L’accélération dans le traitement des dossiers ne devrait pas s’arrêter à la remise en liberté des 76 détenus d’opinion enregistrée la semaine écoulée. D’autres détenus, qui ont marqué les manifestations du mouvement populaire, devraient sortir de prison aujourd’hui, ce qui accréditerait la thèse selon laquelle le gouvernement lâche du lest et œuvre à créer un climat apaisé, en droite ligne de la main tendue pour un dialogue par le premier magistrat du pays depuis son élection.

En effet, après la libération de plus de 70 détenus dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, c’est au tour d’autres militants de sortir de prison. Il s’agit d’Abdelouahab Fersaoui, président du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) et de deux autres activistes, Fodil Boumala et Samir Benlarbi, avons-nous appris d’un des avocats du Collectif de défense des détenus d’opinion.
Le président de RAJ a été placé sous mandat de dépôt le 14 octobre dernier pour « atteinte à l’unité nationale » et « incitation à la violence», prévus dans les articles 74 et 79 du code pénal. L’activiste Fodil Boumala a été placé pour sa part en détention préventive le 19 septembre pour à l’unité du territoire national», tandis que Benlarbi a été placé en détention provisoire le 17 du même mois par le tribunal de Bir Mourad Raïs d’Alger, pour les mêmes griefs « d’atteinte à l’unité du territoire national». S’agissant du leader de l’Union démocratique et sociale (UDS), parti non agréé, Karim Tabbou, et l’ancien prétendant à la magistrature suprême Rachid Nekkaz, ils devraient être remis en liberté provisoire mardi prochain, ajoute la même source. Le coordinateur de l’UDS a été placé, rappelons-le, le 02 octobre dernier en détention préventive par le Parquet de Sidi M’hamed pour les chefs d’inculpations d’atteinte à l’unité nationale et incitation à la violence via ses publications sur les réseaux sociaux. Le mis en cause a été arrêté le 12 septembre dernier pour « démoralisation des troupes d’armée en temps de paix, avant de le remettre en liberté par le Parquet de Tipasa, avant d’être arrêté à nouveau 24 heures après et placé en détention provisoire. Quant à Rachid Nekkaz, accusé d’«atteinte à l’unité nationale», d’«incitation à la violence par le biais des réseaux sociaux» et de «planification d’opérations destinées à empêcher les citoyens à effectuer leur devoir électoral», il a été interpellé le 04 décembre à sa descente d’avion à l’aéroport international Houari-Boumediène d’Alger puis placé en détention provisoire au cours de la même journée.
Jeudi dernier, 76 détenus d’opinion, arrêtés au cours du Hirak, dont le moudjahid Lakhdar Bouregaâ et le général à la retraite Hocine Benhadid, ont été libérés. 51 détenus ont été libérés à Alger, 2 à Tlemcen, 4 à El Oued, 2 à Oran, 3 à Constantine, 2 à Tiaret, 1 à Boumerdès, 6 à Chlef, 2 à Tipasa, 2 à El Tarf et, enfin, 1 à Tissemsilt.
Kaddour Chouicha dans un « état de santé inquiétant »
Par ailleurs, et s’agissant du vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) Kaddour Chouicha, condamné à un an de prison ferme, le 10 décembre dernier, à Oran, est, d’après son épouse, « fragilisé par les conditions d’incarcération et affaibli par une grippe et une bronchite dont il ne s’est pas encore remis totalement, il se trouve dans un état de santé inquiétant ». Elle interpelle ainsi, dans une lettre rendue publique, « les autorités algériennes, le Président de la République, le Premier ministre, le ministre de la Justice, ainsi que toutes les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme pour exiger son transfert en urgence dans une unité de soins adéquate et pour exiger sa remise en liberté ».
Kaddour Chouicha a été condamné pour des chefs d’inculpations « d’outrage et violence à fonctionnaires et institutions de l’Etat, offense au président de la République et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l’intérêt national. Alors que son procès en appel est programmé pour ce mardi, Mme Chouicha tient « pour responsable les autorités algériennes de tous ce qui pourrait arriver » au défenseur des droits de l’homme.