Le tribunal de Sidi M’hamed a rendu hier son verdict suite au procès pour «corruption» lancé contre l’ancien conseiller de la présidence Saïd Bouteflika aux côtés de plusieurs ex-hommes d’affaires, dont Ali Haddad, Mahieddine Tahkout, Ahmed Mazouz ou encore les frères Kouninef.
Par Nadir Kadi.
L’affaire, dont le jugement a nécessité plus de 10 jours d’audience entre les 18 et 30 janvier, avait notamment retenu les charges de «blanchiment d’argent à travers le transfert de l’argent des produits provenant de la corruption», «recel des fonds illicites» ou encore «abus de fonction». Les juges, reprenant en partie les demandes du procureur de la République, requérant jusqu’à 18 ans de prison, ont en ce sens condamné les accusés à des peines allant jusqu’à 15 de prison. L’affaire est également marquée par des condamnations à de très fortes amendes et dédommagement au profit du trésor public.
En effet, apparut dès le début des audiences comme le principal accusé dans cette affaire, du fait notamment des fonctions occupées au moment des faits, Saïd Bouteflika a été condamné à «12 ans de prison ferme» et «8 millions de dinars d’amende». Le procès, qui a cité, pour rappel, les noms de près de 70 personnes dont des hommes d’affaires ou d’anciens responsables politiques et administratifs, «présents» ou «en fuite», a par ailleurs condamné Ali Haddad et Ahmed Mazouz à la même peine de «12 ans de prison», l’accusé Mahieddine Tahkout, a pour sa part été condamnés à 15 de prison ferme en plus de «8 million de dinars d’amende», toutefois les juges l’ont innocenté de l’accusation de «violation de réglementation des changes et mouvements de capitaux». Quant aux trois frères Kouninef, ils ont pour leur part été condamnés dans cette affaire à des peines allant jusqu’à 10 ans de prison accompagnés d’amendes de 8 millions de dinars, leur sœur «en fuite» est, elle, condamnée par contumace à 15 ans de prison avec émission d’un mandat d’arrêt. Par ailleurs, l’ex directeur de la BNA, Abdou Achour, écope de «2 ans de prison et 500 000 dinars de dédommagement», alors que les autres accusés, dont plusieurs membres de la famille de Mahieddine Tahkout, des hommes d’affaires, l’ex député Tahar Missoum ou encore des d’ex-responsables administratif…, ils écopent de peines allant de plusieurs mois de prison, à des sanctions beaucoup plus lourdes de 8 et 10 ans fermes. La justice a toutefois prononcé des relaxes ainsi que des levées de contrôles judiciaires contre plusieurs co-accusés.
Dossier mettant pour rappel en avant des accusations de malversations ayant conduit à d’importantes pertes financières pour le pays à tel point que le trésor public avait exigé aux accusés la restitution de pas moins de 500 milliards de dinars au titre de dédommagement. Le verdict à en très grande partie accédé à cette demande, en condamnant hier les accusés, personnalité physique et morales, au versement de 400 milliards au titre des dommages subis. Quant au fond des accusations, le plus souvent rejetées par les accusés, elles ont entre autres concerné des dossiers tels que la réalisation tronçons de l’autoroute Est-Ouest – Jijel, le financement de la chaîne «Amel TV» et le financement de la campagne électorale de Bouteflika ou encore les affaires des voitures de luxe de M. Tahkout… Les avocats de la défense, qui pourraient faire appel des condamnations, bien qu’aucune information en ce sens n’ait été pour le moment communiquée, avait pour rappel estimé à l’issue du réquisitoire que les peines demandées étaient «extrêmement dures». La défense de Mahieddine Tahkout, invoquant de surcroît le non-respect la présomption d’innocence «l’accusation présente mon client comme un pilleur d’argent public alors que le jugement n’est pas encore prononcé (…) où est la présomption d’innocence». Une probable stratégie de défense également suivie par Saïd Bouteflika, refusant de répondre à plusieurs questions des juges en laissant entendre que la procédure souffrait de vices de forme, notamment lors de la perquisition de son domicile qui aurait été faite selon sa défense «avant que la qualification de l’infraction ne lui soit notifiée». n