Par Bouzid Chalabi
Alors que les cours mondiaux des céréales sont sur une courbe ascendante, depuis quelques semaines, cela n’a pas empêché l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) de conclure un achat pour l’acquisition de près de 600 000 tonnes de blé meunier, livrable au mois d’avril prochain.
Selon le cabinet spécialisé Agritel, qui rapporte cette information, les origines de cette acquisition par l’OAIC sont optionnelles, dont l’essentiel serait d’origine de la mer Noire «mais avec peut-être un volume plus restreint d’origine française», précise toutefois cette même source. On apprend également que le prix de cession de cette vente serait autour de 346 dollars la tonne.
Autant dire qu’en dépit des prix très élevés des cours mondiaux de céréales, l’OAIC se doit de s’approvisionner en la matière de façon conséquente et en volumes très importants par suite d’une très faible moisson 2021 de l’ordre de 11 millions de quintaux, toutes variétés confondues, contre des besoins de consommation locale estimé à 65 millions de quintaux. Ce qui laisse dire que le programme d’achat de l’OAIC, pour l’année 2022, sera des plus riches et qui plus est pesant sur le budget de l’Etat si l’envolée actuelle sur les cours des blés venait à se poursuivre ou du moins à se maintenir au niveau des prix courants.
En effet, l’Algérie a multiplié, dès l’entame de cette année, ses achats de blé. Pour preuve, au mois de janvier dernier et en l’espace de deux semaines, l’OAIC a acheté plus d’un million de tonnes de blé, en majorité de France, pour un prix compris entre 312 et 314 dollars la tonne. Quant à l’origine de ces volumes, elle est en grande partie européenne, française notamment. Au registre des importations algériennes en céréales, il importe de savoir que même pendant les années de production locale abondante, le pays dépend fortement des importations de céréales, le blé tendre étant le plus important. A ce propos, l’Organisation onusienne pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a rappelé, dans une note datant d’août 2021, qu’au cours des cinq dernières années, les besoins d’importation du pays ont été en moyenne d’environ 7,6 millions de tonnes par an, principalement de blé tendre qui représente environ 70% de la consommation intérieure. Cette même source révèle, par ailleurs, qu’en raison de la baisse de la récolte du pays en 2021, «les besoins d’importation de blé pour la campagne de commercialisation 2021/22 devraient atteindre 8,1 millions de tonnes, soit environ 25% de plus que les importations de l’année précédente et 7% au-dessus de la moyenne».
En somme, avec le volume d’importation que devrait effectuer l’OAIC, cette année, sur la base des prix des céréales élevés, la facture sera lourde. Pour se faire une idée sur les cours, le prix du blé tendre progressait de 1,50 euro à 266,50 euros la tonne sur Euronext à l’échéance de mars et de 1,75 euro sur celle de mai à 270,50 euros la tonne, pour plus de 14 000 lots échangés. Autre facteur haussier, «la météo annonce le retour d’un temps sec et chaud la semaine prochaine sur le continent sud-américain», souligne le cabinet Agritel.
C’est pour dire enfin que la facture d’importation du pays en céréales risque fort de s’élever à un niveau sans précédent.