Une fois n’est pas coutume, la célébration de la Journée nationale de l’arbre cette année dans la wilaya de Tipasa est sortie des sentiers battus, mettant à l’honneur de nouvelles variétés d’arbres, en l’occurrence le Paulownia, la Stévia et le Moringa Oleifera.
La forêt récréative de Sidi Slimane, en cours d’aménagement, dans la commune de Hadjout, a abrité les festivités qui ont permis à la Conservation des forêts d’innover en mettant à l’honneur de nouvelles variétés d’arbres, présentées par un pépiniériste privé qui a mis en terre 50 plants de Paulownia, un arbre robuste, originaire d’Asie qui s’adapte bien à la région du Maghreb, selon ses propos. Selon son promoteur, Khermouche Abdellah, qui s’est lancé dans l’aventure il y a quelques années, cet arbre a déjà fait ses preuves au Maghreb et en Algérie puisqu’il a été planté dans plusieurs régions du pays, sur les monts des Bibans à Sétif, dans le Sud du pays.
Le Paulownia « l’arbre impérial »
Une variété d’arbres qui gagnerait à être introduite en Algérie en raison de leur robustesse, leur résistance aux feux de forêt, leur aspect ornemental avec des fleurs violettes et odorantes et leur intérêt économique dans l’exploitation de leur bois super léger, sans parler de protection de la biodiversité. Le Paulownia, connu sous l’appellation « arbre impérial » originaire de Chine et de Corée, est une espèce surtout utilisée pour son bois, pour stabiliser les sols ou fournir du fourrage, mais, aussi, comme arbre d’ornement, notamment pour l’espèce « Paulownia Tomentosa », remarquable par sa floraison odorante annuelle. L’arbre peut mesurer jusqu’à 20 m de haut avec de grandes feuilles opposées, de 20 à 30 cm et des fleurs violettes mellifères, qui apparaissent avant les feuilles au printemps, reconnaissables à leur odeur de violette. Selon le promoteur, il s’agit d’un arbre de culture qui s’adapte aussi bien dans les campagnes que dans les villes comme arbre ornemental qui aime le soleil et la pleine lumière pour croître. C’est un arbre très intéressant dans les régions sensibles aux feux de forêt car ses graines peuvent lever à la suite d’un incendie et constituer une part importante du peuplement primaire de la forêt et qui supporte assez bien les sols salins et secs. En Europe, il s’est bien adapté au sol depuis son introduction dans la première moitié du XIXe siècle et en Amérique du Nord, également, où il a été introduit par les premiers immigrants chinois participant à la Ruée vers l’or en Californie. Selon les experts, cet arbre est de plus en plus prisé en raison de sa rapidité de croissance -égale à celle du peuplier, la valeur de son bois, véritable « bois aluminium », résistant, léger, stable et très facile à travailler. Ses adeptes louent aussi sa capacité à cohabiter avec des cultures de blé surtout, mais aussi de coton, de maïs, de soja, entre autres, grâce à son feuillage riche en azote et qui, plus, est largement utilisé en fourrage. Son bois est idéal en raison de sa résistance doublée de légèreté, qui peut être utilisé dans le secteur des transports. Il peut faire des meubles de valeur, comme les célèbres commodes japonaises en paulownia, réputées résistantes aux incendies. En Asie, beaucoup d’instruments de musique à cordes sont réalisés avec son bois compte tenu de ses qualités acoustiques et sa légèreté. C’est un arbre qui pousse bien tant qu’il est en plein soleil comme il peut survivre aux feux de forêt car ses racines se régénèrent vite et sa croissance est rapide. Son feuillage (caduc) est remarquable, les feuilles, en forme de cœur, peuvent dépasser 50 cm de long. En été, on profite donc de l’ombrage dispensé par sa ramure. « Le Paulownia est un bon arbre à sieste » ! dit-on.
La stévia : Une plante alternative au sucre
L’autre plante présentée lors de la Journée de l’arbre est la Stevia, expérimentée au niveau de la pépinière Khermouche de Chéraga qui donne de bons résultats. C’est une espèce végétale très connue ailleurs et de plus en plus utilisée dans l’industrie agroalimentaire pour son pouvoir sucrant. La Stévia est une plante d’Amérique du Sud et Centrale. Une fois cueillies, les feuilles de stévia sont séchées et transformées en poudre fine, puis utilisée comme édulcorant naturel. Elle se présente comme un petit arbuste, pouvant aller jusqu’à 1 mètre de hauteur, qui fleurit au début de l’automne. Seules les feuilles sont utilisées pour leur pouvoir sucrant impressionnant, selon les espèces. En effet, contrairement aux autres édulcorants, la Stévia est un produit naturel dont le pouvoir sucrant est entre 300 et 400 fois plus puissant que le sucre habituel et ne possédant aucune calorie. De plus, très peu de poudre de Stévia suffit à sucrer une boisson ou toute autre préparation alimentaire, nous explique le promoteur Khermouche Abdellah. Car, dira-t-il, contrairement à l’aspartame, à la saccharine ou le splenda, par exemple, elle ne donne aucun arrière-goût. La Stévia contiendrait également des propriétés bénéfiques pour lutter contre le diabète et les caries dentaires. Dans la majorité des pays d’Asie, dont le Japon, presque tous les édulcorants artificiels (aspartame, saccharine) sont bannis depuis les années 70 et on n’utilise plus que la Stévia pour les aliments light destinés à la diète tels que les boissons, les gommes à mâcher, les yogourts, les friandises, les gâteaux, etc.
Le Moringa Oleifera : « l’arbre de vie » ou « arbre aux miracles »
L’autre belle découverte par les visiteurs de la forêt Sidi Slimane, lors de la célébration de la Journée de l’arbre par des forestiers et leurs amis, a été la troisième plante mise à l’honneur qui est le Moringa. Il existe 13 variétés de Moringa, mais celle qui a été exposée est le Moringa Oleifera pour ses nombreuses qualités nutritives et thérapeutiques. Originaire d’Inde, ce petit arbre à croissance rapide aussi, selon le promoteur privé, s’épanouit dans des sols particulièrement secs et arides comme en Algérie, même si, disent-ils, aujourd’hui, il s’est acclimaté dans presque toutes les régions tropicales d’Asie et d’Afrique. Selon ses adeptes, tout est bon dans le Moringa : ses racines au goût de raifort, ses fruits sous forme de gousses, ses graines, son écorce et surtout ses feuilles à l’impressionnante densité minérale et vitaminique. Le Moringa est un genre d’arbuste à usages multiples dont les feuilles, les racines, les fleurs et les cosses vertes sont comestibles et consommées comme des légumes. Les feuilles sont utilisées fraîches ou séchées et réduites en poudre, de même que ses graines sont cueillies encore vertes et consommées fraîches ou cuites. Comme pour toutes les autres plantes, l’huile extraite des graines de Moringa est très appréciée par les amateurs car elle est douce, non collante, ne sèche pas et ne rancit pas, tandis que son tourteau est récupéré et non pas jeté en pleine nature, contrairement aux autres graines et noyaux. Il sert à purifier l’eau potable. Les feuilles entrent dans la composition de soupes et bouillons de légumes tandis que dans les pays du Sahel, les feuilles sont considérées comme un légume à part entière, consommées cuites comme des épinards.
Le Moringa n’a pas volé ses surnoms « d’arbre de vie » ou « arbre aux miracles », car il est utilisé depuis des siècles en médecine Ayurvédique. Celle-ci lui attribue le pouvoir de combattre plus de 300 maladies, dont le rhume, le diabète, l’hypertension artérielle ou encore stimuler le système immunitaire. Ses feuilles, séchées et réduites en poudre sont prisées pour leur très grande richesse en minéraux, vitamines et antioxydants.