La continuelle hausse des contaminations au coronavirus Covid-19 (variant Delta) conjuguée à la présence du nouveau variant Omicron en Algérie, même s’il ne s’agit que d’un deuxième cas découvert officiellement, n’est pas pour rassurer sur la situation épidémiologique du pays.

PAR INES DALI
Les cas confirmés sont en train de tendre vers le nombre de 400 au quotidien si l’on considère les 375 nouveaux cas annoncés vendredi dans le bilan journalier du ministère de la Santé. L’autre motif d’inquiétude est le nombre de décès dont la moyenne a augmenté comparativement au mois dernier ainsi que celui des malades en soins intensifs. Avant-hier, on annonçait 9 personnes ayant perdu la vie des suites du Covid-19 et 34 autres en soins intensifs. Le nombre de ces derniers est en train de monter en flèche.
L’Algérie est donc bel et bien en pleine quatrième vague et c’était prévisible. Cette vague est dominée par le variant Delta auquel est venu se greffer le nouveau variant Omicron dont la rapidité de propagation est confirmée par les scientifiques à l’échelle mondiale. «Dans le cadre de l’activité de séquençage des virus SARS-CoV-2 effectuée par l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA) pour la détection des variants circulants, il a été procédé à la détection d’un nouveau cas du variant Omicron (B.1.1.529) en Algérie», est-il indiqué dans un communiqué de l’IPA diffusé vendredi.
Il s’agit d’un ressortissant algérien qui est revenu d’un séjour d’Afrique du Sud et qui, après quelques jours de son arrivée à Alger, a ressenti des signes alertant de la probabilité d’une infection par le virus de la Covid-19. S’exprimant à ce sujet, le directeur général de l’IPA, Fawzi Derrar, a déclaré que «ce patient, venu d’une région d’Afrique du Sud où il y avait le variant Omicron, était négatif au début mais a développé des symptômes trois ou quatre jours plus tard». Le concerné a subi par la suite un test antigénique dont le résultat s’est avéré positif.
«Après ces informations qui sont parvenues à l’IPA, nous avons réalisé le test PCR au niveau du Laboratoire de référence de l’Institut Pasteur dont le résultat était également positif. Par la suite, nous avons procédé à un criblage et au séquençage qui nous a permis de confirmer qu’il s’agit bien des mutations spécifiques au variant Omicron. Les deux cas sont des personnes qui reviennent des zones touchées par l’Omicron», a affirmé le Pr Derrar, lors de son intervention sur les ondes de la Radio nationale. L’Algérie a, ainsi, enregistré le 24 décembre 2021, son deuxième cas du variant Omicron. Il n’est pas exclu que ce deuxième cas, qui n’a été détecté positif que quelques jours après son arrivée en Algérie, ait pu contaminer d’autres personnes avant de ressentir lui-même les symptômes.

«L’Omicron est en train de prendre le relai du variant Delta»
Pour le directeur de l’IPA, «il était attendu que l’Algérie enregistre d’autres cas d’Omicron» après celui découvert le 10 décembre. «D’autant plus, a-t-il ajouté, que nous observons une recrudescence sur le plan épidémiologique de ce variant lorsqu’on regarde la carte en Grande Bretagne et maintenant en France et aux Etats-Unis». Il affirme, ainsi, qu’il n’y a plus aucun doute : «l’Omicron est en train de prendre le relai du variant Delta».
Le même schéma épidémiologique de prédominance du variant Omicron sur le Delta pourrait être observé en Algérie si l’on considère les déclarations du directeur général de l’IPA, dans lesquelles il n’exclut pas de voir apparaitre d’autres cas. «Quelles que soient les situations, l’Omicron deviendra majoritaire», a-t-i réitéré, revenant sur l’exemple du Royaume-Uni où la majorité des cas confirmés de Covid-19 dans la capitale sont dus au variant Omicron.
«Vu la capacité de transmission de ce variant, très rapide, il faudrait que la surveillance soit la plus ciblée possible pour éviter qu’il y ait une importante propagation de ce virus», a-t-il dit en citant notamment les aéroports, avant de préciser que «des opérations de criblages sont en cours actuellement» et qu’«il n’est pas exclu qu’on enregistre, dans les prochains jours, d’autres cas» du variant Omicron.

«Les malades font très tôt des complications»
Pour le moment, l’Algérie fait face à la 4e vague et les hôpitaux sont en train de recevoir de plus en plus de malades dont le nombre a largement dépassé le seuil des 2400 cas au-dessus duquel est généralement tirée la sonnette d’alarme. Ils sont autour des 3500 patients hospitalisés dont un certain nombre en réanimation. Les cas graves sont donc en train d’augmenter et la gravité de leur état se développe en un temps plus court qu’avant. «Les malades font très tôt des complications, au bout du 3e ou 4e jour», selon le Dr Yasmine Hamoudi, assistante en réanimation au CHU de Béni Messous (Alger). «Les malades qui arrivent chez nous en réanimation présentent, malheureusement, des formes très graves», a-t-elle insisté, redoutant que la situation devienne «catastrophique, pire que la troisième vague». Elle fait état du constat d’une hausse «progressive qui va durer dans le temps» et dit s’attendre à un pic «vers le début ou la mi-janvier». Elle révèle, par ailleurs, que «les malades qui arrivent en réanimation ne sont pas vaccinés, il y a zéro malades vaccinés», avant de donner le taux de «95% de patients en réanimation» n’ayant pas reçu l’anti-Covid-19. Dans ce chapitre, elle a fait savoir qu’un de ses collègues qui a contracté le coronavirus est intubé depuis dimanche dernier. «Il a toujours refusé de se faire vacciner», a-t-elle souligné, appelant à son tour à la vaccination car «le résultat est là». «Notre collègue est infirmier. Il a travaillé pendant deux années consécutives avec les malades Covid et il a vu beaucoup d’entre eux mourir. Il a refusé le vaccin et aujourd’hui il est à la place de ses malades, dans un état critique, comateux», a indiqué Dr Hamoudi. Le vaccin ne protège pas contre les contaminations ou recontaminations, mais contre les formes graves, a-t-elle rappelé. <

L’Algérie a reçu plus de 3,6 millions de doses du vaccin Johnson
L’Algérie a réceptionné deux lots du vaccin anti-Covid-19 Johnson au cours de ce mois de décembre, plus précisément la semaine dernière, a indiqué l’organisme onusien UNICEF Algérie. La première cargaison, reçue dimanche 19 décembre, a concerné un lot de 1.728.000 doses, tandis que la seconde, reçue vendredi 24 décembre, se chiffre à 1.900.800 doses, selon les précisions du même organisme, qui relève que le pays a, ainsi, réceptionné un total de 3.628.800 doses envoyées par l’Allemagne.
D’autre part, le bureau de l’UNICEF Algérie et celui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont exprimé «leurs remerciements à tous les pays et institutions, en plus de l’ambassade d’Allemagne en Algérie, qui ont contribué à la mise en place du mécanisme international Covax». Ils ont adressé leur remerciements également aux autres pays que sont «les Etats membres de l’Union européenne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Japon et les institutions CEPI et GAVI» pour leur implication dans le système Covax. I. D.