Avec l’acquittement, hier, de Samir Belarbi, militant et activiste politique, la liste des détenus d’opinion rétablis dans leurs droits s’allonge et celle de ceux qui croupissent encore en prison se voit réduite. Arrêté et placé en détention provisoire le 17 septembre 2019 après la convocation du corps électoral pour la présidentielle du 12 décembre, Belarbi qui avait écopé, il y a une semaine, de trois ans de prison ferme, est désormais innocent et libre. Pourtant, les accusations étaient lourdes, lorsque l’on sait qu’il était poursuivi pour « atteinte à l’unité du territoire national » et « diffusion de tracts susceptibles de porter atteinte à l’intérêt national ».
D’aucuns auraient observé que, depuis des semaines, le sort des détenus d’opinion dont la cause est portée chaque vendredi et mardi par le Hirak à travers des pancartes et des banderoles qui, parfois, dépassent en nombre celles ayant trait au changement du système, se dirige vers la voie du règlement. Depuis janvier, lorsque pas moins de 76 jeunes porteurs de l’emblème amazigh ainsi que le commandant et moudjahid Lakhdar Bouregaâ avaient été libérés, de plus en plus de détenus se voient acquittés ou bénéficient de liberté provisoire. L’on peut citer, entre autres, les militants de l’association RAJ, Hakim Addad, Djalal Mokrani, Fouad Ouicher, Karim Boutata et Nacim Ould-Ouali.
C’est dire du saut que la justice aura fait dans le traitement de ces dossiers comparativement à la période pré-électorale où l’on mettait les gens en prison suivant des ordres contenus dans des discours officiels. La libération de
Samir Belarbi intervient au lendemain d’une autre affaire où un journaliste, qui encourait la prison, a finalement bénéficié de l’acquittement. Il s’agit de Mustapha Bendjama, rédacteur en chef du journal Le Provincial, libéré dimanche par le tribunal de Annaba. Le Procureur de la République avait requis six mois de prison ferme et 50 000 dinars d’amende.

Un engagement de Tebboune
Il va sans dire ainsi que l’on est devant un dossier qui, graduellement, trouve son chemin vers le règlement. Certes, il faut attendre les procès prévus dans quelques jours de Karim Tabbou et de Fodhil Boumala, ceux aussi de Abdelouahab Fersaoui, président de RAJ, et de l’activiste Brahim Lalami, mais force est de constater que le pouvoir tente d’apaiser la tension née de ces arrestations ayant ciblé des figures du Hirak.
Il s’agit là d’une promesse du chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, faite le jour de sa prestation de serment. Tebboune, s’était engagé, lors d’une conférence de presse, à libérer ceux qui ont été emprisonnés injustement et avait déclaré qu’« en Algérie, personne ne sera désormais opprimé ». Beaucoup d’observateurs voient donc un début de concrétisation des promesses du Président qui, faut-il le signaler, est le premier magistrat du pays selon l’actuelle Constitution.
Il est utile de rappeler sur ce registre que le chef de l’Etat, qui a lancé des consultations avec des personnalités et partis politiques, a écouté les propositions des uns et des autres même lorsqu’il s’agit d’idées portées par le Hirak. Ainsi, les personnalités reçues à la présidence dans le cadre des consultations autour de la révision de la Constitution et pour échanger dans un débat autour de la situation du pays, ont toutes insisté sur la nécessité de multiplier les gestes d’apaisement. La libération des détenus d’opinion en est l’un d’eux. Abdelaziz Rahabi avait d’ailleurs déclaré au lendemain de la libération de Bouregaâ qu’il s’agissait d’un « signe positif qui pourrait participer à la mise en place des mesures de confiance et d’apaisement sans lesquelles aucune sortie de crise ne peut être valablement envisagée ».

Instaurer la confiance
Djilali Soufiane, président de Jil Jadid, tout comme Ahmed Benbitour, ancien chef du gouvernement, pour ne citer que ceux-là, avaient insisté lors de leurs entrevues avec Tebboune, sur la libération des détenus d’opinion injustement incarcérés, pour regagner la confiance des Algériennes et des Algériens. Cette revendication est aussi adoptée par les partis les plus récalcitrants à répondre à l’appel au dialogue du Président Tebboune, les forces du PAD en l’occurrence.
Et ce n’est qu’en accédant à ce genre de demandes que le pouvoir en place montre les signes d’une réelle volonté d’aller vers un règlement sérieux de la crise via le dialogue et le consensus. Gagner la confiance des partenaires politiques et asseoir un climat apaisé de négociations sont les premières conditions d’une transition apaisée vers l’instauration de la démocratie. Reste à savoir si l’acquittement de Samir Belabri sera suivi de celui de Tabbou, Boumala, Fersaoui, Lalami…<