Les surcoûts liés aux projets de voies ferrées et de pénétrantes routières, reliant les ports du pays à l’Autoroute Est-Ouest, se chiffrent en dizaines de milliards de dinars. Les importantes rallonges budgétaires pour achever les chantiers auraient pu servir, en particulier, à la construction de structures de santé, d’établissements scolaires, pour atténuer la surcharge, ainsi qu’à la création de dizaines de milliers d’emplois pour les jeunes.
Par Khaled Remouche
Le chef de l’Etat, dans son entrevue avec des représentants de la presse, vendredi dernier, a pointé du doigt les énormes retards dans la réalisation des infrastructures. Il a cité le secteur ferroviaire où il s’est offusqué des délais de réalisation, citant le cas d’une voie ferroviaire qui a nécessité sept ans pour être achevée. Trop long et innacepatble, a soutenu le chef de l’Eta. En effet, selon des intervenants dans le secteur le délai contractuel habituel pour la réalisation de tels projets est en moyenne de trois ans. La Rocade Nord, plus de 1 000 kilomètres de dédoublement, et la modernisation de lignes de voies ferrées reliant Annaba à Tlemcen, guère achevée après plus de 10 ans de travaux, sont les exemples du grand gaspillage de l’argent public. Et pour cause, la mise en service de certains tronçons intervient après de successives réévaluations des coûts des travaux qui nécessitent des rallonges budgétaires périodiques, donc des surcoûts qui se chiffrent annuellement en dizaines de milliards de dinars. Un montant qui aurait pu être consacré à la réalisation de structures de santé, d’établissements scolaires pour réduire la surcharge des classes ou à la création d’emplois pour les jeunes. En considérant que le coût de la création d’un nouvel emploi est estimé à 3 millions de dinars, cette enveloppe gaspillée aurait pu créer annuellement au minimum des milliers d’emplois pour les jeunes. Il ne faut pas oublier à cet égard que les raisons de ces retards sont multiples : le mauvais choix tantôt des entreprises étrangères de réalisation, tantôt des sociétés locales de travaux publics, le problème des expropriations, les grands retards dans les paiements des situations de travaux par le Trésor public, qui entraînent des arrêts de chantier, des travaux supplémentaires exigés non prévus par le contrat qui conduisent à des contentieux avec les sociétés étrangères, l’impact négatif sur le projet d’études mal ficelé. Tout cela se conjugue avec l’insuffisante maîtrise managériale de ces projets et le manque, ou insuffisance, de suivi au niveau central. Paradoxalement, l’Algérie a réussi à achever quasiment la rocade ferrée des Hauts-Plateaux. Cette réalisation sera confortée par la mise en service prochainement de la ligne Boughezoul-Djelfa-Laghouat d’une longueur de 250 kilomètres. Jusqu’ici, le gouvernement n’a pas, comme pour les pénétrantes, traité des retards dans le programme de réalisation des lignes de voies ferrées et proposé une feuille de route pour accélérer l’achèvement de la Rocade Nord ainsi que des projets de voies ferrées de la boucle sud. A noter que les pénétrantes, ces voies routières à grande circulation qui relient les ports à l’Autoroute Est-Ouest, connaissent presque la même situation en termes de retard dans les travaux et en termes de type de contraintes à l’achèvement des projets. Il convient de souligner que le chef de l’Etat a abordé cette problématique dans la perspective de la réalisation des lignes minières Tindouf-Béchar pour le transport du minerai de fer du gisement de Gara Djebilet et Tébessa-Annaba pour le transport des phosphates entrant dans le cadre du méga projet de production et de transformation du phosphate. Le second projet en cours de réalisation connaît un taux d’avancement des travaux assez lent, d’où la mise en garde du chef de l’Etat. Les déclarations du chef de l’Etat ne sont pas fortuites. Elles préparent un changement, d’ailleurs annoncé au cours d’un récent Conseil de ministres : la réalisation de la ligne Tindouf-Béchar et d’autres nouvelles lignes vers le sud du pays en partenariat avec des sociétés étrangères qui se verront sans doute octroyer le management de ces projets. Quant au sort de la Rocade Nord, jusqu’à présent aucune décision n’a été prise par le gouvernement pour accélérer les travaux ni pour régler les problèmes qui entravent son achèvement. Il convient de noter également le grand retard dans l’électrification de la Rocade Nord et de la Rocade des Hauts-Plateaux. Un handicap qui ne permet pas aux trains de rouler à une moyenne de 160 kilomètres à l’heure. Un objectif visé par le programme de réalisation de dédoublement des voies ou lignes nouvelles au Nord et dans les Hauts-Plateaux. <