Par Sihem Bounabi
Face à la tendance baissière de la propagation de la Covid-19, depuis plusieurs semaines, le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie, chef de service du Laboratoire central de l’EPH de Rouiba, a déclaré, hier, qu’«il s’agit d’une transformation de la forme pandémique en forme endémique». Intervenant, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, il a fait part de la forte probabilité de la levée, dès la mi-mars, des restrictions des protocoles sanitaires à travers le monde, notamment l’obligation des tests PCR et du Pass vaccinal pour traverser les frontières.
Le Pr Kamel Djenouhat confie à ce sujet qu’Omicron est «une bénédiction», estimant qu’il représente un «vaccin naturel gratuit, obligatoire, efficace et durable dans le temps». Il explique ainsi : «Nous avons acquis une immunité collective à 90% par une infection naturelle qui protège mieux que le vaccin.». Il précise qu’il est arrivé à cette conclusion suite aux analyses en laboratoire des donneurs de sang, en estimant que c’est une des meilleures façons d’évaluer le taux d’immunité collective.
Concernant les re-contaminations, le Pr Kamel Djenouhat explique que pour le variant Omicron, qui compte près de 32 mutations au niveau de la protéine Spike, ciblée par les vaccins, ne fait pas la différence entre les sujets vaccinés et non vaccinés. Il cite ainsi le fait que sur 86% du personnel de l’EPH de Rouiba contaminés, 42% ont été ré-infectés.
Toutefois, il tient à souligner l’importance de l’apport du vaccin anti-covid, en expliquant que «les sujets vaccinés ont pu éviter les formes graves et même s’ils ont été hospitalisés, il y a eu très peu de décès». L’immunologue est également revenu sur «l’échec de la vaccination contre la Covid» étant donné que l’Algérie est bien loin de l’objectif de 70% de la population vaccinés.
Face au constat des risques à long terme, de complications cardio-vasculaires, rénales et pulmonaires des malades Covid, le Pr Djenouhat, se basant sur des récentes études scientifiques allemandes, a souligné l’importance d’«assurer un suivi des patients contaminés par la Covid afin de commencer à prendre des mesures préventives thérapeutiques».
Dans ce sillage, il a mis en exergue l’importance de mettre les mesures préventives au centre de la réforme hospitalière, notamment «en commençant par la base, soit au niveau des établissements scolaires», estimant que «c’est ce qui permet de combattre les fléaux qui peuvent être à l’origine des maladies chroniques». Le Pr Kamel Djenouhat souligne également que pour améliorer le système de santé national, il s’agit d’abord d’améliorer la relation entre le médical et l’administration en mettant fin à une dichotomie qui fragilise la gestion des hôpitaux. Il met également en exergue l’importance de l’augmentation des lits de réanimation, la nécessité de revisiter le système de gestion des structures de santé et leur modernisation afin d’assurer une meilleure qualité de la prise en charge des patients. Il souligne ainsi la nécessité d’aller vers «les centres de référence ou les pôles d’excellence» avec «cet esprit de généralisation et de modernisation des structures de santé à travers le territoire national». Il relève également l’importance d’améliorer les services des urgences en soulignant que «les urgences sont la vitrine des structures hospitalières d’où la nécessité de revoir le nombre de l’effectif, les listes de gardes et comment rentabiliser le personnel soignant au niveau des urgences».