L’espoir de mise en liberté pour les détenus du mouvement populaire, suscité par la sortie de prison récemment de plus de 70, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, s’est estompé alors que des avocats annonçaient la mise en liberté de quelques figures du Hirak hier.
Cela n’empêche cependant pas le Collectif de défense des détenus d’opinion de se montrer plus exigeant en réclamant l’acquittement pour tous les détenus, faisant part d’une « détermination » à user de toutes les voies légales jusqu’à ce que l’acquittement des mis en cause soit prononcé. Selon Djamel Benyoub, membre du Collectif de défense, l’acquittement est « le seul jugement valable pour les détenus d’opinion », notamment ceux du drapeau berbère ayant purgé une peine de six mois de prison ferme que leur a infligée le tribunal de Sidi M’hamed. Il rappelle, dans ce sens, que l’Algérie est sur le point de célébrer dimanche prochain, Yennayer, nouvel an amazigh, consacré le 27 décembre 2018 fête nationale. « Les porteurs du drapeau berbère ont été poursuivis pour un délit et un fait qui ne constituent aucune infraction de la loi, avant de les condamner par la suite à la prison ferme », fait remarquer M. Benyoub.
Après la condamnation par la première instance, les avocats ont introduit un appel au niveau de la Cour d’Alger pour passer en deuxième instance, avant de formuler un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. Les porteurs de l’emblème amazigh sont poursuivis pour
« atteinte à l’unité nationale » pour avoir exhibé une autre bannière outre celle des couleurs nationales. Dans le cas où les détenus d’opinion ne sont pas relaxés, les avocats comptent recourir aux instances internationales. « Il est insensé que de jeunes activistes et manifestants soient condamnés pour un fait qui ne constitue aucun délit », dénonce Me Benyoub.
Il est programmé, aujourd’hui lundi, le procès en appel de quatre porteurs de drapeau berbère, à savoir Samira Messouci, Mustapha Aouissi, Amokrane Challal et El Hadi Kichou. Ces derniers sont sortis de prison le 30 décembre dernier après avoir purgé une peine de six mois de prison ferme. Il est prévu également le procès en appel, le 28 janvier prochain, de 13 porteurs de l’emblème amazigh sortis de prison le 23 décembre dernier. La Cour d’Alger a réduit en appel, le 24 décembre dernier, la peine de 10 manifestants condamnés en novembre dernier à des peines d’un an de réclusion dont six mois avec sursis pour « atteinte à l’unité nationale », à six mois de prison dont 3 mois avec sursis. Le Collectif de défense aspirait à un acquittement, pour ensuite demander le droit à une indemnisation intégrale en raison du préjudice subi par lesdits détenus.
Jeudi dernier, 76 détenus d’opinion ont été remis en liberté provisoire. Ils seront poursuivis en état de liberté pour des chefs d’inculpation « d’atteinte à l’unité nationale, incitation à l’attroupement, incitation à la violence, démoralisation des troupes de l’Armée ».
Dans un communiqué rendu public, signé par le chargé des affaires juridiques du parti, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) considère que la « panique du système en place l’a conduit à la libération de 76 détenus d’opinion, à quelques heures de l’annonce du nouveau gouvernement ».
Le même communiqué souligne que « la soumission de l’appareil judiciaire ne fait «qu’accroître la détermination pour la poursuite de la lutte pour une nouvelle République dans laquelle la justice est indépendante et la presse libre et le principe de l’alternance au pouvoir respecté ».
Le Comité pour la libération de Mme Hanoune veut la fin des poursuites
Pour sa part, le Comité national pour la libération de Louisa Hanoune a exigé « l’acquittement de tous les détenus d’opinion et l’abandon de toute poursuite à leur encontre ». C’est ce qu’a indiqué un communiqué de ce comité qui s’est réuni hier à Alger.
« Tout en enregistrant positivement l’élargissement de 76 détenus d’opinion en ce début de l’année, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, qui a passé plus de six mois en prison, le Comité national pour la libération de Louisa Hanoune exige l’acquittement de tous les détenus d’opinion et l’abandon de toute poursuite à leur encontre », souligne la même source. Se disant « convaincu » que l’incarcération de Mme Louisa Hanoune a été ordonnée sur décision politique, le Comité que préside Zohra Drif-Bitat a estimé que ce sont « les mêmes décisions politiques qui ont fait libérer les 76 détenus le 2 janvier 2020 ».
«Aucun jour de plus en prison pour Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT, Karim Tabou coordinateur de l’UDS, Abdelwaheb Fersaoui, président de RAJ, Kadour Chouicha, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, Foudil Boumala, Samir Belarbi et tous les détenus d’opinion et politiques », a ajouté le même comité, qui « exige que cesse l’instrumentalisation de la justice par le pouvoir politique ». Il réaffirme, en outre, sa position de principe selon laquelle « l’emprisonnement puis la condamnation à 15 ans de prison ferme de Louisa Hanoune est un acte de criminalisation de l’action politique, une atteinte flagrante au multipartisme et au libre exercice de la politique». Il renouvelle, en définitive, son appel à « sa libération pure et simple, à son acquittement et l’abandon de toute charge contre elle ».