De retour à Constantine, jeudi dernier, pour une nouvelle visite de travail sur le terrain, le ministre de l’Industrie pharmaceutique Ali Aoun a mis à nouveau la pression sur les responsables de l’unité de Saïdal pour accélérer la production de l’insuline, en soulignant que «l’évaluation de Saïdal à l’avenir est liée à la fabrication de ce médicament».
Par Sihem Bounabi
Il a également appelé les responsables de l’unité de production de Saidal Constantine à penser d’ores et déjà à la production de l’insuline en stylo. Affirmant dans ce sillage que «la matière première de l’insuline en cristaux était disponible en quantité au niveau international». Tout en indiquant que l’appareil de remplissage de l’insuline était fin prêt, Ali Aoun a instruit les responsables concernés à accélérer cette production, martelant qu’il n’y a pas d’argument pour que la production de l’insuline soit retardée.
S’exprimant à l’issue d’une visite de travail effectuée à Constantine en compagnie du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Kamel Baddari, Ali Aoun a réitéré l’engagement de l’Algérie à couvrir dans «le courant du premier semestre de l’année 2023, 50% des besoins nationaux en insuline» et «en production locale», insistant ainsi sur «la détermination de l’Etat à mettre fin au monopole exercé en matière d’approvisionnement de l’insuline».
Le ministre a précisé dans ce sillage que la couverture de 50% des besoins nationaux en insuline, en production locale, permettra à l’Etat de gagner jusqu’à 200 millions d’euros sur la facture d’importation de l’insuline estimée en moyenne à 400 millions d’euros.
Pour rappel, au mois de septembre dernier Ali Aoun avait eu un véritable coup de gueule à Constantine lors d’une première visite à l’unité de Saidal implanté dans la capitale de l’Est. Une déclaration sans équivoque : «La production de l’insuline c’est du pipeau», affirmant que «la production de l’insuline en Algérie est le plus grand mensonge hérité de certaines parties»
Il avait alors pris l’engagement de relancer la production de l’insuline en Algérie en soulignant que la priorité est de commencer par la production des «stylos injecteurs», en martelant que «c’est inacceptable qu’en 2022, on continue d’importer tout le contenu de l’insuline». Au mois de novembre dernier, le ministre est également revenu sur l’importance de la production locale de l’insuline, en mettant en exergue l’importance stratégique thérapeutique de l’insuline affirmant que «l’insuline est un produit que je considère comme un produit de guerre».
Il souligne ainsi qu’avec près de deux millions d’insulinodépendants en Algérie «dans le cas de l’indisponibilité de ce médicament à cause de problème d’importation, ce sont deux millions d’Algériens qui sont menacés».
En outre, le 6 décembre dernier, le ministre de l’Industrie pharmaceutique, lors de la présentation de la stratégie du secteur devant les membres de la Commission des affaires économiques, du développement, de l’industrie, du commerce et des stratégies de l’Assemblée populaire nationale (APN), avait souligné «la nécessité de moderniser la fabrication locale de médicaments anticancéreux et d’insuline»», affirmant que «ces médicaments sont introuvables sur le marché national».
Il a indiqué que l’enveloppe financière allouée à ces médicaments est désormais d’environ 800 millions d’euros. Il a également déclaré que l’objectif du secteur en 2023 et 2024 est de créer un tissu d’usines qui libèrent des matières premières et augmentent le taux d’intégration. Soulignant que «nous avons actuellement de grandes capacités de production. De plus, de nombreux producteurs n’ont pas encore commencé le processus de fabrication». Lors de cette présentation, Ali Aoun a souligné que «le secteur travaille à ouvrir les investissements directs étrangers (IDE) en Algérie, ce qui, à leur tour, ouvriront de nouveaux horizons, y compris la fourniture de matières premières et de base pour la production».
Sur un autre plan, Ali Aoun a également souligné à Constantine à propos de la convention cadre, signée jeudi dernier à Constantine entre les ministères de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche scientifique et de l’Industrie pharmaceutique, que le «développement à venir de Saidal du point de vue médicament doit s’inscrire dans cette convention».
La convention entre dans le cadre d’un double effort entre les deux parties visant «le domaine de la production et de la fabrication de médicaments au travers de la transformation du Centre de recherche en biotechnologie de Constantine, relevant du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, en unité de recherche et de développement travaillant pour le compte du groupe Saidal relevant du ministère de l’Industrie pharmaceutique».
Dans son intervention, le ministre de l’Enseignement supérieur Kamel Baddari a souligné que «le Centre placera toutes ses ressources humaines et matérielles au service du ministère de l’Industrie pharmaceutique et des entreprises de fabrication de médicaments du pays», soutenant que «ce centre fera du secteur de l’enseignement supérieur une locomotive du développement et apportera une valeur ajoutée à l’économie locale et nationale».
De son côté, le ministre de l’Industrie pharmaceutique a insisté sur la nécessité «de conjuguer les efforts entre les deux secteurs pour donner une forme concrète et s’engager fermement dans le domaine de la fabrication du médicament qui repose sur des produits thérapeutiques naturelles d’origine végétale, d’une part, et sur l’exploitation économique, d’autre part». Il a également insisté sur le fait «d’intensifier les recherches pour exploiter comme matière première dans la fabrication de médicaments les plantes médicinales et aromatiques disponibles avec abondance à travers les Hauts-Plateaux et le Sahara». n