Depuis, hier, la majorité des pharmaciens d’officine dans les régions les plus touchées par la crise sanitaire ne vendent plus les médicaments anti-Covid sans présentation d’une ordonnance. La mesure vise à réguler les stocks des produits pharmaceutiques concernés et faire barrage à l’automédication. Un phénomène qui a pris de l’ampleur depuis la 3e vague.
Par Sihem Bounabi
Une exigence qui concerne surtout certaines catégories d’antibiotiques et d’anticoagulants qui se vendaient auparavant sans prescription médicale et dont les stocks ont fondu comme neige au soleil lors de la 3e vague qui frappe de plein fouet l’Algérie. Cette démarche fait suite à l’appel lancé, le 5 août dernier, par la Fédération algérienne du médicament (FAM) et répond à celui des professionnels de la vente de médicaments qui avaient tiré la sonnette d’alarme sur l’automédication. A cause, d’une part, des risques sur la santé et, d’autre part, sur les perturbations que cela engendre par rapport à la disponibilité des médicaments, pénalisant ainsi les vrais malades qui ont besoin de leur traitement rapidement, alors que d’autres les stockent par peur d’en manquer dans le cas où ils seraient contaminés à la Covid.
Cette démarche répond ainsi à la recommandation de la FAM, publiée jeudi dernier dans un communiqué public, où il était souligné que «les officines pharmaceutiques devraient s’en tenir strictement à l’exigence d’une ordonnance médicale préalable pour toute délivrance des médicaments destinés à la lutte anti-Covid-19».
Une autre recommandation est, également, destinée aux médecins prescripteurs afin de prendre connaissance du protocole unifié, publié par le ministère de la Santé, pour une meilleure gestion de l’aspect thérapeutique de la crise sanitaire que traverse le pays afin d’en prendre connaissance, dans le contexte actuel de l’explosion des cas de contamination à la Covid-19 à cause de la dominance du variant Delta, qui est très contagieux et plus virulent. La prudence est recommandée dans la prescription de certains antibiotiques et anticoagulants sans un bilan préalable.
Dans son communiqué, la FAM, tout en rappelant que le ministère de la Santé a pris la décision d’actualiser et d’unifier le protocole thérapeutique recommandé pour le traitement à administrer aux malades Covid-19, ajoute que «certaines tensions vécues à ce titre au cours des dernières semaines tiennent, en effet, à une forme de méconnaissance de la conduite à tenir qui a été observée chez une partie du corps médical».
Face à cette situation, les producteurs pharmaceutiques confirment leur disponibilité «pleine et entière à mettre leur réseau de visiteurs médicaux au service de l’autorité sanitaire nationale et, ce faisant, à relayer ainsi ses messages et ses orientations à destination du corps médical sur l’ensemble du territoire national». Par ailleurs, les grossistes-répartiteurs ont été invités par la FAM à mettre, «sans restriction aucune», l’intégralité de leur stock de médicaments anti-Covid-19 à la disposition du réseau des officines pharmaceutiques, tout en assurant «une couverture géographique la plus équitable possible entre l’ensemble des communes et wilayas du pays», a précisé la fédération.
Dans le même esprit d’assurer la disponibilité des médicaments entrant dans le protocole de traitement de personnes contaminées par la Covid, et face à la haute demande enregistrée actuellement, les producteurs sollicitent le concours des autorités et autres services publics (banques, douanes) «afin de leur faciliter les procédures d’acheminement de tous les intrants entrant dans la production des produits pharmaceutiques».
La FAM a relié, en outre, l’appel de ses membres-adhérents lancé à l’adresse des pouvoirs publics compétents «à la nécessité de doter, rapidement, tous les personnels de production et de distribution de médicaments d’une autorisation de circulation permanente, leur permettant d’exercer leurs tâches durant les horaires de confinement». Au final, la FAM, malgré le contexte anxiogène actuel et la tension qui se fait déjà fortement sentir sur certains anticoagulants et même sur le Paracétamol 1g, qui est en rupture de stock dans la plupart des pharmacies de la capitale, insiste dans son communiqué à rassurer les Algériens que «les stocks de matières premières, intrants et produits finis entrant dans la fabrication des médicaments anti-Covid-19, permettent de répondre à tous les besoins pouvant s’exprimer au cours des douze prochains mois», en précisant que ces «médicaments sont aujourd’hui fabriqués entièrement par des producteurs nationaux».
Rappelons que la Fédération algérienne du médicament (FAM) rassemble l’Union nationale des opérateurs pharmaceutiques (UNOP), l’association des distributeurs pharmaceutiques d’Algérie (ADPHA)et le Syndicat national des pharmaciens d’officines (SNAPO). n