Les producteurs de lait et dérivés à partir de la poudre de lait non subventionnée sont des plus inquiets et ne cachent pas leur mécontentement. Ils affirment qu’ils ne peuvent plus s’approvisionner suffisamment en matière première. Ils crient au péril et envisagent de mettre  à l’arrêt des chaînes entières de production, notamment celles des laits stérilisés et des yaourts.

Devant cette situation, ils interpellent les pouvoirs publics afin d’intervenir «et d’éviter le scénario du pire, celui de mettre au chômage des centaines de pères de famille», a averti le président de l’Association des producteurs algériens de boissons (Apab) Ali Hamani. Ce dernier animait un point de presse, hier en son siège à Alger, en compagnie de Fawzi Berkati, patron du groupe Tchin-Lait, et en présence des représentants de grandes marques de cette filière. Il a dénoncé «le dysfonctionnement dans la procédure et les règles d’attribution des dérogations sanitaires d’importation (DSI) de la poudre de lait, qui demeurent très restrictives pour les fabricants/transformateurs». Ali Hamani, dans son habituel franc-parler, a lancé : «Nous sommes curieux de savoir sur quels critères sont délivrées ces DSI, dès lors où certains importateurs sont servis à bon escient en DSI, mais au lieu de destiner les quantités de poudre de lait attribuées à leur vrai utilisateur, ils procèdent à leur revente en l’état sur le marché parallèle.» Toujours à propos de ces DSI, il dira : «Le délai de validité limité de trois mois, avec d’éventuelles prorogations d’un délai ne dépassant pas 10 jours maximum, ne permet pas aux transformateurs de concrétiser leurs opérations d’importation, au risque de dépasser la date d’échéance et de devenir ainsi caduques.» Pis encore, selon Hamani, «ces DSI, valables trois mois, entraînent une pression sur le marché international de la poudre de lait. Et quand on sait que notre pays est le deuxième plus gros importateur après la Chine, on comprend vite pourquoi à l’international, les prix grimpent et par voie de conséquence notre facture d’importation va croître». Devant cet état des lieux, le patron de l’Apab a indiqué aux médias : «Nous avons saisi la chefferie du gouvernement par trois requêtes successives depuis le début de l’année, plus précisément le 2 avril, le 17 juillet, et dernièrement, le 27 septembre, à l’issue d’une ultime réunion des membres de la filière.» Et de faire remarquer que «ces requêtes n’ont pas connu de réponse, si ce n’est de nous informer que notre requête a été transmise au ministère concerné». Le président de l’Apab ne se sera pas fait attendre pour annoncer ce que propose la filière.
«Une mise en place d’un protocole de répartition équitable des quotas entre les producteurs.
De soumettre tous les opérateurs, incluant les importateurs versés dans la revente en l’état, au contrôle a posteriori de la traçabilité des quantités de poudre de lait importées par les transformateurs.

Et, enfin, de prioriser les transformateurs dans l’attribution des quotas, en adoptant une critériologie transparente », a fait savoir le conférencier.
De son côté, le patron de Tchin-Lait s’est montré tout à fait indigné que de la poudre de lait se retrouve proposée sur le marché parallèle, au moment où au niveau de ses trois unités de production, les stocks ne cessent de s’amenuiser. Il dira pour preuve, qu’«au premier trimestre, nous disposions que de 40 % de nos besoins réels de production. Plus grave encore, le taux est descendu à 20 % durant le second trimestre. Je vous laisse déduire ce à quoi nous faisons face.
Et de préciser dans la foulée  «nos besoins réels sont de 150 000 à 200 000 tonnes de poudre lait par an et nous nous sommes retrouvés, cette année, à disposer de moins de la moitié. Et si, d’ici là, les quantités qui nous sont nécessaires n’arrivent pas, nous allons être contraints de fermer des lignes de production et partant, mettre au chômage une centaine de personnes». Rebondissant dans ce sens, Hamani a lancé : «Il serait regrettable que des transformateurs ayant conclu des contrats d’exportation ne puissent honorer leur engagement avec leurs clients étrangers. Et cela, au moment où les pouvoirs publics s’efforcent afin que les exportations hors hydrocarbures passent à une vitesse supérieure. »