PAR INES DALI
Le directeur de la communication et de l’information au ministère des Affaires étrangères, Abdelhamid Abdaoui, a donné, hier, quelques précisions sur les ressortissants algériens bloqués en Ukraine ou ayant fui dans ses pays voisins après l’éclatement des combats le 24 février.
Jusqu’à présent, l’Algérie a rapatrié 76 ressortissants dont la majorité sont des étudiants à travers plusieurs universités. «Ces 76 personnes sont celles ayant exprimé leur vouloir de rentrer au pays et il y a actuellement environ 1400 Algériens qui ont quitté l’Ukraine, selon les statistiques qui nous ont été communiquées par les pays voisins, notamment par la Pologne et la Roumanie», a déclaré M. Abdaoui, sur la chaine de Chorouk TV. Ceci n’exclut pas, selon lui, que d’autres Algériens aient pu traverser les frontières avec la Slovaquie et la Moldavie, et dont le nombre serait «important au vu des relations familiales que certains ont là-bas, tandis que d’autres pourraient s’y être rendus pour être en sécurité, loin des combats en terre ukrainienne», a-t-il estimé.
Se voulant rassurant, il a indiqué que depuis le début du conflit en Ukraine, «les autorités algériennes par le biais des institutions en relation avec ce dossier, à leur tête le ministère des Affaires étrangères et ses représentations diplomatiques, se sont mobilisés et ont mobilisé tous les moyens pour suivre de près notamment la situation des ressortissants algériens se trouvant dans ce pays qui, dans leur majorité, sont des étudiants». Mais il y a également «des Algériens mariés à des Ukrainiennes et qui vivent dans ce pays avec leurs familles depuis de longues années, soit depuis l’époque de l’ex-URSS où ils étaient partis pour étudier. Après leurs études, ils sont restés là-bas», a-t-il précisé, tout en insistant que la protection des ressortissants algériens à l’étranger est «la priorité des autorités algériennes» ainsi que leur rapatriement.
A la question de savoir si d’autres rapatriements auront lieu, le responsable de la communication aux MAE a répondu par l’affirmative. «Bien sûr qu’il y aura d’autres opérations de rapatriement. Toute notre flotte est mobilisée pour cela. Mais il faut savoir que les vols à programmer seront fonction de la demande exprimée. Lorsqu’il y aura un nombre plus ou moins important pour le rapatriement, ce sera fait. L’Etat a mobilisé tous les moyens nécessaires pour assurer le retour au pays de ceux qui le désirent dans les meilleurs délais». Il a mis en avant que le MAE ainsi que les représentations diplomatiques de l’Algérie en Roumanie, en Pologne, en Moldavie et partout où il y a les ressortissants algériens dans cette région sont mobilisés pour leur protection. «C’est un principe. Nous avons des ambassades et des consulats dans tous les pays voisins de l’Ukraine et ils sont mobilisés pour ce faire. Ils ont reçu des instructions pour accomplir cette mission dans les meilleures conditions possibles. Il s’agit, pour eux, de protéger les ressortissants algériens, de leur venir en aide et de leur assurer le retour au pays sans, toutefois, les obliger à y retourner s’ils n’expriment pas ce souhait».

Les conditions sécuritaires, un obstacle pour récupérer la dépouille de l’Algérien décédé
Sur un autre chapitre, celui du décès du jeune algérien Talbi Mohammed Abdel Monaim, atteint par une balle à la tête dans la ville Kharkiv, (nord-est de l’Ukraine) au troisième jour des combats, le 26 février dernier, M. Abdaoui a regretté que «la situation sécuritaire qui prévaut et va en se détériorant également dans ville de Kharkiv n’ait pas permis la récupération de la dépouille». Tout en faisant état de sa profonde compassion avec la famille du défunt et que les autorités suivent de très près ce cas, il a assuré que dès que les conditions sécuritaires le permettent, il est certain que la dépouille sera récupérée. Pour le moment, a-t-il expliqué, «les informations qui nous parviennent font toujours état de combats dans cette région». Le vœu du père de Talbi Mohammed Abdel Monaim, qui réside avec toute sa famille aux Emirats arabes unis, est de pouvoir enterrer son fils en terre d’Algérie, dans sa ville Béni Snouss à Tlemcen, et pour ce faire, il n’a pas manqué de lancer un appel aux plus hautes autorités du pays rappelle-t-on. Le directeur de la communication et de l’information au MAE a, par ailleurs, affirmé qu’aucun nouveau cas de décès n’a été enregistré dans la communauté algérienne en Ukraine pour le moment. Et c’est, d’ailleurs, dans le souci de préserver la vie des Algériens travaillant à l’ambassade algérienne à Kiev que la décision de suspendre temporairement ses activités a été prise. «Nous voulons éviter que d’autres décès aient lieu, mais cela ne veut pas dire que l’ambassade ne travaille pas. Nos ressortissants peuvent la joindre par téléphone (mobile) ou par mail, de même qu’ils peuvent joindre nos ambassades dans les autres capitales en Pologne, en Roumanie et en Hongrie», a-t-il affirmé. Lors de l’annonce du gel de ses activités, l’ambassade d’Algérie à Kiev a publié, dans son communiqué, les numéros de téléphone et mails de ces ambassades, ainsi que ceux du ministère des Affaires étrangères algérien afin que les ressortissants algériens bloqués en Ukraine ou dans ses pays limitrophes puisent les joindre.

«La politique de l’Etat algérien est de s’abstenir de participer à tout conflit»
Revenant sur le communiqué de l’ambassade d’Ukraine en Algérie appelant les Algériens à s’enrôler pour prendre part aux combats en Ukraine et qui a été retiré rapidement, le représentant du MAE a déclaré que «la politique de l’Etat algérien est de s’abstenir de participer à tout conflit. C’est un principe clair pour tous». «De tels agissements (l’appel de l’ambassade d’Ukraine, ndlr) n’ont aucune relation avec la politique extérieure de l’Algérie. A travers cet appel, on veut impliquer l’Etat algérien, par le biais de ses citoyens, à s’impliquer dans ce conflit et nous en sommes loin. Nous nous tenons à équidistance des deux parties dans ce conflit et de tout autre conflit dans le monde», a affirmé M. Abdaoui. «Nous avons une politique qui appelle à la paix et prônons les solutions pacifiques aux conflits», a-t-il soutenu. Il a, par ailleurs, confirmé que le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a saisi l’ambassade d’Ukraine à Alger, suite à quoi elle a retiré de sa page facebook son communiqué. «Notre politique est la même, que ce soit avec ce pays ou un autre», a-t-il conclu. <