Celui qui a occupé un peu plus de huit mois le poste de Chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, a décidé de mettre fin à son mandat à la tête du Conseil de la nation, un poste auquel, théoriquement, il devait retourner après le scrutin du 12 décembre dernier et l’élection d’un nouveau président de la République. Pour ce faire, il a adressé une lettre au Président Abdelamadjid Tebboune dans laquelle il a formalisé sa «volonté» de ne plus poursuivre l’actuelle mandature en tant que président de la chambre haute du Parlement.

Dans ce sens, indique un communiqué de la présidence de la République, «le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a reçu une lettre de l’ex-chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, l’informant de sa volonté de mettre fin à son mandat à la tête du Conseil de la nation». Suite à quoi, le Président lui a répondu favorablement tout en lui témoignant sa reconnaissance. «Vous m’avez informé par le biais de votre correspondance du 29 décembre 2019 de votre volonté de mettre fin à votre mandat à la tête du Conseil de la nation. En vous remerciant de m’informer en premier de votre décision, je tiens à vous réitérer ma profonde gratitude et la reconnaissance de la patrie pour votre dévouement et abnégation au service de l’institution parlementaire, de l’Etat algérien et de notre peuple. L’histoire retiendra, incontestablement, que vous n’avez eu de cesse d’être l’homme de la situation à chaque fois que le pays a fait appel à vous. Veuillez agréer M. le président du Conseil de la nation, l’expression de mes sentiments respectueux», peut-on lire dans le communiqué de la présidence.
C’est ainsi que M. Bensalah se retire de la vie politique, notamment après une période de près de neuf mois à la tête de l’Etat qui aura été, incontestablement, la période la plus périlleuse de toute sa carrière et à laquelle il n’était absolument pas préparé – et qui l’aurait été ? – dans une conjoncture telle que le pays n’en a jamais connue depuis l’indépendance. M. Bensalah, rappelle-on, s’est retrouvé à assumer la responsabilité de Chef de l’Etat par intérim après la démission forcée de l’ex-président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans un contexte de contestation populaire sans pareille, qui a débuté le 22 février et qui s’opposait à un cinquième mandat et à une prolongation du quatrième. Selon les textes de la Constitution, le chef de l’Etat par intérim doit siéger pendant 90 jours en ayant comme principale mission l’organisation d’une élection présidentielle. Mais ce qui devait durer seulement trois mois a finalement duré bien plus en raison, toujours, de la conjoncture exceptionnelle du pays et, dans les conditions qui prévalaient, M. Bensalah s’est retrouvé encore à assumer la même responsabilité pour plus de temps, et ce, malgré son état de santé et les voix qui l’appelaient à son départ.
En effet, son mandat en tant que Chef de l’Etat par intérim, un poste dans lequel il avait été intronisé le 9 avril 2019, devait expirer le 8 juillet, selon l’article 102 de la Constitution qui stipule également que sa principale mission devait être l’organisation du scrutin présidentiel dont la date était prévu pour le 4 juillet. Ce dernier n’a pas eu lieu pour de multiples raisons, dont le refus populaire et l’absence de candidats «sérieux». Le Conseil constitutionnel avait dû intervenir alors pour la reconduction de M. Bensalah à la tête de l’Etat. Sitôt reconduit, il avait relancé l’option du dialogue à laquelle il avait déjà appelé en avril 2019 mais qui n’avait pas connu de succès.
Il faut dire qu’aussi bien sa reconduction que le dialogue auquel il avait appelé n’avaient pas fait l’objet de consensus. Fallait-il alors qu’il accepte d’être reconduit dans la fonction de Chef de l’Etat par intérim ou qu’il quitte cette responsabilité périlleuse et sujette à toutes les critiques possibles et imaginables ? Une mission très délicate et soumise à des pressions telles que son acceptation aurait été une décision très difficile pour les plus tenaces. Abdelkader Bensalah a poursuivi sa mission et le dialogue auquel il avait appelé a eu lieu et a débouché sur une multitude de propositions pour réunir des conditions plus ou moins propices à la tenue d’une présidentielle, dont les textes de mise en place d’une autorité nationale indépendante des élections qui furent accompagnés d’une révision de loi organique relative au régime électoral. Après quoi, M. Bensalah a convoqué le corps électoral pour le 12 décembre et a tenu le coup jusqu’à l’investiture et la prestation de serment du nouveau président de la République le 19 décembre 2019. Il convient de noter que c’est Salah Goudjil qui occupe le poste de président par intérim du Conseil de la nation, et ce, depuis le passage de M. Bensalah à la présidence de la République en avril dernier.