Quoi de plus logique pour l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), unique importateur national de céréales, de se tourner vers l’importation de blé polonais plus compétitif actuellement par rapport au marché européen Euronext, premier fournisseur en céréales de l’Algérie. En effet, un navire chargé de 31 500 tonnes de blé de mouture polonais a récemment quitté le port de Gdynia, en Pologne, en direction de l’Algérie. Selon l’agence Reuters, qui rapporte l’information, outre que le blé polonais soit moins cher que celui d’Euronext, les prix du blé d’Euronext ont, en effet, augmenté mardi après six semaines de stagnation. Cette importation par l’Algérie est aussi motivée par le fait que le blé polonais répond aux spécificités de qualité exigées par l’Algérie. Autre facteur qui a poussé l’OAIC à se tourner vers le blé polonais, c’est la faible récolte dans l’Hexagone qui ne permet pas de répondre aux demandes d’importation de l’Algérie.
Toujours dans ce même ordre d’idées, il convient de savoir, comme le souligne l’agence d’information britannique, que «la Pologne fait face à une concurrence féroce de la part des Etats baltes». «Le blé polonais répondant aux spécifications algériennes de qualité est coté à environ 4 euros en dessous du contact franco à bord (FOB) d’Euronext de décembre dans les ports polonais, tandis que le blé des Etats baltes de même qualité est à environ 6,5 euros sous Euronext», selon les traders cités par la même source.
En somme, l’OAIC aurait tout à gagner d’aller s’approvisionner en blé de mouture là où il est moins cher et de surcroît répondant à ses critères de spécificité d’achat, d’autant plus que, selon les dernières estimations, la facture des importations en céréales de l’Algérie va certainement grimper cette année, autrement dit facilement dépasser les 1,7 milliard de dollars enregistré en 2019. Ce qui, en soit, va encore peser lourdement sur la balance commerciale du pays qui fait face à une régression drastique de ses recettes extérieures. Du coup, un objectif s’impose, celui de réduire la facture d’importation des céréales primaires (blé tendre et dur ainsi que l’orge). Sur ce dernier point, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Hamid Hamdani, juge que l’objectif peut être atteint «pour peu qu’on opère quelques réglages dans la filière stratégique des céréales». Ce dernier, qui s’exprimait avant-hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio publique, a expliqué dans ce sens : «Il faudra faire en sorte que l’approche soit constructive.» En clair, il s’agira d’après le ministre de multiplier la pratique de l’irrigation d’appoint dans la céréaliculture. Et dans ce cadre, l’invité de la radio a révélé que «nous ambitionnons de passer de 140 000 hectares irrigués actuellement à 500 000 hectares dans les quatre ans à venir, à raison de 20 000 hectares par an en moyenne aussi bien au Nord qu’au Sud du pays.» Arguant ainsi, «avec cet ajout de périmètre céréalier irrigué, cela va nous permettre des rendements appréciables car variant entre 50 et 70 quintaux à l’hectare». «Des résultats qui vont permettre une moisson de 70 millions de quintaux et réduire de façon significative nos importations de céréales primaires», a-t-il indiqué. Non sans lâcher : «Nous pouvons mieux faire si des projets d’investissement dans la filière venaient à se concrétiser.» Dans cette optique, le ministre a rappelé qu’«un office a été créé pour faciliter l’investissement à grande échelle dans le secteur de l’agriculture». Et de conclure : «Les programmes en place nous laissent optimistes surtout en matière de sécurité alimentaire du pays.» n