3 millions de doses seront réceptionnées dimanche prochain». Ce qui est, a-t-il estimé, «très considérable» en ce sens que cela «peut aider à accélérer réellement la campagne de vaccination au mois d’août».
Pour lui, il est essentiel que la vaccination atteigne un taux important à la rentrée. Sur ce point, il est utile de rappeler que le Pr Kamel Senhadji, premier responsable de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, a estimé qu’il faut arriver à vacciner 400.000 personnes par jour pour atteindre une immunité collective de 50% au début de l’automne.
Un avis que partage le directeur général de l’IPA, même s’il n’avance pas le nombre de vaccinés par jour à atteindre. L’Algérie s’est fixé l’objectif de 70% d’immunité collective à la fin de l’année et pour le Dr Derrar, «c’est un taux projeté pour fin 2021 et on ne va pas rester sur cela», a-t-il estimé. «Il faut déjà tout faire pour avoir une rentrée sociale avec un taux de vaccination très satisfaisant. Il faut atteindre très vite un taux de 50%, parce c’est le taux qui va, normalement, commencer à enclencher une immunité collective. Il faut garder le cap sur ces 50% pour arriver par la suite à 75% ou un taux qui va nous permettre de passer un peu l’hiver au chaud», a-t-il tenu à souligner, pour dire qu’il y a urgence car le variant Delta n’attend pas.
Le Delta prédomine à hauteur de 92%
A propos du variant Delta, sa proportion dans les cas de contaminations a continué à augmenter en Algérie. Il représentait «92% du total des contaminations. On se rapproche de 100%», selon une étude de l’IPA révélée par son directeur général. La précédente étude, arrêtée au 15 juillet, faisait état d’un taux de 71%. Ce qui est absolument inquiétant vu que ce variant, connu pour sa grande vitesse de propagation et sa grande contagiosité, s’attaque directement à l’appareil respiratoire et que sa période d’incubation est nettement inférieure à celle de la souche-mère, soit trois à cinq jours seulement, selon les spécialistes. Cette troisième vague est finalement devenue réellement «une vague de variants», pour paraphraser des spécialistes qui avaient mis en garde contre le relâchement après l’apparition des souches mutantes en Algérie. Le variant Delta est venu compliquer la situation pandémique du pays en étant à l’origine de la saturation des services Covid et de réanimation et, surtout, en ayant causé des milliers de cas graves nécessitant une oxygénation, ce qui provoqué de graves tensions sur cette matière. La vaccination, s’accordent à dire les professionnels de la santé, est «la seule arme contre ce virus de destruction massive». Vacciner le plus grand nombre de personnes en un minimum de temps devient, donc, indispensable, car «l’épidémie du Covid-19 qu’on vit actuellement est quasiment due au variant Delta», a confirmé le Dr Derrar, alertant que cette troisième vague est «un avertissement pour ce qui va venir». Pour lui, il est extrêmement important de vacciner vite pour essayer d’éviter d’autres vagues qui pourraient être aussi meurtrières.
Même si l’Algérie prévoit le lancement de la production des anti-Covid-19 en septembre prochain, au niveau du site de Constantine, le directeur général de l’IPA estime que la production locale est «très stratégique», mais il ne faut pas attendre jusque-là pour continuer à vacciner le maximum de citoyens, car il faut agir en prévision de la rentrée sociale. «Nous n’attendrons pas jusqu’à septembre car il y a urgence en la matière. Nous réfléchissons à court terme, c’est-à-dire pour ce mois d’août et septembre avant d’arriver à ce délai-là (celui de la production, ndlr)», a-t-il dit.
Vigilance même après la vaccination
Il a, toutefois, mis en garde contre l’abandon des mesures de prévention, affirmant qu’il y a des cas de récidive des contaminations après la vaccination, comme cela a été constaté dans d’autres pays. Usant de pédagogie, il a expliqué qu’après la vaccination, il va falloir «attendre un mois ou un mois et demi pour que cette immunité collective puisse s’installer. Et d’ici là, on ne peut pas compter uniquement sur la vaccination». D’où, a-t-il soutenu, il est «très important de maintenir les mesures barrières en attendant que cette immunité collective s’installe». Il explique encore qu’une personne vaccinée aujourd’hui reste un sujet à risque pendant la durée de l’installation de l’immunité vaccinale. Il a donné l’exemple des Etats-Unis et du Royaume-Uni qui sont en train de revenir au port du masque alors qu’ils ont bien avancé dans la vaccination, car «une personne vaccinée reste également contagieuse lorsqu’elle attrape le virus, surtout que c’est le variant Delta qui prédomine y compris dans ces pays». C’est pour cela, a-t-il insisté, qu’il faut absolument continuer à se conformer aux gestes barrières.
Accélérer la vaccination passe également par la mobilisation du personnel médical et paramédical du secteur privé, des pharmaciens, et tous les autres corps qui existent à travers le pays. Des réunions ont été tenues sur ce registre avec les parties concernées, dont la Protection civile, selon Dr Derrar. A ce titre, on notera que ce corps participe à la vaccination de masse depuis la mi-juillet. Entre 15.000 et 20.000 personnes sont vaccinées quotidiennement à travers 20 wilayas du pays par ses équipes médicales. La direction générale de la Protection civile (DGPC) a mobilisé 200 médecins pour cette opération et compte doubler le nombre de wilayas ciblées à partir de la semaine prochaine. Rien que dans la capitale, selon le médecin lieutenant-colonel Mohand Amar Benabdesslam, sous-directeur du secours médicalisé à la DGPC, ce sont entre 2.000 et 3.500 personnes qui sont vaccinées quotidiennement par le staff médical de la Protection civile.