Par Bouzid Chalabi
La réalisation d’un projet de production de lait infantile, comme envisagée par le ministère de l’Industrie, n’a rien de fortuit si l’on tient compte du nombre de naissances qu’enregistre chaque année l’Algérie. Il frôle le million dont il faut assurer la demande au prix d’une facture d’importation des plus élevées en raison de la forte hausse du prix de ce dérivé. Raison pour laquelle, ce projet revêt un caractère « stratégique et sensible», comme l’a attesté le ministre de l’Industrie Ahmed Zeghdar, lors d’une réunion de concertation avec les secteurs et organismes concernés par le projet suscité qu’il a présidé mardi dernier. C’est ce que rapporte un communiqué du ministère rendu public hier. On apprend que cette réunion de concertation s’inscrit dans le cadre des consultations avec les parties prenantes afin de fixer les contours du projet.
A cet effet, selon cette même source, le ministre a souligné que le marché national avait besoin d’investir dans ce domaine vital et de remplacer le lait en poudre importé des pays européens par un produit fabriqué localement. Le lait infantile est un produit industriel auquel « il faut accorder toute la priorité si l’on veut se libérer de notre forte dépendance en poudre de lait importée », a-t-il indiqué. Toujours à propos de ce projet, de nombreux consultants dans le domaine considèrent qu’il est des plus importants « compte tenu des sommes en devises étrangères que consacrent annuellement les pouvoirs publics aux besoins d’importation de lait infantile, boosté de la sorte par un taux de natalité élevé, soit 23,8 naissances par 1 000 habitants. En clair, la barre des naissances reste scotchée à près du million de naissances par an ».
Abondant dans ce sens, « cela veut dire qu’à ce rythme et sur la base des cours mondiaux de la poudre de lait, la facture d’importation du pays risque de s’alourdir fortement. C’est pourquoi le pays a tout intérêt à se doter d’un complexe dans la production de la poudre de lait et d’autres dérivés notamment le lait infantile », arguent-ils.
Il est clair que la mise en œuvre d’un tel projet n’est pas sans réunir des conditions incontournables « et auxquelles il faudra apporter toute l’attention possible pour les besoins d’une marche pérenne de ce futur complexe intégré, notamment le volet approvisionnement en lait cru en quantité quotidienne suffisante pour pouvoir atteindre des capacités de production à même de répondre en grande partie aux besoins de consommation du pays », estiment des experts en production animale. Comme d’autres restent convaincus qu’un tel projet « revêt un caractère important au vu de son impact en matière de résolution des insuffisances de notre filière ». Dans ce contexte, ces derniers préconisent en outre l’utilité pour cette nouvelle usine d’adopter, dès le lancement de sa phase opérationnelle, une politique d’approvisionnement à long terme en lait local « en recourant à des contrats à long terme » avec les producteurs de lait cru, dans le but d’éviter progressivement l’obligation d’utiliser la poudre importée pour la production du lait et dérivés. C’est ce qui est attendu une fois l’entrée en production du futur complexe intégré. Pour l’heure, il s’agira de se pencher à améliorer la contribution de la production locale dans les besoins du pays qui n’est que de 35% pour la faire passer à au moins 80%. n