Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ali Aoun, a donné, hier, le coup d’envoi de la première palette de stylos d’insuline destinés au marché algérien montés au niveau de l’usine de fabrication et de montage des stylos Flexpen insuline de l’entreprise danoise Novo Nordisk dans la zone industrielle de Boufarik à Blida.
Par Sihem Bounabi
A cette occasion, le ministre a souligné que le lancement de cette production «est un grand pas qui permet de réduire le prix de l’insuline et de faire des économies au niveau de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnas).
Précisant que cela permettrait une réduction de 45 millions d’euros de la facture d’importation et des économies pour la Cnas, qui s’élèveraient à 17 millions d’euros. Estimant toutefois que c’est une «réussite» après de nombreuses péripéties» pour que ce projet voit enfin le jour, Ali Aoun a affirmé que la vigilance était de mise à travers un suivi quotidien pour la finalisation de ce projet, mettant en exergue que «ce produit est tellement essentiel dans le schéma thérapeutique des diabétiques que nous ne pouvons nous permettre un flop quelque part».
Ali Aoun a assuré qu’une fois que le projet entièrement terminé, cette nouvelle usine, réalisée par le géant danois Novo Nordisk, qui produit la moitié de la demande mondiale en insuline, dispose d’une capacité de production annuelle de 45 millions de stylos d’insuline. Dans ce sillage, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a également annoncé le lancement de la production d’insuline dès la semaine prochaine, ou au plus tard à la fin du mois de janvier, d’une deuxième unité de production de stylos d’insuline dans la zone industrielle d’Oued Smar à Alger.
«Ceci dans l’objectif de satisfaire autour de 50% des besoins du marché algérien en insuline avec une production locale et à des prix abordables au courant de cette année et atteindre les 100% en 2024», a-t-il affirmé.
Lors de cette visite, interrogé sur le retard du lancement de la production locale d’insuline par Novo Disk, Ali Aoun a révélé que l’usine d’insuline de Boufarik a accumulé un retard de quatre années car «certains responsables algériens et danois ont manigancé pour retarder le lancement de la production locale d’insuline, il y avait en jeu des intérêts financiers pour les uns et à poursuivre l’importation pour les autres»
Il a ajouté dans ce sillage que la question qui se pose également est «pourquoi l’usine d’insuline de Constantine, qui couvrait tous les hôpitaux, a-t-elle été arrêtée il y a 10 ans ?», martelant que «nous allons tout révéler bientôt et les responsables seront sanctionnés».
Par ailleurs, lors de sa visite sur le site de l’unité de distribution du groupe pharmaceutique Saidal, le ministre a donné plusieurs instructions teintées d’avertissement pour améliorer la distribution des médicaments de manière équitable sur tout le territoire national, mettre fin au détournement des produits d’oncologie vers les cliniques privées et revoir l’organisation et la révision de la grille des salaires du groupe pharmaceutique public.
Grosse charge contre Saïdal
En effet, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a publiquement dénoncé le détournement de produits d’oncologie destinés aux hôpitaux publics vers les cliniques privées : «J’ai donné des instructions pour arrêter de distribuer des médicaments pour le traitement des cancéreux aux cliniques privées et là j’apprends que cela perdure. C’est une faute très grave !» Annonçant qu’une enquête est ouverte et que le responsable de Saidal qui continue à vendre aux cliniques privées sera sanctionné.
Ali Aoun a réitéré ses instructions fermes en s’exclamant face aux cadres de Saidal : «Arrêtez de vendre aux cliniques privées alors que les malades dans les hôpitaux publics attendent leur traitement. C’est honteux ! L’hôpital public passe avant tout le monde, ce sont des deniers publics destinés au traitement des cancéreux dans les hôpitaux publics».
Il a également lancé des instructions fermes pour la relance effective du groupe Saidal conformément aux directives du président de la République en soulignant que le groupe «Saidal doit être la locomotive de l’industrie pharmaceutique en Algérie».
Il a martelé face aux cadres et la PDG du groupe Saidal présents que «l’échec n’est pas permis et je m’adresse spécialement aux top de management car, à part quelques éléments, tout le reste n’est pas à sa place». Et s’adressant directement à la PDG de Saidal : «J’ai donné plusieurs instructions pour relever de leur fonction certains cadres incompétents car on n’a pas de temps à perdre» et «si vous les maintenez à leur poste, c’est vous qui risquiez de partir avec eux» assénant que «c’est le dernier avertissement que je vous donne».
Le ministre a également appelé à la mise en place d’une nouvelle grille des salaires pour le groupe Saidal commentant qu’«il y a trop d’injustice entre un directeur central et un travailleur dans le magasin». Ajoutant : «Je vous invite à faire passer rapidement la nouvelle organisation et la nouvelle grille des salaires avec son application avant la fin mars,»
Ali Aoun a ainsi donné un ultimatum jusqu’à la fin mars pour améliorer la production, la distribution, la grille des salaires et l’organisation du groupe Saidal.