L’Inde, le Japon, les Etats-Unis et, pour la première fois, l’Australie ont entamé hier mardi d’importantes manœuvres navales communes dans le golfe du Bengale. Ces manœuvres se déroulent alors que l’Inde, engagée dans une épreuve de force à sa frontière himalayenne avec la Chine, cherche à renforcer ses soutiens internationaux, en particulier au sein du Quad (Quadrilateral security dialogue, Groupe quadrilatéral de coordination de défense).
Ce groupement stratégique informel, initié en 2007, a été relancé en 2017 pour contrer l’influence chinoise, et en particulier celle de la marine chinoise dans laquelle Pékin a beaucoup investi ces dernières années pour la moderniser. Les manœuvres navales qui ont débuté hier ont pour nom de code «Malabar» et comporteront des exercices de défense anti-aérienne et anti-sous-marins. Elles sont prévues trois jours durant dans le golfe du Bengale, avec une deuxième étape en mer d’Arabie. Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a multiplié la semaine dernière lors d’une tournée dans cinq pays d’Asie (Inde, Sri Lanka, Maldives, Indonésie, Vietnam) les mises en garde et les accusations contre la Chine. En Inde, rappelle l’AFP, M. Pompeo a dénoncé «l’agression croissante» et les «activités déstabilisatrices» de la Chine. Un affrontement meurtrier, le premier en 45 ans, a opposé en juin l’Inde et la Chine à leur frontière contestée au Ladakh (nord de l’Inde), faisant 20 morts côté indien et un nombre inconnu de victimes dans les rangs chinois.
L’Australie, dont les relations avec la Chine sont également tendues, participe pour la première fois à ces manoeuvres qui visent, a déclaré fin octobre la ministre australienne de la Défense Linda Reynolds, à «démontrer notre détermination commune à soutenir une région indo-pacifique ouverte et prospère». Ces exercices «démontreront le haut niveau de synergie et de coordination entre marines amies, fondé sur leurs valeurs partagées», selon la marine indienne. Les Etats-Unis ont envoyé le destroyer USS John S. McCain, qui a repris du service cette année trois ans après être entré en collision avec un pétrolier au large de Singapour, tuant 10 marins et en blessant cinq autres. En raison de la pandémie de coronavirus, aucun contact humain n’est prévu entre les navires en mer, a précisé la marine indienne dans un communiqué.
Commerce international
Les autorités hongkongaises ont engagé mardi devant l’OMC une procédure de règlement des différends contre les Etats-Unis, où les marchandises importées de Hong Kong devront porter le label «fabriqué en Chine». La demande de consultations bilatérales – première étape dans la résolution des conflits commerciaux à l’Organisation mondiale du commerce – a été officiellement distribuée devant l’Organe de règlement des différends. Dans sa demande, Hong Kong indique attendre «avec intérêt de recevoir la réponse du gouvernement des Etats-Unis à la présente demande afin de fixer une date mutuellement acceptable pour la tenue de consultations».
Les Etats-Unis doivent répondre à la demande dans les dix jours et engager des consultations – qui se tiennent toujours à huis clos – au plus tard 30 jours après la date de réception de la demande de consultations. Si les consultations échouent ou si les délais ne sont pas respectés, le plaignant – en l’occurrence Hong Kong – pourra immédiatement passer à l’étape juridictionnelle et demander l’établissement d’un groupe d’experts chargés de trancher le litige commercial.
La demande de consultations intervient à quelques jours de l’entrée en vigueur des nouvelles règles américaines, le 10 novembre. Le président américain Donald Trump, candidat à sa succession mardi, avait annoncé le 14 juillet la fin du régime préférentiel accordé par Washington à Hong Kong, après l’imposition par Pékin d’une loi controversée sur la sécurité nationale dans le territoire semi-autonome. Un mois après, le 11 août, les douanes américaines avaient annoncé que les marchandises importées de Hong Kong devront porter la mention «fabriqué en Chine» pour pouvoir être vendues aux Etats-Unis. Dans sa demande de consultations déposée auprès de l’OMC, Hong Kong se dit «préoccupé par le fait que les mesures (…) sont incompatibles avec les obligations des Etats-Unis au titre de plusieurs dispositions des accords» commerciaux internationaux, dont l’Accord sur les règles d’origine et l’Accord sur les obstacles techniques au commerce. «Les Etats-Unis n’administrent pas leurs règles d’origine d’une manière cohérente, uniforme, impartiale et raisonnable», souligne notamment Hong Kong, qui dénonce également un règlement discriminatoire à leur égard. n