A la surprise générale, la visite à Tizi Ouzou du Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, n’a pas eu lieu ce mardi 21 décembre.
PAR NAZIM B.
Son report à «une date ultérieure», tel que signifié la veille, soit lundi en fin de journée, par la cellule de communication de la Wilaya aux journalistes, peut manifestement être lue comme un signe d’impréparation pour une sortie du chef de l’Exécutif qui a subi déjà un premier report dans la mesure où elle devait avoir lieu le 14 décembre en cours.
Fortement attendue au vu du retard qu’accuse la wilaya en matière de développement local, mais aussi de la gestion par les autorités des conséquences énormes des incendies, qui ont ravagé l’été dernier plusieurs localités, la visite du Premier ministre devait être une étape importante. Mais les citoyens touchés par les incendies, notamment les agriculteurs, doivent s’armer encore de patience, particulièrement ceux qui n’ont pas encore été indemnisés. A l’évidence, si la visite du chef de l’Exécutif à la wilaya de Tizi Ouzou était inscrite dans l’agenda, c’est que les objectifs particulièrement socio-économiques ne manquent pas dans une wilaya où sont déplorés plusieurs retards touchant l’ensemble des secteurs d’activité, éducation, santé, agriculture, industrie, travaux publics, transports, culture et loisirs…
Preuve en est, qu’après ce second report, plusieurs directions de wilaya sont mises en état d’alerte pour accélérer certains travaux, notamment dans les six destinations prévues de la visite du Premier ministre et des membres de son gouvernement, apprend-on de sources locales, au moment où les représentants de la presse ont été invités à prendre part à la réunion de prise de contact du Wali avec les nouveaux P/APC, issus des élections locales anticipées du 27 novembre dernier. La cérémonie a eu lieu hier à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Mais, il va sans dire, que cette tergiversation des autorités locales est en relation étroite avec ce qui est censé avoir été fait depuis les engagements d’Aïmene Benabderrahmane à apporter le soutien de l’Etat aux victimes des incendies du mois d’août dernier. Benabderrahmane avait, faut-il le souligner, écouté les préoccupations des familles touchées par le sinistre auxquelles il avait assuré que «l’Etat était aux côtés des sinistrés» et que «tous les moyens ont été mobilisés pour leur prise en charge». Plus de quatre mois plus tard, les directions locales ainsi que les autres représentations ministérielles ne semblent pas avoir assaini tous les dossiers relatifs au sinistre qui a ravagé la région, pour passer à l’étape de l’indemnisation des victimes. Un constat qui ne peut être réduit à ce qui s’est passé dans la capitale du Djurdjura.
D’autant plus que des équipes spécialisées ont été dépêchées dans les communes des 26 wilayas touchées par les incendies afin d’entamer le recensement des personnes sinistrées et d’évaluer les dégâts occasionnés, avait affirmé l’Inspecteur central du ministère de l’Intérieur, Abdelaziz Dliba, dans le sillage des incendies. Ce dernier a expliqué que ces équipes sont composées d’agents administratifs et d’experts en contrôle technique et sont chargées notamment d’effectuer l’inventaire des biens mobiliers et immobiliers endommagés par les feux de forêt et de procéder par la suite à l’estimation des dégâts occasionnés. Le même responsable a relevé que les dossiers seront examinés au niveau de chaque daïra concernée puis de la wilaya, avant de les soumettre à la Commission nationale, tout en espérant que cette opération sera achevée «dans un délai raisonnable». Qu’en est-il aujourd’hui et qu’est-ce qui a été apporté aux victimes ? Pour sa part, la commission nationale a pour principale mission de réceptionner les dossiers des commissions de wilaya chargées de l’évaluation des dégâts (…) en associant les chefs de comité de village dans l’élaboration des listes des sinistrés qui bénéficieront du soutien total de l’Etat.
En ce qui concerne la question du développement local et des perspectives économiques à l’échelle régional, «la wilaya de Tizi Ouzou, contrairement à ce que l’on entend ici et là, est l’une des wilayas les plus pauvres et les plus en retard sur le plan du développement», soutient Belkacem Boukhrouf, enseignant à la faculté des sciences économiques à l’université de Tizi Ouzou. Pour ce dernier, le Premier ministre est attendu dans la wilaya de Tizi Ouzou en vue d’annoncer «des décisions concernant l’aménagement du territoire, l’infrastructure et l’encouragement de l’investissement public et privé productif», ajoutant que «la décennie noire puis les événements du Printemps noir ont provoqué un mouvement de délocalisation industrielle et économique sans précédent». De son côté, le président de l’APW reconduit, Youcef Aouchiche – que nous avons vainement tenté de joindre au téléphone – avait plaidé régulièrement pour «un véritable plan Marshall pour essayer de reconstruire tout ce qui a été détruit». «Depuis mon installation à la tête de l’APW, nous n’avons jamais cessé de demander un plan Marshall pour rattraper les retards en matière de développement des différents secteurs de la wilaya. Malheureusement, cela n’a pas été fait. Beaucoup d’argent dort dans les caisses du Trésor public sans que les projets soient lancés ou achevés», avait-il dit. n