Encore une fois, le Tribunal militaire de Blida rejette la demande de mise en liberté provisoire de Louisa Hanoune. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) restera en détention jusqu’à nouvel ordre. Son incarcération entre désormais dans le troisième mois, au moment où la mobilisation de son parti et du Comité de soutien qui s’est constitué autour d’elle se poursuit.
«Le Tribunal militaire de Blida vient de rejeter en ce jour lundi 15 juillet 2019, pour la troisième fois, la demande de liberté provisoire formulée par le collectif d’avocats de Louisa Hanoune, première cheffe d’un parti politique à être emprisonnée pour ses positions politiques depuis la fin de la tragédie nationale », a écrit hier le secrétariat permanent du Bureau politique du PT, dans un communiqué, rappelant que Mme Hanoune est une « détenue politique, arbitrairement arrêtée et écrouée depuis le 9 mai ».
Ce rejet est le troisième, puisque deux demandes formulées par le collectif des avocats de la défense, le 20 mai puis le 23 juin, ont déjà été refusées par la justice militaire. Le PT s’est insurgé contre une « injustice » qui, selon lui, « doit cesser ». En effet, le parti estime, comme l’ont indiqué ses avocats, que sa secrétaire générale « présente toutes les garanties pour être en liberté provisoire et rester à la disposition de la justice ». « Aucune raison n’est valable pour justifier son maintien en détention provisoire qui devient de fait une condamnation provisoire puisqu’elle est privée de liberté et de ses droits politiques et civiques depuis 68 jours », assène le secrétariat permanent du Bureau politique du PT, pour qui le maintien de Louisa Hanoune en prison « s’inscrit dans la nouvelle offensive des autorités contre la démocratie et les libertés ». Plus que ça, le parti va jusqu’à faire le lien entre cette détention et celle du moudjahid Lakhdar Bouragaâ et des dizaines de détenus d’opinion, lesquelles « annoncent un tournant dans la nouvelle ère ouverte le 9 mai dernier avec son incarcération ».
PT : « Cette injustice doit cesser » !
Malgré la réponse négative du Tribunal militaire, la mobilisation en faveur de la passionaria du PT ne va pas s’arrêter. Le secrétariat permanent du Bureau politique du PT annonce que le parti ainsi que le Comité national pour la libération de Louisa Hanoune « se réuniront incessamment pour étudier les voies et moyens pour renforcer et élargir la mobilisation sur le terrain de la démocratie pour exiger et obtenir (sa) libération immédiate et inconditionnelle ».
Accusée de «complot» contre l’Etat et l’armée et poursuivie pour «atteinte à l’autorité de l’armée» et «complot contre l’autorité de l’Etat», la première dame du PT s’était présentée le 9 mai au Tribunal de Blida comme témoin dans l’affaire impliquant le frère cadet du président déchu, Saïd Bouteflika, le général Athmane Tartag, dit Bachir, et le général Mohammed Médiene, dit Toufik. Mais, le jour même, elle sera placée sous mandat de dépôt dans un scénario auquel elle s’attendait. « Louisa Hanoune s’attendait à ce qu’elle soit arrêtée. Elle a fait des lectures politiques. Elle avait préparé ses médicaments », avait indiqué Ramdane Tazibt, deux jours après son incarcération. Une démarche qui, selon lui, était venue en couronnement à un conditionnement de l’opinion.
« Ils ont préparé l’opinion. Louisa Hanoune avait été attaquée par des mouches électroniques dans un langage difficile à reproduire, un langage misogyne, diffamatoire… Juste après ses dernières déclarations, où elle s’était exprimée sur le fait que l’armée ne doit pas s’immiscer dans la politique et que la seule transition c’est d’aller à une constituante, on a enregistré 191 000 attaques électroniques (…) », avait soutenu le député démissionnaire. Plusieurs partis politiques ont exprimé leur soutien à Mme Hanoune et appelé à sa libération. La mobilisation en faveur de sa remise en liberté a dépassé les frontières de l’Algérie. Des militants, des personnalités et des organisations de pas moins de 80 pays ont tenu à lui apporter leur soutien. Ses avocats, notamment Boudjemaâ Ghechir, ont à maintes reprises alerté contre son état de santé. Selon lui, Louisa Hanoune souffre d’au moins quatre maladies chroniques. « Son état de santé se détériore dangereusement et ce, malgré la prise en charge médicale assurée par les médecins de la prison. Outre les médicaments, elle a besoin d’un régime alimentaire strict et d’une surveillance médicale continue», a déjà prévenu Maître Ghechir.