« Je m’appelle Carl, ma mère est française, mais je mouille le maillot pour l’Algérie… Ma plus grande victoire c’est d’avoir gagné le respect du peuple algérien malgré ma mixité. » C’est par ces mots que se définissait Medjani qui a décidé, hier, de prendre, de manière officielle et vraisemblablement définitive cette fois, sa carrière internationale. Un passage chez les « Verts » qui aura été riche en émotions entre instants glorieux et désillusions.

Il n’aura pas fait partie de l’équipe qui était allée se poser sur le toit de l’Afrique l’été dernier en Egypte à l’issue de la CAN 2019, mais Medjani est l’un des symboles forts de la sélection algérienne et de l’intégration des binationaux. Son prénom n’avait rien d’Algérien. Et beaucoup avaient du mal à accepter sa venue. Rabah Saâdane l’avait retenu avec l’effectif concerné par la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud. Mais il n’a pas joué la moindre minute lors de ce tournoi duquel les « Fennecs » ont été sortis dès le premier tour. Il a fallu attendre le 11 août 2011 pour le voir honorer sa première sélection. C’était lors de la défaite 2 buts à 1 contre le Gabon en amical au stade 5 juillet 1962 (Alger). Par la suite, il aura été un élément important de l’EN. Notamment lors du Mondial 2014 au Brésil sous les ordres de Vahid Halilhodzic qui avait décidé de le faire jouer en sentinelle devant la défense. Mais, avant cela, il faut s’arrêter sur l’engagement du natif de Lyon et le rôle qu’il a joué dans la qualification au rendez-vous planétaire.

Ce but au Burkina…
On est le 12 octobre 2013. « El-Khadra » dispute son match barrage « aller » à Ouagadougou face au Burkina Faso. Là-bas, les coéquipiers de Sofiane Feghouli ont été battus (3/2) par les « Étalons ». Néanmoins, Medjani avait inscrit un but important. Le second qui avait permis aux siens d’égaliser avant que Bancé n’offre la victoire aux locaux sur penalty. La réalisation de Carl aura son pesant d’or puisque sans elle, l’unique pion planté par Madjid Bougherra au retour n’aurait pas suffi pour s’assurer une place dans la plus prestigieuse des compétitions.
En terres brésiliennes, lui et ses compatriotes marqueront l’épreuve en atteignant le second tour pour la première fois dans l’histoire de l’Algérie avant de se faire sortir par l’Allemagne, sacrée championne par la suite, au terme des prolongations. Un duel qu’il avait manqué à cause d’une blessure. En plus des deux messes planétaires auxquelles il a pris part, celui qui est défenseur central et milieu défensif aura disputé deux coupes d’Afrique des nations (2013 et 2015) sans réaliser un parcours brillant.
Somme toute, l’homme aux 62 capes avec le « Club Algérie » a affiché une remarquable constance même s’il a souvent changé de club (il en a connus 12 jusqu’à sa signature récente chez le FC Salaise en Régional 1 en France).
Pour preuve, tous les sélectionneurs qui sont passés à la tête de l’équipe nationale entre 2010 et 2018 ont pu compter sur lui. Saâdane, Halilhodzic, Rajevac, Leekens, Alcaraz et même Madjer l’ont sollicité. D’ailleurs, ce dernier n’avait pas hésité à le faire sortir de sa première retraite internationale, qu’il avait annoncée en 2017, pour lui offrir 6 autres apparitions avec le maillot des «Guerriers du Sahara» dont l’ultime le 7 juin 2018 à Lisbonne en amical face au Portugal (défaite 3/0).

Compréhensif et engagé
Sous Djamel Belmadi, actuel chef de la barre technique Dz, il ne sera jamais appelé. Mais le coach lui a fait part de ses plans en toute sincérité. Medjani savait que c’est un nouveau projet qui a été lancé : « Pour moi, c’est une passation de témoin qui se fait dans la joie et dans la bonne humeur. Le plus important aujourd’hui c’est que notre équipe nationale soit entre de bonnes mains avec notamment un bon staff et un bon coach que tout le monde attendait depuis des années.
Et comme je l’ai dit à Djamel Belmadi, je resterai toujours à la disposition de l’équipe nationale pour quoi que ce soit, car j’ai vécu huit années magnifiques et je souhaite lui redonner tout ce qu’elle m’a apporté. Du fond du cœur, je lui souhaite tout le meilleur du monde à cette EN… » avait-il indiqué en septembre 2018.
Une déclaration dans le même esprit des mots qu’il a choisis pour annoncer sa retraite, cette fois définitive, à l’internationale : « Une fierté d’avoir porté ce maillot (de l’équipe nationale algérienne, ndlr) à 62 reprises, et d’avoir été le capitaine des Fennecs. A jamais dans mon cœur, cette ferveur est sans commune mesure. Je sais ce que cette sélection m’a apporté. Merci à tout le peuple algérien pour le soutien constant que vous affichez et que vous m’avez apporté. Y a rien à dire, vous êtes les meilleurs supporters du monde. Je remercie aussi tous mes frères de la sélection pour ces moments partagés tous a été quelque chose d’énorme.
Votre titre de champion d’Afrique a été magique, je vous souhaite le meilleur pour la suite faites-nous encore rêver. Pourquoi pas dès la Coupe du monde. One two three viva l’Algérie », a-t-il écrit sur son compte Instagram. Des lignes pleines d’émotion écrits par un capitaine remarquable.