L’Algérie ne paiera plus le droit de licence ni le fret liés à l’importation de kits pour l’assemblage automobile ; du moins pas en devises fortes. L’annonce en a été faite, hier depuis Ghardaïa, par le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, en marge de la visite de l’usine Soneras, qui fabrique des kits d’échappement pour véhicules dans la zone industrielle de Bounoura.
Sur la partie fret, il a expliqué : « Nous avons décidé de recourir aux services d’une entreprise nationale pour le transport maritime des équipements et des kits d’assemblage », révélant que le constructeur Renault est le premier à utiliser le fret d’une compagnie nationale pour ses éléments d’assemblage. Dans le chapitre lié au droit de licence, a poursuivi M. Bouchouareb, il est de 350 euros par unité, auxquels il faut ajouter le coût de transport, entre 700 et 750 euros par unité de véhicule à monter, soit un total de plus de 1 000 euros par unité.
Désormais, à la faveur d’un accord avec le français Renault, l’allemand Volkswagen et le sud-coréen Hyundai, les droits de licence seront sans aucun coût. D’ailleurs, cet accord sera également élargi à tous les constructeurs désireux de créer à l’avenir des usines en Algérie, a ajouté le ministre. « En 2014, Renault importait des kits sur lesquels nous payions la licence d’invention et le transport maritime qui était assuré par des armateurs étrangers », a rappelé M. Bouchouareb. Ce dernier a utilisé un nouveau concept en parlant d’« intégration financière », le but étant d’améliorer la situation financière du pays, a-t-il dit, en réduisant les sorties de devises. Désormais, ce droit d’invention sera « gratuit » car « nous leur offrons un marché », selon l’accord conclu avec les constructeurs, alors que pour le fret, « le paiement se fera en dinars », a-t-il précisé. Pour en revenir à la visite de travail à Ghardaïa du ministre de l’Industrie, c’était l’occasion pour Sorenas d’annoncer avoir été présélectionné par Renault et Mercedes, selon son directeur commercial, Mustapha Bahiou, pour approvisionner ces deux constructeurs. S’exprimant en marge de la visite, M. Bahiou a fait savoir qu’actuellement, la société est en phase d’homologation de ses produits, processus qu’elle mène aux côtés d’un partenaire roumain qui l’accompagne dans cette opération.
Les responsables de Soneras voudraient également obtenir une assiette foncière à Oued Tlelat (Oran) pour faciliter l’approvisionnement de Renault avec 15 000 pièces (échappement) dans un premier temps pour atteindre 50 000 pièces dans trois ans. La part de marché actuelle de ce sous-traitant est de 65%, selon M. Mahiou.
Le cahier des charges pour la pièce détachée
Sur place, le ministre Bouchouareb a été interpellé sur les dernières déclarations de Jean-Christophe Quémard, directeur Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) du groupe PSA Peugeot, selon lesquelles le constructeur automobile français a répondu à toutes les exigences de la partie algérienne et qu’il était en attente de leur feu vert, affirmant, concis : « J’ai déjà parlé de ce dossier en disant que quand le moment viendra, le gouvernement tranchera ; nous verrons. » Questionné sur la pièce détachée, le ministre a annoncé que «le cahier des charges est finalisé ».
Un dossier cher au ministre car, selon lui, l’origine douteuse, la mauvaise qualité et le coût de cette pièce détachée causent des « pertes importantes » à l’Etat algérien, « d’un peu plus de 700 millions de dollars. C’est énorme ! » Le cahier des charges, qui encadrera cette activité, « sera déposé dans une semaine à dix jours au plus tard au Secrétariat du gouvernement puis auprès des autres départements ». Il sortira « bien avant la fin du semestre courant ».
8 000 hectares de parcs industriels
Concernant le foncier industriel, 8 000 hectares ont été dégagés par les walis à travers le territoire national, a indiqué M. Bouchouareb. Sur les 39 zones industrielles prévues, 24 sont prêtes et les opérateurs identifiés, soit plus de la moitié. A fin mars, cette opération sera clôturée. Pour ce qui est de Ghardaïa, la wilaya disposera de 800 hectares de parcs industriels et constituera une plateforme industrielle pour l’exportation vers l’Afrique avec une connexion au port sec de Tamanrasset, de même qu’elle sera connectée au port de Cherchell pour l’exportation vers d’autres pays, a encore annoncé le ministre.
De nouvelles licences d’importation instaurées
Après le ciment, le rond à béton et les véhicules, de nouvelles licences d’importation seront instaurées par le gouvernement, notamment le plomb pour sa transformation en Algérie, a annoncé hier le ministre. C’est Abdelaziz Mehenni, président de la CIPA, qui a soulevé la problématique de l’importation du plomb par des entreprises publiques alors que cette matière première est disponible en Algérie.