Par Hamid Bellagha

On reprend les mêmes et on recommence. Tel semble être le leitmotiv de nos argentiers, qui se débattent, encore une fois, dans des questions économiques empreintes de problèmes apparemment insolubles. La quadrature du cercle a été très vite adoptée pour « expliquer » la chute du dinar face aux autres monnaies.
Au début des années 1990, la dépréciation était intentionnelle dans le but d’attirer des capitaux étrangers pour s’inscrire dans une logique attractive d’investisseurs venus d’ailleurs. Le flop a été retentissant et notre économie est demeurée blafarde, soutenue quand même par un matelas de devises avoisinant les 200 milliards de dollars, faisant que nos décideurs comptaient sur l’acquis thésaurisé.
Le réveil a été brutal et il ne restait plus que la dépréciation du dinar comme outil de consolidation des fondamentaux économiques. Comme « l’économie est une chose trop sérieuse pour la confier aux économistes », l’Algérie s’est retrouvée prise entre le marteau de l’inflation et l’enclume de la dépréciation. L’un ne cheminant qu’à l’aide de l’autre, le pouvoir d’achat de l’Algérien s’est considérablement érodé, au point que le salarié s’est retrouvé avec un revenu mensuel crédible pour deux semaines seulement et, l’entreprise, avec des charges incommensurables.
D’un chiffre, l’inflation made in bladi menace de virer vers un second, alors que, réellement, elle dépasse allègrement les 15 % quand il s’agit de l’alimentation ou des produits électroménagers, et la fameuse inflation importée. Car il ne faut pas oublier que les prix des transports, des matières premières, des produits agricoles et des assurances ont carrément explosé après la timide reprise post-Covid.
N’ayant aucune emprise sur la réalité financière et économique mondiale, l’Algérie se retourne, pour la énième fois, vers la dépréciation de sa monnaie. Une vraie tactique ou une fuite en avant ? Il faudra bien que l’on explique un jour pourquoi la dépréciation de notre monnaie reste la seule alternative que nos financiers adoptent à chaque crise économique, ou pas, d’ailleurs.
Avec l’abandon prochain du soutien à certains produits de consommation, il ne faut pas être grand clerc pour deviner que l’inflation n’en sera que plus raffermie. A cela, il faudra ajouter une reprise économique tâtonnante, le spectre d’une chute des prix du pétrole, ainsi que des nuages sombres sur une économie mondiale égarée. Et on aboutira à un mix détonant d’une désorientation de l’économie algérienne déjà sujette à moult vertiges.