Par Feriel Nourine
Après un passage à vide, causé par l’effondrement des cours du pétrole en 2014, puis la pandémie de Covid-19, Sonatrach est en train d’effectuer un redéploiement remarquable en matière d’investissements.
Grâce à des prix d’hydrocarbures qui ont considérablement renfloué ses caisses ces deux dernières années, et des perspectives d’évolution optimisées par une demande mondiale en hausse et des prix qui suivent la même tendance, le groupe énergétique national a mis le cap sur le renforcement de ses capacités de production, sur fonds de découvertes de gisements qui ne cessent d’enrichir les capacités des réserves pétrolières et gazières de l’Algérie.
En ce sens, Sonatrach multiplie les contrats de partenariat avec des compagnies et entreprises étrangères. La dernière opération du genre vient d’être annoncée par Petrofac. Elle a trait à un contrat avec la filiale de Sonatrach Genie Civil et Batiment (GCB) et porte sur l’attribution provisoire, à la société britannique d’ingénierie en hydrocarbures, d’un contrat d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction pour le projet de développement Tinhert EPC2 en Algérie. Le contrat est évalué à environ 300 millions de dollars américains, la part de Petrofac étant d’environ 200 millions de dollars américains, a indiqué Petrofac dans un communiqué publié sur son site.
Le projet concerne sur une nouvelle installation centrale de traitement (CPF) avec des unités de séparation et de décarbonisation en entrée. Les travaux comprennent également les raccordements aux installations de séparation et de surpression d’Alrar existantes, que Petrofac a initialement aidé à livrer en 2018, ainsi que la mise en service, le démarrage et les tests de performance, explique la même source, soulignant qu’une fois terminé, le développement stimulera la production de gaz naturel et éliminera le CO2 des réserves de gaz du champ, conformément aux spécifications du marché mondial. Un autre investissement donc versé au compte de la production gazière en Algérie, que la compagnie nationale d’hydrocarbures compte développer et booster de sorte à renforcer sa place sur un marché international qui assiste à une quête d’alternative au pétrole russe chez de nombreux importateurs et fait de Sonatrach un fournisseur de plus en plus sollicité.
Ce qui ouvre aussi la voie aux groupes énergétiques étrangers qui peuvent tirer d’énormes dividendes en investissant dans la cadre de la nouvelle loi sur les hydrocarbures et des avantages que celle-ci leur offre.
Parmi ces avantages, le partage de production auquel donne droit cette loi, et qui a donné lieu à la signature, le 19 juillet dernier, d’un colossal contrat de près de 4 milliards de dollars, signé entre Sonatrach avec l’américain Occidental Petroleum, l’italien Eni et le français Total Energies pour le développement et d’exploitation du périmètre contractuel de Berkine (Ouargla). Ce contrat permettra de «renforcer et consolider» le partenariat entre l’Algérie et ses partenaires étrangers et «ouvrira, en même temps, des horizons prometteurs pour la conclusion de nouveaux contrats à l’avenir afin de renforcer les capacités du pays en matière de réserves et l’augmentation de la production nationale de pétrole et de gaz», avait indiqué, en marge de sa signature, le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab.
C’est le troisième contrat signé entre Sonatrach et des partenaires étrangers depuis la promulgation du nouveau texte, fin 2019.
Le premier contrat a été paraphé en décembre 2021 avec Eni, pour 1,4 milliard de dollars, alors que le deuxième a été signé au premier trimestre de l’année en cours avec le groupe chinois Sinopec pour un montant d’investissement de 490 millions de dollars. Les deux contrats concernent, eux aussi, le partage de production, une formule qui semble le plus intéresser les sociétés étrangères.
Mais la liste des contrats entre Sonatrach et des partenaires étrangers reste encore ouverte pour l’année 2002, en ce sens que le groupe «est engagé dans des négociations avec plusieurs partenaires étrangers», a indiqué son Pdg, toufik Hakkar, au lendemain de la signature du document avec Continental, Eni et Total Energies.
Ces négociations «devraient aboutir à la signature de trois à quatre nouveaux contrats d’ici la fin de l’année en cours», a expliqué M. Hakkar, ajoutant que leur signature devrait intervenir «à partir du mois de septembre prochain».
Pour rappel, le patron de Sonatrach avait déjà fait savoir que la compagnie comptait investir 40 milliards de dollars pour la période 2022-2026. Il a précisé que «la plus grande part de ces investissements sera orientée vers l’exploration et la production afin de préserver les capacités productives nationales». <