Il y a malaise chez les producteurs nationaux. L’année dernière a été très difficile pour eux. Pour venir à bout de cette situation, il faut que des mesures soient prises en urgence afin qu’ils puissent s’occuper de leurs activités de production en toute sérénité, selon le président de la CIPA qui recommande, entre autres, une stabilité juridique pour cinq ans au moins, un moratoire pour les entrepreneurs ainsi qu’une tripartite et d’autres mesures à même d’encourager l’acte d’investir et de produire. Une nouvelle dynamique est préconisée en toute urgence selon le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Abdelwahab Ziani, qui se montre optimiste pour l’année 2020 après «une année 2019 blanche». Mais loin d’afficher un optimisme béat, il met le doigt sur un élément qui fait le plus défaut actuellement dans l’acte d’investir, et par conséquent, de produire. Il affirme, à ce propos, que «les industriels algériens peuvent redresser l’économie nationale, pourvu que la confiance soit rétablie entre les industriels et les institutions». «Aujourd’hui, il y a des industriels et des économistes qui veulent redresser le pays pour peu qu’on leur donne la chance de le faire. Mais on doit revoir tous les mécanismes de suivi, de subvention, toutes les filières qui sont suffisantes ou non, celles qu’il faut protéger, celles qu’il faut libérer, celles qui doivent aller à l’export et, enfin, celles qui doivent produire chez nous», a-t-il déclaré, hier, sur les ondes de la Radio nationale. Il a donné l’exemple de la filière. Après avoir noté avec regret que certains aient critiqué la qualité des produits algériens, il déclare, cependant, que ces mêmes produits sont reconnus et appréciés à l’étranger. «Il faut faire confiance aux producteurs algériens. De notre côté, on peut montrer qu’on peut satisfaire notre pays. Il faut libérer l’économie avec les acteurs économiques qui sont présents sur notre marché». La première des choses qu’il a évoquée dans ce sens a trait à l’instabilité du cadre juridique. «La stabilité juridique est importante. Arrêtons de bafouer les lois et de les changer», a-t-il affirmé, avant de mettre l’accent sur le fait qu’il faut maintenant travailler dans l’urgence afin de stabiliser toutes les lois se rapportant à la production nationale». Pour M. Ziani, «il y a au moins un court terme de cinq ans pendant lesquelles les lois doivent être stables, car c’est cette stabilité qui permettra aux industriels de croire en leur marché. C’est très important de travailler sereinement, avec une stabilité qui doit vraiment donner confiance aux producteurs présents dans le pays aujourd’hui».
Mais là encore, il affirme qu’il est temps que les mentalités changent. «Il faut changer les esprits qui sont dans les administrations, car on peut avoir toutes les lois qu’il faut, mais sans textes d’application, on ne peut rien faire. On ne peut pas avancer», déplore le président de la CIPA, citant l’exemple de certaines filières agricoles qui font face à l’inexistence de textes d’application de certaines lois, ce qconstitue une véritable entrave pour les opérateurs.
Les industriels ont perdu l’équivalent de 5 ans de rentabilité en 2019
Il revient sur l’année dernière qu’il qualifie d’«année blanche pour les industriels algériens tout en ayant une redevance fiscale à honorer» et révèle qu’elle leur a fait perdre «l’équivalent de 5 ans de rentabilité». Ce qui est énorme. Pour corriger l’impact négatif qu’a eu l’année 2019, il préconise la sauvegarde des entreprises existantes en les faisant bénéficier d’un moratoire dans le domaine fiscal pour leur permettre de remonter la pente et participer activement à la construction d’une économie forte et durable indépendante des hydrocarbures. «Il faut un moratoire pour les entreprises qui ont un lourd investissement et qui n’arrivent pas à rembourser leurs crédits et à reprendre leurs marchés», a-t-il insisté.
C’est ainsi qu’il a lancé un appel à rétablir la confiance entre patrons et gouvernants et à œuvrer ensemble à redresser l’économie nationale. Et c’est dans ce cadre qu’il a, également, appelé à la tenue d’une tripartite entre le gouvernement, le patronat et les syndicats. «Il est très important que cette tripartite se tienne dans les plus brefs délais pour la mise en place d’une stratégie s’appuyant sur la valorisation des ressources nationales et du potentiel humain compétent afin de surmonter la crise économique», a suggéré M. Ziani, pour qui «l’impératif de créer le modèle économique algérien s’impose. «Pour réaliser le modèle économique algérien, il faut d’abord faire confiance aux entreprises algériennes, à leur tête les start-ups qui peuvent réduire de 50% la facture des importations qui se chiffrent à des dizaines de milliards de dollars par an».
Outre les start-ups, M. Ziani a donné l’exemple des PME-PMI qui doivent être soutenues davantage par les pouvoirs publics vu leur forte valeur ajoutée dans le processus de l’intégration nationale, comme il a souligné la nécessité de faire confiance aux entreprises algériennes sous-traitantes qui activent dans le domaine du BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique) appelant les autorités à «les faire bénéficier de marchés». Les pouvoirs publics sont également appelés à accompagner les porteurs de projets créateurs de richesses et d’emplois.