Face à la recrudescence de la pandémie, dont les chiffres repartent dangereusement à la hausse, il était attendu que les frontières internationales devraient rester en l’état c’est-à-dire fermées jusqu’à nouvel ordre. Le Président de la République a ordonné le maintien de la fermeture des frontières terrestres, maritimes et aériennes «jusqu’à ce que Dieu nous libère de ce fléau».
Cette décision qui vient corroborer une situation inquiétante cadre allègrement avec le minimum de raison et de la responsabilité. L’Algérie, qui avait pris la décision de fermer ses frontières dès le début de la pandémie, se garde le droit d’user du maximum de prudence avant de procéder à l’ouverture. Alors que la Tunisie et l’Europe (avec lesquels l’Algérie a le plus de connexions) ont commencé à ouvrir de façon prudente leurs frontières afin de soulager notamment le secteur du tourisme brutalement frappé, l’évolution de la pandémie n’offrait pas les garanties nécessaires pour une réciprocité même partielle. L’Algérie ne pouvait évidemment pas procéder à l’ouverture des frontières extérieures alors que la pandémie a entamé une hausse pour le moins angoissante. Ce n’est évidemment guère le moment de mettre sous pression un état sanitaire déjà assez tendu. La prolongation de la fermeture des frontières devrait ainsi pousser un certain nombre de secteurs directement concernés à devoir attendre encore. Après des mois d’inactivité, certains devraient se retrouver dans une situation pour le moins délicate. La prolongation de fermeture des frontières afin de préserver la santé des citoyens risque surtout de compliquer la vie à beaucoup de secteurs. Les conséquences économiques de cet état d’enfermement sanitaire à l’instar d’autres pays devraient être multiples. En pleine saison estivale, d’habitude le cœur annuel de l’activité touristique et du voyage, la pause obligée pourrait être douloureuse au moment des bilans comptables.

Perspective floue
Depuis le 7 juin dernier, les agences de voyages ont été autorisées à reprendre leurs activités. Mais dans les faits, les opérateurs de la filière attendent une véritable relance pour pouvoir se remettre réellement au travail. Et tenter de sauver une saison qui semble surréaliste. La relation quasi indissociable du secteur du tourisme avec les secteurs du transport et la réouverture des frontières, étant telle que l’expectative est devenue la plus partagée au sein de ces activités.
La reprise semble encore une perspective floue. Air Algérie affirme attendre le feu vert des hautes autorités pour annoncer une remise en vol de ses appareils. La compagnie nationale qui a lancé une large opération de revalidation de ses billets devrait attendre encore en comptant les dégâts. Les lignes internationales permettaient chaque année un équilibre qui semble aujourd’hui sérieusement mis en difficulté. Similairement, le tourisme et le transport font partie des principaux secteurs victimes de la pandémie. L’Association internationale du transport aérien (Iata) prévoit que le secteur du transport aérien ne devrait pas retrouver son niveau de trafic d’avant la crise, avant 2023. Et le tourisme encaisse de fait le plus de pertes par le chiffre d’affaires et les bénéfices, les agences de voyages et les hôteliers ont été carrément «désactivés». Les agences de voyage, dont le tourisme domestique ne représente pas une source importante pour de multiples raisons, ont été fortement ébranlées. Ainsi la reprise du secteur touristique sera visiblement lente et en partie conditionnée justement par la reprise du transport aérien et d’abord l’ouverture des frontières, aujourd’hui reportée.
Pour ces secteurs, cette année 2020 est déjà déclarée comme une année noire. Un exercice dont les conséquences sur des milliers d’emplois pourraient être particulièrement difficiles. n