Au premier jour du baccalauréat 2022, la toile a fonctionné normalement ou presque sauf pour les usagers des réseaux sociaux qui ont exprimé leur agacement à ne pas pouvoir utiliser leurs comptes interdits d’accès pour prévenir toute tentative de triche durant les heures d’examen. Même si leurs récriminations sont recevables, le fait d’avoir évité zéro connexion constitue cette année un pas positif et un signal rassurant vers un usage ordinaire et en tout temps d’Internet.

PAR NAZIM B.
Le premier jour des épreuves du baccalauréat session 2022 a été en effet marqué par le blocage de tout accès aux réseaux sociaux, suite aux dispositifs de surveillance et de sécurité qui ont été déployés par les autorités dans tous les centres d’examen au niveau national, pour assurer un bon déroulement. Cependant, l’accès à Internet n’a pas été complètement coupé aux abonnés du fixe et du mobile comme cela a été le cas ces dernières années. Pour cette session, c’est loin du black-out qu’on imposait aux Algériens durant les jours du baccalauréat, notamment depuis 2016, cette fois, ce sont les principaux services de messagerie et les réseaux sociaux qui étaient inaccessibles dès la matinée du premier jour des épreuves que passaient plus de 700 000 candidats.
Très attendu dans ce registre, le ministère de l’Education nationale semble ainsi avoir eu la bonne idée de ne pas couper le réseau Internet comme moyen anti-triche et de lutte contre la fraude. Il répond ainsi aux plaintes des usagers de manière générale et des opérateurs de manière particulière qui se plaignaient d’être pénalisés dans leurs activités durant au moins les quatre jours de déroulement du baccalauréat.
Cela peut paraître un détail insignifiant, mais à comparer aux autres années, c’est un pas important qui fait sortir l’Algérie du lot peu séduisant des pays qui verrouillent la toile pour des besoins de police et de contrôle de la crédibilité des examens. Ce retour à la presque normalité est à dater manifestement dans la mesure où la décision de l’Education nationale de couper internet remonte à la session de 2016, entachée par une fraude massive. Les sujets avaient fuité sur les réseaux sociaux et la session de 2021 a été marquée par la condamnation de plus d’une trentaine de personnes à une peine de prison ferme, accompagnée de fortes amendes pour « délit de diffusion de sujets d’examens». Pour la même année, 84 individus ont été poursuivis en justice, dont 40 placés sous mandat de dépôt et 13 sous contrôle judiciaire, avait informé le ministère de la Justice, en soulignant que les accusés sont poursuivis pour « délit de diffusion de sujets d’examens et de corrigés types du baccalauréat par le biais de moyens de communication à distance », à savoir les réseaux sociaux.
Cette année, le département de l’Education vient de donner raison aux observateurs et opérateurs, qui réclamaient depuis cette époque, qu’il n’était pas utile de pénaliser tout le monde quand il s’agissait d’éviter les fuites. Ce qui s’est passé, hier, premier jour du bac, donne incontestablement raison à ceux qui clamaient l’existence de solutions technologiques de nature à permettre de sécuriser les examens sans couper le reste du monde, même si un effort doit encore être fait pour éviter toute perturbation réseaux sociaux compris. En attendant, bien entendu, le bilan du déroulement du Bac 2022 qui sera établi une fois les examens terminés, l’option semble être efficace bien que les usagers des réseaux sociaux peuvent toujours se plaindre du fait que les plateformes d’échanges et de partage soient inaccessibles pendant les épreuves.
Le gouvernement sera probablement appelé à peaufiner cette option qui sera renforcée par un surcroît de sensibilisation contre la fraude ainsi que sur la dissuasion à travers les dispositions du code pénal en ce qui concerne les sanctions encourues pour délit de triche ou de fuite de sujets.
A ce propos, l‘examen du BEM, tenu la semaine passée (du 6 au 8 juin) a été marqué par une main lourde et une « tolérance zéro » des autorités à l’égard des responsables indélicats, coupables de triche. A Chlef, deux fonctionnaires ont été condamnés à la prison ferme alors qu’à El Oued, précisément à El-Meghier, un député et un chef de brigade de Gendarmerie nationale ont été placés sous mandat de dépôt. Hier, un premier cas de fraude a été enregistré à Collo (Skikda) où une candidate a recouru à la technologie de Bluetooth, qui permet l’échange bidirectionnel de données à courte distance en simplifiant les connexions entre les appareils électroniques à proximité et en supprimant les liaisons filaires.
Le code pénal amendé en avril 2020 criminalise l’atteinte aux examens et aux concours et toute personne impliquée dans la fraude encourt des peines d’emprisonnement allant jusqu’à 15 ans de prison et une amende de 30 0000 DA. n