Nommé jeudi dernier au poste de ministre des Finances, que cumulait jusque-là le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmene, Abderrahmane Raouya a pris hier ses fonctions à la tête d’un département qu’il a eu déjà à diriger. Une première fois, du 25 mai 2017 au 31 mars 2019, et une deuxième expérience de janvier à juin 2020.

PAR NAZIM BRAHIMI
Il s’agit donc d’un rappel d’un dirigeant qui connaît le secteur pour avoir participé aux réformes des finances publiques engagées en Algérie ainsi qu’à la mise en place des plans de modernisation des administrations fiscale, domaniale, budgétaire et douanière. Ce retour intervient, cependant, dans un contexte où le ministère des Finances est attendu sur plus d’une question brûlante, notamment le contenu de la Loi de finances 2022 fortement critiqué par plus d’une catégorie professionnelle, même après son approbation par le Parlement et sa parution au Journal officiel.
Le régime fiscal a suscité la colère des professions non commerciales, notamment les avocats et les notaires, qui contestent ce régime devant être appliqué à la faveur de la loi de finances 2022. D’ailleurs M. Benabderrahmane a dû mener des négociations avec les avocats qu’il a convaincus à surseoir à leur débrayage déclenché suite au nouveau régime fiscal imposé aux «robes noires».
Le retour de Raouya, qui a assumé les fonctions de directeur de la législation fiscale à la Direction générale des impôts puis, Directeur général des impôts, intervient, également, quelques jours seulement après la décision du président Tebboune de geler les taxes contenues dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires et la suppression de tous les impôts et taxes sur le e-commerce, les téléphones portables, les matériels informatiques à usage personnel et les start-ups. Hier, à l’installation de M. Raouya dans ses nouvelles fonctions de ministre de Finances, le Premier ministre a mis en avant la nécessaire poursuite de «la dynamique dans le secteur» notamment en termes de réformes structurelles dans les domaines des banques, des assurances, des impôts, des douanes, du budget et des systèmes d’information. «Le secteur doit donner une forte impulsion aux réformes qui sous-tendent l’Algérie nouvelle», a déclaré M. Benabderrahmane, qui a appelé tous les cadres à être un «appui pour M. Raouya dans la réalisation des projets en cours d’exécution». Il a relevé, par la même occasion, l’importance de parachever les projets de numérisation du secteur avec toutes ses composantes (douanes, impôts, budget…), considérant que cette démarche constitue «le premier défi» à relever pour le secteur des finances.
De son côté, M. Raouya, âgé de 62 ans, licencié en Droit (Faculté de Droit de Ben Aknoun-Alger) et diplômé de l’Ecole nationale des impôts de Clermont-Ferrand (France), a exprimé sa reconnaissance pour la confiance placée en sa personne par le président de la République, en lui confiant, une nouvelle fois, le poste de ministre des Finances, se disant «déterminé» à poursuivre le travail dans le cadre du plan d’action du Gouvernement pour «la mise en œuvre des projets tracés» par le Premier ministre.
Le nouveau premier argentier du pays a assuré que «la priorité sera désormais accordée à tout ce qui concerne le citoyen et les opérateurs économiques, notamment à travers l’allègement et la simplification des procédures». La carte de visite de M. Raouya indique que le natif de Mostaganem a contribué à l’élaboration de plusieurs nouvelles lois économiques notamment celles relatives aux secteurs des hydrocarbures et des mines.
Il a également supervisé la mise en œuvre d’une série de réformes dans le domaine financier liées principalement à la numérisation et à l’introduction des produits de la finance islamique au sein du système bancaire, de même qu’il a été négociateur au nom de l’Algérie de plusieurs conventions internationales relatives à la fiscalité.