PAR NAZIM BRAHIM
Jour de reprise des audiences dans les tribunaux et cours après une dizaine de jours de débrayage des robes noires entamé le 13 janvier et suspendu à l’issue de la rencontre, qui a réuni lundi le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, et les représentants de l’Union nationale de l’ordre des avocats (Unoa).
Cette reprise permettra donc la tenue de plusieurs procès et appels renvoyés à cause de la grève des avocats. Un retour au barreau qui sera marqué par le déroulement, entre autres, du procès d’Ali Ghediri qui devait se tenir hier, 26 janvier, dernier jour de la grève des avocats. Renvoyée de 24 heures, la chambre criminelle du tribunal de Dar El-Beïda se penchera donc aujourd’hui sur cette affaire dont l’accusé est un ancien officier de l’institution militaire.
Arrêté en juin 2019, Ali Ghediri est poursuivi pour « atteinte délibérée au moral de l’armée en temps de paix ». « Comment puis-je porter atteinte à une armée que j’ai servie durant 42 ans et dans laquelle travaillent beaucoup de mes proches », s’était-il défendu lors du procès. L’ancien général avait été condamné le 23 septembre 2021, par le tribunal de Dar El Beïda à 4 ans de prison pour « participation en temps de paix à une entreprise visant à fragiliser le moral de l’Armée nationale populaire ». Les autres charges, notamment «atteinte au moral de l’armée» et de «réunion de documents et d’informations et leur mise à la disposition d’agents étranger», avaient, quant à elles, été abandonnées par la Cour suprême.
Son co-accusé dans cette affaire, à savoir Hocine Gouasmi, poursuivi, lui, pour « faux et usage de faux », « usurpation d’identité », « intelligence avec l’étranger », et « fragilisation du moral de l’ANP », a été condamné à une peine de 10 ans de réclusion criminelle assortie de la privation de ses droits civiques.
Ghediri n’a pas pour autant abandonné la partie puisqu’il a continué à plaider son innocence aussi bien à travers le comité de soutien que par son collectif d’avocats. Dans une lettre rendue publique en juillet dernier, Ali Ghediri écrivait en ce sens qu’il était en «confinement politique», soulignant que « la raison aurait été sa décision de se porter candidat, mais aussi le contenu de son programme politique ».
«Tout ce que j’ai subi durant mon confinement politique à la prison a une seule source et une seule cause, à savoir ma candidature à l’élection présidentielle du 18 avril 2019, criminalisée volontairement sur la base de mon programme électoral», a-t-il dénoncé. Le collectif de défense de Ghediri a régulièrement mis en avant « le non-fondement de l’accusation », estimant qu’il s’agirait plutôt d’un « fourre-tout», considérant qu’«il n’y a aucun élément matériel qui la conforte et qu’elle est à l’encontre d’un ancien général major qui a toujours servi son pays en étant dans cette institution militaire et qui a toujours appelé à la souveraineté de cette institution».
Par ailleurs, il est attendu à ce que d’autres procès puissent se tenir dans les prochains jours dont celui de l’ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, renvoyé le 20 janvier en cours au 3 février prochain à cause également de la grève des avocats. L’ancienne ministre a été incarcérée à la prison d’El-Harrach après son arrestation le 4 novembre 2019 et son inculpation par la Cour suprême, en novembre de la même année, pour les charges de «dilapidation de l’argent public», «abus de fonction» et «octroi d’avantages indus». L’instruction de son affaire a été bouclée au mois de décembre, selon ses avocats, alors que la chambre d’accusation près la Cour d’Alger a rejeté six fois sa demande de libération provisoire.
En tout état de cause, la suspension de la grève des avocats promet une forte animation dans les tribunaux où comparaîtront de nombreux noms publics… n

L’examen du dossier de Mohcine Belabbas renvoyé au 9 février
Selon l’avocate et cadre au Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Me Fetta Sadat, la chambre d’accusation près la Cour d’Alger a renvoyé au 9 février prochain l’examen de l’appel introduit suite à la décision de placement sous contrôle judiciaire de Mohcine Belabbas.
Ce dernier a été placé sous contrôle judiciaire suite à son audition par le juge d’instruction près le tribunal d’Hussein Dey, le 10 janvier 2022, dans le cadre de l’enquête liée au « décès d’un ouvrier marocain qui effectuait des travaux chez lui ». En juin 2020, pour rappel, Mohcine Belabbas a été auditionné par la Gendarmerie nationale. Le Parquet général près la Cour d’Alger avait indiqué que les convocations adressées au chef du RCD « entrent dans le cadre d’enquêtes sur une affaire de droit public ».

Affaire du groupe Benamor : Le procès reporté au 2 février
Le pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed (Alger) a décidé, mercredi, de reporter au 2 février prochain, le procès des accusés dans l’affaire du groupe agroalimentaire «Benamor». Le report de ce procès intervient à la demande des accusés en raison de l’absence du collectif de défense. Sont poursuivis dans cette affaire les propriétaires du groupe ainsi qu’une vingtaine d’accusés, dont les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, pour dilapidation de deniers publics, blanchiment d’argent, obtention d’indus privilèges et exploitation illégale de terres agricoles.