Ensemble, ils ont conquis le monde avec panache. De 2008 à 2012, l’association entre Pep Guardiola et Lionel Messi a offert au Barça quatorze trophées sur dix-neuf possibles (dont deux Ligues des champions et trois Liga). Le tout en pratiquant l’un des jeux les plus impressionnants de l’histoire. Les voir à nouveau réunis huit ans plus tard excite forcément le monde du ballon rond, alors que l’Argentin est bien décidé à quitter le Barça et souhaiterait, selon nos informations, retrouver son ancien mentor dans le nord de l’Angleterre. Nommé entraîneur du Barça en mai 2008, Pep Guardiola accomplit un premier geste fort en poussant Ronaldinho vers la sortie (il signera à l’AC Milan) pour confier les rênes de sa formation et le numéro 10 à Lionel Messi, alors âgé de 21 ans. « On m’avait parlé de ce garçon exceptionnellement bon, relatait le technicien à Catalunya Radio l’an dernier. On me disait qu’il était très petit mais qu’il marquait beaucoup et qu’il dribblait très bien […] J’ai vu ce petit garçon timide et je me suis dit : est-il est aussi fort qu’on le dit ? Puis on a commencé la présaison en Écosse avec des victoires 6-0 et 5-1, lors desquels il a mis trois buts. Je me suis dit qu’avec lui nous allions tout gagner. » Si le récit comporte une part de légende, puisque Guardiola avait pu observer le gamin de près en tant qu’entraîneur de la réserve la saison précédente et que Messi avait déjà quatre saisons en pro dans les jambes, il illustre l’admiration d’alors et d’aujourd’hui du coach catalan pour la « Pulga ».
Des tensions, un texto puis une deuxième C1
Repositionné en faux numéro 9 pour la première saison de l’ancien milieu de la « Dream Team » du Barça sur le banc, Lionel Messi prend une nouvelle dimension, inscrivant 38 buts en 51 rencontres (contre 16 en 40 matches l’année antérieure). En 2009, le Barça signe une année prodigieuse en s’adjugeant tous les titres possibles (Ligue des championsLiga, Coupe du Roi, Coupe du monde des clubs, Supercoupe d’Espagne et d’Europe) grâce à l’appétit vorace de l’entraîneur et de son joueur vedette. Ce sextuplé conduit Messi au premier de ses six Ballons d’Or France Football.
Il en remportera trois autres dans la foulée, qui ponctuent autant de saisons avec le même entraîneur. Le prodige est épanoui comme jamais, mais des tensions apparaissent entre les deux hommes. Notamment lors de la seconde saison de Guardiola sur le banc (2009-2010), où Messi se sent moins valorisé avec l’arrivée de Zlatan Ibrahimovic. Ce qu’il fait savoir à son entraîneur en lui envoyant un texto. Le Suédois est contraint de refaire ses valises au bout d’une saison et le duo Guardiola-Messi s’en va conquérir une seconde Ligue des champions au printemps 2011, au terme d’une prestation exceptionnelle face à Manchester United (3-1), avec un Messi déchaîné.
« Pep a été un maître unique »
Exténué, Guardiola finit par jeter l’éponge en 2012, à l’issue de quatre saisons où il a sublimé son idée du jeu de possession. Notamment parce qu’il sent que sa relation avec les poids lourds du vestiaire – dont Messi – n’est plus aussi fluide. Durant son année sabbatique, puis ses années à la tête du Bayern (2013-2016), ils se perdent de vue, même si le Catalan ne peut cacher son admiration envers le crack lors du huitième de finale retour de Ligue des champions 2015 face à Manchester City (1-0).
Présent dans les tribunes du Camp Nou, Pep Guardiola se montre subjugué après un petit pont de son ancien joueur sur James Milner. Depuis son départ de Barcelone, il ne manque jamais une occasion de lui rendre hommage. « Pep a été un maître unique, j’ai énormément appris à ses côtés », confessait pour sa part Lionel Messi l’an dernier à Fox Sports.
Jusqu’alors, Guardiola ne voulait pas l’arracher au Barça
S’ils se sont rapprochés ces dernières années parallèlement à ces éloges mutuels, Guardiola a toujours refusé l’idée d’arracher la star blaugrana au club où tous deux ont acquis leurs lettres de noblesse. « Mon souhait est qu’il continue et finisse sa carrière au Barça », déclarait en ce sens l’entraîneur de Manchester City en février, puis à nouveau en juillet. Jusqu’au naufrage blaugrana de Lisbonne.
Quelques jours après la défaite face au Bayern (2-8) en quarts de finale de la C1 et avant la lettre recommandée des avocats du numéro 10 notifiant au Barça son intention de quitter le club, les deux hommes se sont en effet parlé au téléphone, selon nos informations, sans que l’on sache lequel a appelé l’autre. Avec un rêve qui ne paraît plus si fou : reformer leur tandem de choc en Premier League. n