Depuis combien d’années la généralisation des TPE (Terminal de paiement électronique) est brandie comme un étendard par les différents gouvernements ! Trop longtemps, c’est évident et, au bout sur le terrain, des «miettes» éparpillées dans quelques niches. Les chiffres sont là, significatifs de l’ampleur du retard enregistré.
Le dernier rapport du GIE Monétique donne un aperçu du gouffre – et le mot n’est pas assez fort. Le nombre de commerçants, en juin dernier, qui se sont dotés de l’appareil, donc du TPE, en Algérie, est de près de 38 500 – exactement 38 422. Si on devait se fier aux fanfaronnades des officiels, c’est tout de même une augmentation de 28,37% par rapport à l’année précédente. Quel exploit ! Une hausse comparée à une période, dont l’activité commerciale approchait plus le zéro qu’un nombre à deux chiffres. Parce que, et en utilisant le langage concret, le nombre des commerçants utilisant ce genre d’appareil est quasiment insignifiant. Les 38 500 représentent juste une honte pour tout responsable de cette opération. Pour avoir une idée de la différence, il faut juste mentionner qu’il y a en Algérie (officiellement), 2,15 millions de commerçants.
Ce détail dans le rapport du GIE Monétique est loin d’être anodin. Il suffit juste de fixer un peu ces données, sans cligner des yeux, pour voir au bout, la réalité. Cette dernière a plusieurs aspects, mais elle affiche au moins une vérité, celle de la volonté de persister dans un système que l’histoire a pourtant écarté de sa marche en avant. Le ratage de ce rendez-vous avec le paiement via les TPE est une manière, encore une, que nombreux sont ceux qui ne veulent pas de changement dans le pays. Persister dans le cash arrange ceux qui ont toujours profité des «failles», les corrupteurs et les corrompus et tous ceux qui s’agrippent à tout ce qui fait couler le pays dans le gouffre du sous-développement. C’est qu’utiliser les TPE, c’est laisser des traces de la provenance de son argent, c’est que les TPE c’est une étape vers le traçage de toute opération financière…
Un zoom sur un dossier qui peut paraître superflu et qui est, pourtant, une des nombreuses images des grands chantiers à réaliser dans ce pays. Le diable est dans les détails…

  • NB : Illustration de la couverture du livre « La généalogie de la morale » (collection Folio essais de l’éditeur Gallimard) du philosophe allemand Friedrich Nietzsche