Par Sihem Bounabi
L’insertion des personnes aux besoins spécifiques ou handicapées est l’une des préoccupations majeures des pouvoirs publics, a affirmé, hier, Jamel Rahim, conseiller au ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition féminine, chargé de la gestion des affaires de l’Agence de développement social, à l’occasion de la célébration de la Journée national des personnes handicapées, célébrée le 14 mars de chaque année.
Intervenant à la Chaîne I sur les ondes de la Radio nationale, il a déclaré à ce sujet que «le secteur facilite l’intégration économique et le soutien social pour ce groupe sensible de la société, en particulier le groupe qui ne peut pas travailler». Quant à la catégorie qui peut entrer dans le monde du travail, il a souligné la nécessité de les accompagner et de les former afin qu’ils soient intégrés rapidement dans le monde du travail.
Le chargé de la gestion des affaires de l’Agence de développement social a souligné ainsi le fait de conjuguer les efforts afin de développer une nouvelle philosophie sociale pour prendre en charge cette catégorie, soulignant que «non seulement la couverture sociale doit être assurée, mais il est important de renforcer les mécanismes d’accompagnement pour les personnes qui peuvent travailler».
Plus d’un million de handicapés recensés en Algérie
Tout en révélant que l’Algérie comptait, au 31 décembre 2021, plus d’un million de personnes aux besoins spécifiques, soit exactement 1 118 908 à besoins spéciaux, il a affirmé que «les pouvoirs publics s’attellent à être présents pour s’occuper de cette catégorie à tous les niveaux».
Il a rappelé à ce sujet que «les lois en vigueur obligent les institutions à employer 1% de leur total de travailleurs de la catégorie des personnes ayant des besoins spéciaux», ajoutant que «la catégorie des sourds-muets est la plus demandée sur le marché du travail». Le volet de la scolarité et de la formation a aussi été abordé afin de contribuer à l’insertion de ces personnes dans la société.
Par ailleurs, la nécessité de repenser les plans d’urbanisation et l’architecture des villes qui doivent prendre en compte les différents handicaps a été, également, mise en exergue, soulignant que des efforts ont été déployés à ce sujet notamment par rapport aux nouveaux projets de constructions des cités d’habitations ainsi que le réaménagement de certaines structures de services publics.
Interpellé sur le fait si cette catégorie de citoyens avait droit à l’allocation chômage décidée récemment par le président de la République, le représentant du ministère de la Solidarité nationale a précisé que la catégorie des personnes à besoins spécifiques est concernée par l’allocation de chômage, mais avec des conditions, notamment qu’elle ne doit pas être bénéficiaire de l’allocation pour la catégorie de personnes avec des besoins particuliers.
Beaucoup reste à faire
Ainsi, selon le représentant du gouvernement, les pouvoirs publics multiplient les efforts pour que cette catégorie de personnes puisse être considérée comme des citoyens à part entière et non pas évoluant en marge de la société.
Certes ces dernières années, et grâce au combats des associations et des personnalités artistiques ou sportives de cette catégorie qui ont fait avancer les choses, l’Etat algérien s’est de plus en plus impliqué dans une réelle prise en charge de cette catégorie vulnérable mais beaucoup de choses restent à faire pour une réelle insertion de ces citoyens dans la société et dans l’espace public. En effet, il suffit de faire un tour dans n’importe quelle ville algérienne pour constater que la plupart des espaces publics et commerciaux demeurent, pour la plupart, inaccessibles à ces personnes autant dans la capitale que dans d’autres villes. Certaines communes ne disposent pas d’installations appropriées pour faciliter le déplacement des handicapés moteurs ou non voyants», rapporte la Chaîne III de la Radio nationale.
Selon le témoignage d’un architecte, l’Algérie enregistre «un énorme retard en matière d’accessibilité», soulignant que «même les rampes qui, de plus en plus présentes, ne sont pas faites dans les normes, estimant que «le chemin est long pour pouvoir arriver à une société inclusive où les handicapés vont se déplacer sans aucune contrainte et où tout le monde peut évoluer quelles que soient nos différences».
Finalement, le constat est que l’Etat n’a pas délaissé les personnes spécifiques pour leur assurer une insertion dans la vie sociale et professionnelle mais cela demeure insuffisant et il reste beaucoup de défis à relever.
Pour rappel, le 3 décembre passé, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des handicapés, plusieurs associations et organismes qui défendent les droits des handicapés avaient lancé un appel pour l’amélioration des conditions sociales des handicapés notamment à accélérer la promulgation de la loi sur la protection et la promotion des handicapés modifiant la loi 02-09 de 2002 dont l’amendement dure depuis 2019». Les associations se désolent que «la loi de 02-09 n’a pas profité aux handicapés car ne renfermant pas les textes réglementaires requis. Des propositions ont également été faites pour une véritable prise en charge de cette frange sociale vulnérable de la société dont notamment des facilités aux personnes handicapées pour obtenir des logements, élever à 4 % le taux d’intégration au poste de travail au lieu de 1 %, et à calculer 25 ans de travail effectif au lieu de 32 ans pour avoir droit à une retraite complète, sans prendre en compte l’âge de 60 ans. n