LeBron James a réussi la prouesse de battre le record de Kareem Abdul-Jabbar. Le voilà meilleur scoreur de l’histoire de la NBA. Et pourtant, la star des Lakers n’a jamais été obnubilée par le scoring. LeBron est tellement plus que ça. Un vrai joueur d’équipe qui privilégie l’idée de mettre ses coéquipiers dans les bonnes conditions avant d’alimenter la marque.
Il se décrit lui-même comme un «pass-first guy», soit un joueur qui pense d’abord à la passe avant de regarder le panier. Et pourtant, LeBron James a écrit une nouvelle page de sa légende en devenant le roi des scoreurs de la NBA. Cette semaine, LBJ a réussi à effacer des tablettes les 38 387 points inscrits par Kareem Abdul-Jabbar tout au long de sa fantastique carrière. Le meilleur marqueur de l’histoire dans la grande Ligue nord-américaine, c’est désormais lui. Sa longévité exceptionnelle tout comme sa régularité bluffante au plus haut niveau expliquent cet accomplissement, plus qu’une soif pour la marque.
Se pencher sur l’immense voyage de LeBron James en NBA – qui semble loin d’être fini quand on voit son niveau cette saison – ne revient pas à admirer les performances stratosphériques d’un scoreur pur. Ce serait bien réducteur de le résumer à ça. «All around player» par excellence, «The Chosen One» s’est toujours démultiplié sur un parquet. Dans les 10 meilleurs intercepteurs de l’histoire de la NBA, l’ancienne star de Cleveland ou encore de Miami, qui tourne à 7,5 rebonds en carrière, a noirci les feuilles de statistiques comme rarement année après année.

CE RECORD DE POINTS N’A JAMAIS ÉTÉ UN OBJECTIF
Il n’est ainsi pas de la même veine que ses prestigieux acolytes qui occupent les premières places du classement des meilleurs marqueurs de la NBA. Kareem Abdul-Jabbar (2e avec 38387 points), Karl Malone (3e avec 36928), Kobe Bryant (4e avec 33643) et Michael Jordan (5e avec 32292) avaient plus le «scoring» dans le sang. S’ils ne se limitaient évidemment pas à ça sur des lattes eux aussi – Abdul-Jabbar a par exemple accumulé les rebonds et les contres alors que Michael Jordan était un défenseur d’exception et a fini sa carrière avec 5.3 passes de moyenne -, alimenter le tableau d’affichage était leur objectif premier quand leur équipe était en attaque. Ça n’a jamais été une obsession avec LeBron James.
A ses yeux, c’est d’ailleurs plus son «altruisme» et sa capacité à faire jouer les autres qui le définissent le mieux. «Ce record de points n’a jamais été un de mes objectifs quand je suis arrivé dans la Ligue. Car j’ai toujours été un joueur qui pense à la passe en premier», a lancé le natif d’Akron sur ESPN il y a quelques semaines. «Quand je dis que je ne suis pas un scoreur, je le dis dans ce sens-là : ça n’a jamais été la partie de mon jeu qui me définit. J’ai toujours aimé voir mes coéquipiers s’illustrer».
N’allez pas penser que c’est une lubie du moment pour se mettre en valeur alors qu’il bat un record mémorable, LeBron James se «voit» ainsi depuis longtemps. «Même si mon entraîneur me demandait d’être plus égoïste et d’essayer de prendre davantage le jeu en mains, je ne pourrais pas le faire. Ce n’est pas mon jeu. J’aime passer la balle «, avait prévenu le jeune LeBron James dans le New York Times, quand il avait 17 ans et affolait déjà la planète basket pour son talent précoce.

IL TENTE… BEAUCOUP ET RÉUSSIT
Certains y verront cependant une petite hypocrisie de sa part. On parle quand même d’un joueur qui n’a fini qu’une seule saison à moins de 25 points de moyenne sur ses 20 exercices en NBA – celle de sa saison rookie (20,9 pts). D’un joueur surtout qui tente 19,7 tirs en moyenne par match tout au long de sa carrière, soit plus que Kobe Bryant (19,5), Kevin Durant (18,7) ou Stephen Curry (17,7) par exemple. Il n’empêche, le leader des Lakers au QI basket élevé, qui affiche 7,3 passes de moyenne en carrière, reste un joueur qui a toujours fait jouer ses coéquipiers.
Ce n’est ainsi pas un hasard s’il se retrouve au quatrième rang des meilleurs passeurs «All-time» de la NBA derrière John Stockton, Jason Kidd et Chris Paul. Comme un symbole, il est d’ailleurs le seul du Top 10 à ne pas être un meneur de jeu… Critiqué au début de son bail à Miami pour avoir tendance à rechercher la meilleure option au lieu d’assumer ses responsabilités en prenant le dernier tir dans les moments chauds, King James estimait lui-même être «un joueur qui n’est pas égoïste. Parfois trop.» Ses quatre titres de champions ou encore ses 10 voyages en finales NBA rappellent cependant que cela reste un problème tout relatif dans son CV.
« Il veut vraiment impliquer les autres joueurs, il ne prend pas beaucoup de tirs à moins qu’il ne soit obligé. (…) Voir qu’il se soucie vraiment de ses coéquipiers et veut que tout le monde soit meilleur autour de lui, c’est quelque chose qui m’a définitivement surpris. C’est ce qui m’a le plus étonné : voir à quel point, il est désintéressé », résumait d’ailleurs Anthony Davis fin 2019. Et là encore, ce n’est pas forcément la description qu’on aurait pu imaginer d’un joueur au sommet du classement des meilleurs scoreurs de l’histoire en NBA. n