PAR NAZIM BRAHIMI
Un incendie a été enregistré hier au niveau d’un fourneau de la cimenterie de Hadjar-Soud à Skikda, causant des blessures à une dizaine de travailleurs dont certains ont nécessité leur transfert vers les établissements de santé des deux wilayas limitrophes, Annaba et Constantine. La plupart des victimes de l’incident sont atteintes de brûlures au 3e degré, selon le directeur de la santé de la wilaya de Skikda.
Une source locale fait état de 12 blessés dont 5 travailleurs, 5 gendarmes et 2 soldats de l’ANP suite à une
explosion survenue lors d’une opération d’incinération de produits
pyrotechniques et de stupéfiants sous la supervision de la Gendarmerie nationale au niveau d’un four de cuisson dont la température dépasse 1000° C.
La même source a indiqué que des explosions de faible puissance ont été entendues lors de l’incinération de déchets censés être inertes, c’est-à-dire non pyrotechniques. «L’examen des restes de combustion montre cependant que des éléments métalliques de fusées et de munitions se trouvaient parmi les déchets incinérés», selon la même source.
«Les employés de l’atelier dont proviennent ces objets indiquent ne pas avoir déposé ces objets parmi les déchets inertes voués à l’élimination dans la filière de déchets non pyrotechniques», a ajouté la même source, qui parle «d’échanges intempestifs entre les deux filières d’élimination des déchets de production (déchets pyrotechniques-déchets non pyrotechniques)».
Selon des spécialistes en sécurité et hygiène des installations, les déchets d’artifices contenant des produits pyrotechniques ne doivent pas être mélangés avec les déchets inertes. «Ils doivent être emballés séparément et faire l’objet d’une destruction suivie dans un lieu isolé et sécurisé, tandis que les déchets inertes sont collectés par les caristes et déposés sur la zone de brûlage», précise-t-on.
Il s’agit malheureusement d’un nouvel accident qui se produit dans une installation industrielle et qui s’ajoute à de fâcheux accidents déplorés antérieurement et dont les responsabilités et les causes n’ont pas été identifiées. Plus curieux encore, la fréquence d’accidents dans les installations situées dans la wilaya de Skikda et dont le plus récent s’est produit en août dernier au niveau de la raffinerie et qui a coûté la vie à un travailleur et causé des brûlures à deux autres.
L’incendie est survenu dans la zone industrielle de Skikda, au cours d’une opération de ravitaillement en Xylène d’un camion au niveau de la station de ravitaillement de la raffinerie RA1K, avait expliqué la société nationale des hydrocarbures Sonatrach.
Comme lors de l’incident qui a eu pour théâtre la raffinerie, celui d’hier relance le débat sur la sécurisation de ces installations quel que soit le secteur d’activité, pétrochimique, pétrolière et gazière ou autre…
Lors de leur déplacement sur le lieu de l’incident au mois d’août dernier, les responsables de Sonatrach ont donné des instructions strictes pour élever le niveau de protection et de respect des mesures préventives dans les installations industrielles et pétrolières relevant du groupe. Il ne fait point de doute que la récurrence de ces incidents dans ces installations sonne l’urgence d’améliorer la sécurisation des sites et champs pétroliers et gaziers au Nord et au Sud en agissant en urgence sur le respect des mesures de prévention et de sécurité lors des opérations de maintenance périodique.
Si nous sommes loin de la gravité de l’incident de janvier 2004 (une vingtaine de morts et une centaine de blessés) suite à la très forte déflagration qui s’était produite au complexe de liquéfaction GNL suivie d’un incendie -trois unités de liquéfaction sur les six que comporte le complexe GL1/K ont été fortement endommagées et soumises à un feu intense-, la sécurisation des sites est à élever au rang de l’urgence.
En ce qui concerne la conséquence de cet incident sur le fonctionnement du site, des sources n’écartent pas l’arrêt de l’activité pendant trois mois notamment pour le remplacement des toits des cyclones alors que les dommages sont évalués à 25 millions de dollars. <