PAR NAZIM BRAHIMI
Israël a essuyé un revers à l’occasion du premier jour des travaux du 36e Sommet de l’Union africaine.
La diplomate Sharon Bar-lii a été en effet interdite d’assister à l’ouverture du Sommet après que la Commission africaine a annulé l’invitation qu’elle avait envoyée à Israël pour assister à l’ouverture du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union, qui s’est déroulée hier à Addis-Abeba, en Ethiopie.
Cette décision fait suite aux pressions exercées par l’Algérie, l’Afrique du Sud et le Nigeria pour empêcher Israël d’assister à toute activité lors du sommet, selon des sources diplomatiques au sein de l’organisation panafricaine. Ce qu’a confirmé le ministre israélien des affaires étrangères, repris par l’agence française AFP, qui a «dénoncé cette expulsion».
En 2022, l’UA n’était pas parvenue à clore ses discussions sur l’accréditation controversée d’Israël en tant que pays observateur, statut farouchement contesté par l’Algérie et l’Afrique du Sud, alors que l’UA n’a pas indiqué si la question allait être débattue au sommet cette année.
Une vidéo mise en ligne hier montre des membres de la sécurité escorter Sharon Bar-li, directrice générale adjointe du ministère israélien des Affaires étrangères pour l’Afrique, hors du sommet.
Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’UA, a expliqué à l’AFP qu’une personne avait été «invitée à quitter les lieux» parce qu’elle n’était pas invitée à cette réunion.
L’UA avait adressé une invitation unique à l’ambassadeur d’Israël auprès de l’UA, Aleli Admasu, et cette invitation ne pouvait être utilisée par personne d’autre, a-t-elle poursuivi.
Il est «regrettable que la personne en question ait abusé de cette faveur», a conclu Mme Kalondo, mais pour un porte-parole de la diplomatie israélienne, cette expulsion reste «grave» car Mme Bar-li avait «une accréditation en bonne et due forme en qualité d’observateur».
Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, a rétorqué, pour sa part, qu’Israël devait «étayer ses accusations» en référence aux déclarations belliqueuses du ministre israélien des Affaires étrangères qui a accusé l’Iran d’être derrière cette «grave» mesure avec «la complicité» de l’Algérie et de l’Afrique du Sud..
En 2021, le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki, avait décidé d’accréditer Israël et depuis l’organisation n’a cessé de repousser l’éventualité d’un vote à ce sujet qui, selon des analystes, aurait pu provoquer une scission sans précédent depuis la création de l’organisation panafricaine.
«Tous les pays arabes et africains membres de la Ligue arabe et de l’UA, de la Mauritanie jusqu’à l’Egypte, ont été contre l’octroi du statut d’observateur à Israël à l’exception du Royaume du Maroc qui a mené campagne en faveur de ce statut», avait déploré, novembre 2021, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra.
Critiquant la décision du président de la Commission de l’Union africaine d’accorder ce statut à Israël, le ministre a indiqué que ce dernier «n’avait pas le droit de mettre en péril l’unité de son organisation sur une question politiquement sensible sans le bénéfice de consultations préalables».
M. Lamamra a expliqué alors que «c’est la mécanique institutionnelle qui est un facteur important, il s’agit d’Israël dont le comportement n’est pas conforme aux buts et principes de l’Union africaine».
Le sommet de l’Union africaine de 2022 a rejeté un projet de décision permettant d’accorder à l’entité sioniste la qualité honorifique de «Pays observateur». n