Les avocats sont montés au créneau pour s’indigner des « dépassements » survenus lors du 48e vendredi de mobilisation populaire dans les wilayas de Sidi Bel-Abbès, Alger et Tissemsilt, marqués par une série d’arrestations et d’interpellations.
Le collectif a appelé, en effet, le ministère de la Justice et, en particulier, la police judiciaire, auquel ils imputent le « devoir et la responsabilité de protéger les libertés individuelles et collectives », à « ouvrir une instruction sur les dépassements enregistrés vendredi », lit-on dans le communiqué rendu public signé par une vingtaine d’avocats impliqués dans le mouvement populaire en cours, dont Noureddine Ahmine, Yamini Alili et le président de l’Association des jeunes avocats algériens Abdelhafid Tamert.
Ces derniers exigent la « libération immédiate des manifestants arrêtés ce jour, ainsi que l’arrêt des poursuites judiciaires enclenchées à leur encontre», invitant les autorités politiques à « ne pas revenir aux pratiques d’avant-12 décembre » et de « garantir le respect des libertés individuelles et droits fondamentaux ». Ils ont ainsi exprimé « leur regret et leur pessimisme de la régression des libertés et dépassements enregistrés vendredi dernier à Sidi Bel Abbès, Tissemsilt et Alger ».
« Nous exprimons notre profonde condamnation des transgressions et agressions physiques et verbales qui ont touché les manifestants au 48e vendredi, alors que les forces de l’ordre sont censés accompagner et sécuriser le mouvement et non pas le brutaliser », écrivent les signataires du document. Pour eux, ce qui s’est produit vendredi dernier renseigne sur « l’absence d’une volonté politique d’apaiser la tension et calmer la contestation et de rétablir la confiance inexistante et absente ». « Il est difficile de croire que les arrestations et abus enregistrés sont le fruit de quelques éléments de la sécurité », ajoutent-ils. Les signataires exigent, également, des autorités politiques de « traduire sur le terrain des mesures concrètes reflétant réellement les déclarations du Président de la République dans lesquelles il a qualifié à maintes reprises le Hirak de « bénédiction». Par ailleurs, les procès des détenus d’opinion et de ceux poursuivis en état de liberté se poursuivent en parallèle. Le tribunal de Biskra a condamné à 18 mois de prison ferme assortie d’une amende de 100 000 DA l’étudiant Mohamed Amine Benalia, annonce le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Cet étudiant en droit, poursuivi par l’unité de la cybercriminalité de Biskra pour ses publications sur les réseaux sociaux, a été déclaré coupable « d’outrage au Président de la République, d’atteinte à corps constitué et d’atteinte à l’unité nationale à travers des publications sur les réseaux sociaux », ajoute le CNLD. Le 8 janvier dernier, l’étudiant a décidé d’entamer une grève de la faim pour contester cette détention. A Annaba, le tribunal de la même ville devrait prononcer, le 2 février prochain, le verdict dans l’affaire de Mustapha Bendjamaâ, rédacteur en chef du journal Le Provincial. Le procureur a requis 6 mois de prison ferme et une amende de 100 000 dinars contre le journaliste poursuivi pour « incitation à un attroupement non armé, empêchement du processus électoral », interpellé à plusieurs reprises depuis le début du mouvement populaire du 22 février. Il a été placé sous contrôle judiciaire par la suite et a été frappé le 26 novembre dernier par une interdiction de sortie du territoire national (ISTN) émise par le Parquet d’Annaba.<