L’Iran examine treize scénarios différents pour venger la mort du général Qassem Soleimani tué vendredi dernier en Irak par les forces américaines, a rapporté hier mardi l’agence Fars citant le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale. « Les Américains doivent savoir que pour l’heure treize scénarios de vengeance ont été débattus au sein du conseil et même si le consensus se forme autour du scénario le plus faible, sa mise en oeuvre pourra être un cauchemar historique pour tous les Américains », a déclaré Ali Shamkhani.
La dépouille du général Soleimani est arrivée mardi dans sa ville natale de Kerman, dans le sud-est de l’Iran, où le commandant de la force
Al Qods devait être inhumé mais la cérémonie a été repoussée après la mort de 40 personnes dans une bousculade qui a également fait plus de 200 blessés, selon un nouveau bilan obtenu par l’agence Fars auprès des services de secours. «Nous prendrons notre revanche, une revanche intense et décisive», a promis le général Hossein Salami, commandant des gardiens de la Révolution, présent à Kerman. Dans une interview accordée à CNN, Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères, a dénoncé dans la frappe fatale à Soleimani un acte de «terrorisme d’Etat» et annoncé une réponse «proportionnée». «Il s’agit d’une agression commise contre l’Iran, il s’agit d’une agression armée contre l’Iran et nous y répondrons», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision américaine. «Mais nous y répondrons de manière proportionnée et non disproportionnée», a-t-il ajouté. «Nous y répondrons de manière légale, nous ne sommes pas des hors-la-loi comme le président Trump», a poursuivi le ministre iranien, évoquant les déclarations par lesquelles le chef d’Etat américain a menacé de cibler des sites culturels iraniens. Javad Zarif, qui a contribué aux négociations qui ont abouti en 2015 à la conclusion de l’accord de Vienne sur le programme nucléaire iranien (Plan d’action global commun, PAGC), a une nouvelle fois dénoncé la décision annoncée en mai 2018 par Donald Trump d’en faire sortir les Etats-Unis. «Il faut que le régime Trump réalise que la situation s’améliorait dans cette région après le PAGC», a-t-il dit en rappelant que son pays a commencé à se désengager en mai dernier de l’accord de Vienne en invoquant l’impuissance des Européens à le sauver et à protéger l’économie iranienne du rétablissement des sanctions américaines ;
Privé de visa américain, Zavad Zarif absent ce jeudi à l’Onu
Alors qu’il devait se rendre à New York pour une session des Nations unies, demain jeudi, le chef de la diplomatie iranienne a indiqué hier avoir été informé par le secrétaire général, Antonio Guterres, que les Etats-Unis lui avaient refusé son visa. «Ce que nous savons, c’est que le secrétaire d’Etat américain (Mike Pompeo, ndlr), lors d’un appel au secrétaire général des Nations unies, a dit +nous n’avons pas le temps de délivrer un visa pour Mohammad Javad Zarif et nous ne lui délivrerons pas de visa+», a déclaré M. Zarif.
«Le secrétaire général a répondu en disant que l’Iran avait le droit de participer à cette session», un «débat ouvert» à tous les membres des Nations unies, organisé au Conseil de sécurité sur le respect de la Charte de l’ONU, a-t-il indiqué, cité par l’agence de presse iranienne Isna. Cette décision est «un signe de la déroute du gouvernement américain et du régime de Trump», a-t-il accusé, ajoutant qu’il avait prévu pendant sa visite à New York d’ «évoquer les crimes de l’Amérique». Etat-hôte du siège des Nations unies, les Etats-Unis ont en principe l’obligation d’accorder rapidement des visas aux Etats qui en font la demande pour permettre à leurs responsables d’assister à des réunions à l’ONU. Mais en septembre déjà, ils avaient tardé à octroyer un visa à une délégation iranienne accompagnant M. Zarif et au président iranien Hassan Rohani à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies. Et en juillet, Washington avait été critiqué par l’ONU pour avoir accordé à M. Zarif un visa limitant drastiquement ses déplacements à New York, où celui-ci devait assister à une réunion onusienne sur le développement durable. Fin juillet, dans le cadre de leur politique de «pression maximale» sur la République islamique, les Etats-Unis ont mis le nom de M. Zarif sur la liste noire des personnes faisant l’objet de sanctions financières américaines.