Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a présidé, hier, son premier Conseil des ministres dans lequel il a décliné sa feuille de route et les grands axes de son programme ainsi que les engagements annoncés en campagne électorale et réitérés depuis son accession à la magistrature suprême.

M. Tebboune a évoqué ainsi devant les membres du gouvernement d’Abdelaziz Djerad plusieurs aspects du changement qu’il compte apporter dans la gestion des affaires publiques, selon un communiqué sanctionnant les travaux de cette réunion du Conseil des ministres. Le président de la République a ainsi instruit les membres du gouvernement à veiller à «la préservation de l’argent public, à combattre les pratiques bureaucratiques et à respecter les engagements de l’Etat».
C’est ainsi qu’il a soutenu, s’agissant des changements institutionnels prévus, que «l’édification de l’Algérie à laquelle aspirent les citoyens et citoyennes implique la reconsidération du système de gouvernance à travers un profond amendement de la Constitution, pierre angulaire de l’édification de la nouvelle République, ainsi que certains textes de loi importants, à l’instar de la loi organique relative au régime électoral».
On se rappelle que le chantier de la révision de la loi fondamentale ainsi que la loi organique sur le régime électorale ont été évoqués lors de sa campagne électorale, promettant cet amendement dès les premiers mois succédant au scrutin présidentiel. Sur sa lancée, il a mis en avant l’importance de «la moralisation de la vie politique à travers la consécration de la séparation de l’argent et de la politique, outre la lutte contre la médiocrité dans la gestion».
Il convient, à cet effet, de rappeler que la séparation de l’argent de la politique a été son crédo du temps qu’il était à la tête de la chefferie du gouvernement en 2017, une attitude qu’il lui a valu son éviction du poste, sur instigation des oligarques proches du cercle de l’ancien Président.

Pour le président Tebboune, la nouvelle République doit focaliser sur «l’instauration de l’Etat de droit qui garantit l’indépendance de la justice et la promotion de la véritable démocratie participative, favorisant l’épanouissement social et politique». Sur la gouvernance des affaires publiques, objet de critiques permanentes, le Président a instruit les membres du gouvernement d’être à l’écoute «des préoccupations et besoins des citoyens en adoptant le dialogue et la concertation, et de veiller scrupuleusement à demeurer au service de l’Etat et du peuple».
Ceci ne saurait être atteint, a souligné le chef de l’Etat, qu’en faisant preuve d’un «comportement exemplaire requis et de la profonde foi en le devoir de préservation du denier public, la lutte contre les comportements bureaucratiques et le respect des engagements de l’Etat». Il s’agit, en définitive, dira-t-il, de «redresser la situation générale du pays à travers le rétablissement de l’autorité de l’Etat et le recouvrement de la confiance des citoyens».

Des urgences multiples
Dans le volet économique, le chef de l’Etat a mis en évidence la nécessité de mettre en place un modèle solide basé sur la diversification, libéré des contraintes bureaucratiques, attractif de richesses de nature à absorber le chômage, notamment chez la jeunesse. Mettant en exergue l’impératif d’extraire l’économie nationale de sa dépendance de la recette pétrolière, le premier magistrat du pays a plaidé l’utilisation des énergies renouvelables et de travailler à l’exportation de ces produits. Il a relevé, en outre, la nécessité de mettre en place des «plans d’urgence» pour le développement de l’agriculture, notamment celle des régions sahariennes, l’industrie agroalimentaire et la pêche. Autre dossier d’urgence, celui de la réforme fiscale et ce qui doit l’accompagner comme incitations au profit des entreprises, notamment celles fraîchement créées et les PME, prenant en considération «la réduction des impôts pour les entreprises créatrices d’emplois».
Dans le volet relatif au pouvoir d’achat des Algériens, M. Tebboune a fait part de la suppression des taxes pour les salariés faiblement rémunérés.
Le Président a mis aussi en évidence l’urgence de bâtir des passerelles entre l’Université et le monde du travail, de façon à ce qu’elle devienne la locomotive d’une économie forte aussi bien pour l’économie traditionnelle que l’économie de la connaissance. Sur l’éducation, il a mis en avant «l’impérative révision du système éducatif dans son volet pédagogique avec un allègement des programmes scolaires, tout en accordant une place importante aux activités sportives et culturelles». Dans le domaine de l’information, il a instruit l’Exécutif à l’effet de réunir toutes les conditions adéquates au «renforcement du professionnalisme des médias et des journalistes, en garantissant le soutien et l’encouragement nécessaires et indispensables à une pratique médiatique responsable dans le cadre de la liberté». Il a ajouté que « liberté n’aura de limites que la loi, l’éthique et la morale, outre la consolidation de la liberté de la presse, de la créativité et du rôle de la presse électronique».

Environnement régional inquiétant
Le chef de l’Etat a abordé, par ailleurs, la situation qui prévaut dans la région, «théâtre aujourd’hui de grandes manœuvres géopolitiques et terrain d’imbrication de facteurs de menace et d’instabilité», mettant en avant «l’importance de tirer les principaux enseignements au plan stratégique afin de mieux anticiper les répercussions de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région sur notre sécurité nationale». «Notre diplomatie doit montrer au monde l’image de la nouvelle Algérie, une Algérie confiante en elle, en ses capacités et en son avenir, une Algérie fière de son passé et de ses réalisations et consciente des difficultés auxquelles elle est confrontée tout en étant déterminée à les surmonter», a estimé le chef de l’Etat. «L’Algérie qui refuse toute immixtion dans les affaires des autres pays s’oppose fermement à toute tentative d’ingérence dans ses affaires nationales, des principes qui sous-tendent ses engagements en faveur de la paix et de la sécurité dans notre région, le Maghreb arabe, l’Afrique et à travers le monde», a ajouté le chef de l’Etat. n