A l’occasion de la parution du premier numéro de la revue de critique littéraire, «Fassl», qui consacre un dossier à l’autofiction (après un numéro 00 dédié à la littérature algérienne des années 1990), une rencontre portant sur ce thème a été organisée, samedi dernier, à la Librairie L’Arbre à dires de Sidi-Yahia (Alger).
Modérée par Maya Ouabadi, fondatrice de «Fassl», cette rencontre a réuni l’écrivain et journaliste Mustapha Benfodil, la poétesse et autrice Lamis Saidi, et l’auteur, journaliste et traducteur Salah Badis, qui sont revenus sur leurs parcours et ont abordé leurs rapports à la fiction et la manière dont ils se projetaient dans l’autofiction. Interrogeant le thème et reprenant la définition de Serge Doubrovsky (de 1977), la modératrice a fait part de la «complexité» du concept d’autofiction, tout en situant son originalité sinon sa particularité dans «le style et la recherche stylistique». Les trois intervenants à cette rencontre assument le «je» mais le déclinent, cependant, de différentes manières, chacun selon ses obsessions, questionnements, voire enjeux. Poétesse, Lamis Saidi a préféré le genre du roman pour écrire «La Chambre 102». A la suite du décès de son père, en 2015, et même avant, elle a commencé à écrire un texte qu’elle a repris, par la suite en utilisant le «je». «Je me suis retrouvée à écrire une technique que je n’avais pas utilisé auparavant, et je me suis mise à rassembler aussi des choses réelles, je ne me cachais plus derrière les métaphores et les images poétiques pour raconter des choses réelles. C’est la mort qui m’a ramené à ce rapport très basique de la langue qui est de raconter. Mon premier réflexe était de parler de mon père, de garder ses traits, son parcours et personnalité à travers l’écriture», a-t-elle confiée. Pour sa part, Mustapha Benfodil a indiqué que sa démarche était traversée par «l’intime et le collectif», et ce, «en racont[ant] des personnages et en essay[ant] de rendre sa dignité au réel». Soulignant que dans son écriture, il y avait «plusieurs modalités», l’auteur de «Body Writing» a expliqué que dans ce roman, il y avait, à la fois, un «je» («une intériorité») et «il» («comme une caméra qui change de champ»), tout en insistant sur le fait qu’il ne prenait sa vie «comme un matériau pour être racontée dans un récit autobiographique». «Je suis très pudique par rapport à cette idée de se mettre en scène», dira-t-il. De son côté, Salah Badis, auteur dans ce nouveau numéro de «Fassl» d’un texte autofictionnel intitulé «Al-Maricane», est revenu (dans ce texte et lors de la rencontre) sur son expérience aux Etats-Unis, et précisément dans le cadre d’une résidence d’écriture à laquelle il a pris part. Il expliquera qu’il souhaitait questionner plusieurs notions dont celle du rapport entre l’autofiction, «la confession» et le fait de raconter l’intime.