Le Front des forces socialistes (FFS) ne compte pas s’inscrire dans les échéances électorales anticipées à venir. Le parti ne voit pas «l’utilité» des futurs scrutins prévus, une fois adopté l’avant-projet de loi organique portant régime électoral, qui est au stade d’enrichissement et de propositions formulées par l’ensemble de la classe politique.

«Nous restons convaincus que l’organisation d’élections réellement libres et crédibles doivent impérativement être précédées d’un dialogue sans exclusive qui posera les fondements d’une vie politique démocratique, qui garantira l’alternance politique, institutionnalisera les contre-pouvoirs et encouragera la construction des médiations politiques et sociales, démocratiques et autonomes», a affirmé le parti, dans une déclaration qu’il introduit comme réponse à l’avant-projet de révision de la loi électorale dont il a été destinataire.
«Au-delà des dispositions nouvelles contenues dans ce texte, c’est l’ensemble du dispositif politique actuel qu’il s’agit de questionner. Une loi électorale, quand bien même elle prémunirait le pays contre certaines dérives du passé, ne saurait garantir un scrutin libre et crédible», a estimé le FFS.
Pour ce dernier, «la démocratie ne se résume pas à l’isoloir», relevant qu’elle «suppose un climat politique de libertés qui permette un choix libre et conscient», réitérant sa revendication portant sur des mesures d’apaisement. «Quel crédit pouvons-nous accorder à un texte proposé à la discussion aux partis politiques dans un contexte marqué par des arrestations et des condamnations arbitraires pour délit d’opinion et par un verrouillage sans précédent des espaces politiques et médiatiques ?», s’interroge le plus vieux parti de l’opposition.
«Alors que nous espérions un changement de cap radical et une volonté politique réelle des tenants du pouvoir d’amorcer une nouvelle ère, nous constatons avec regrets, et surtout inquiétude, que le calendrier électoral a été maintenu, alors que le contexte actuel, national et régional exige une approche politique à la hauteur des aspirations légitimes du peuple algérien», tranche le parti.
Pour le FFS, «maintenir, contre vents et marées, un agenda électoral alors que l’état du pays se détériore à tous les niveaux, c’est non seulement prendre le risque d’un nouvel échec, mais c’est aggraver la défiance populaire et creuser encore un peu plus le fossé entre le peuple et ses dirigeants». Il invite le pouvoir politique à «saisir le véritable sens d’une dissidence citoyenne qui ne se résume nullement à une simple parenthèse à refermer en enfermant quelques symboles honnis de ce régime».
Estimant que «le pays a besoin d’un choc de confiance», le FFS écrit que «le courage politique, ce n’est pas s’accrocher à un agenda politique dont l’échec est prévisible. Le courage politique, c’est oser des révisions déchirantes lorsque l’intérêt national le commande». Le FFS ajoute que «plus vite le pays engagera de profondes transformations politiques, économiques, sociales et culturelles et mieux il sera armé pour affronter toutes les crises et sauvegarder notre indépendance et notre sécurité nationales».
Saluant les efforts et l’engagement de nos soldats pour sécuriser les frontières, le FFS soutient que «la défense nationale exige une approche globale et doit être fondée avant tout sur la citoyenneté», estimant qu’aucune armée au monde «ne peut durablement contenir de potentielles menaces et protéger l’intégrité territoriale si le pays ne dispose pas d’institutions politiques, légitimes et représentatives capables d’assurer la stabilité politique, la continuité des services de l’Etat et la mobilisation politique du peuple».

Rappel des préalables au dialogue inclusif
Réitérant son offre de dialogue comme phase préalable à tout processus électoral, le parti a indiqué avoir appelé récemment à la tenue d’une Convention nationale pour dégager un consensus national autour d’une issue politique, globale et démocratique, précisant que «cet appel de raison s’adresse tout autant aux forces politiques et sociales qu’à ceux qui détiennent les leviers décisionnels».
Pour la réussite d’un tel dialogue, le FFS juge «indispensable de créer, au préalable, un climat de confiance et d’ouverture en direction de la société et de ses représentants politiques, syndicaux et associatifs». Il s’agit de procéder à «la libération des détenus politiques et d’opinion et leur réhabilitation politique et sociale», à «l’ouverture des champs politique et médiatique et la levée des entraves à l’exercice politique, syndical et médiatique», à «l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l’encontre des militants, des journalistes et des syndicalistes engagés dans le combat démocratique».
Le parti réclame aussi «le gel de tous les engagements économiques qui bradent ou hypothèquent les ressources nationales», ainsi que «la libération de l’appareil judiciaire de toute emprise ou injonction afin de rétablir la crédibilité de la justice et de regagner la confiance de la population».