Pour accroître ses exportations de GNL, Sonatrach a engagé un chantier décisif, celui de la réhabilitation de ses anciens complexes de liquéfaction de gaz. La compagnie envisage également la mise à niveau de ses installations industrielles et l’optimisation de la production des usines de liquéfaction en partenariat avec la compagnie italienne ENI.

Par Khaled Remouche
La guerre Russie-Ukraine a eu pour effet de conforter la valeur et l’importance du gaz naturel liquéfié (GNL) en tant que source d’approvisionnement en énergie de l’Europe. Mais pas seulement. Ce conflit a en fait propulsé ce produit comme une composante incontournable dans le mix énergétique et du pack de matières premières énergétiques indispensables à la couverture des besoins en énergie de l’Union européenne.
L’Algérie, avec sa capacité non négligeable de production de GNL, est appelée à saisir cette opportunité pour augmenter ses exportations de gaz et consolider sa position parmi les premiers fournisseurs de l’Europe. En clair, l’UE, qui cherche à diversifier au maximum ses sources d’approvisionnement, table sur l’Algérie pour réduire sa dépendance au gaz russe et opérer le découplage énergétique auquel elle aspire dans la confrontation stratégique qu’elle a engagée avec Moscou.
Cela dit, la croissance des besoins de l’Europe en gaz confronte l’Algérie à un grand défi, celui d’augmenter ses exportations de GNL pour couvrir avec le gaz naturel une partie des besoins croissants européens. Ce challenge est d’autant plus difficile à relever que l’Algérie a connu, durant ces dix dernières années, un reflux de sa production et de ses exportations de GNL, de 30 milliards de mètres cubes/an au début de la première décennie 2000, elle est passée entre 14 et 16 milliards de mètres cubes.
L’explosion qui s’est produite dans le complexe de liquéfaction de Skikda, et qui a détruit trois des six unités de cette installation industrielle, a participé à cette baisse des exportations, tout comme la fermeture de ce complexe ainsi que de la première et historique usine de liquéfaction, la Camel. Cette unité a été la première au monde à produire du GNL. Elle a fait de l’Algérie un pays pionnier de la technologie de liquéfaction du gaz.
Autre contrainte, celle induite par les problèmes de maintenance des anciens complexes de liquéfaction de gaz d’Arzew GL1Z et GL2Z ; des structures qui disposent d’une capacité totale de 20 milliards de mètres cubes et qui ont vu leur production réduite par des opérations de suivi et d’assistance nécessaires. Fait constaté, la mise en service de deux nouveaux trains à Arzew et Skikda d’une capacité totale de 12 milliards de mètres cubes/an n’a pas empêché cette baisse de production.
Au début de la seconde décennie des années 2000, Sonatrach avait envisagé la construction d’un nouveau train de liquéfaction de gaz. Mais, ce projet a été abandonné à la suite d’une décision du top management de la compagnie pétrolière nationale. Il y avait un problème de production de gaz, les quantités extraites n’étaient pas suffisantes pour couvrir les besoins domestiques et ne pouvaient respecter les contrats de vente et d’achat de gaz avec les compagnies étrangères. « Il y a un problème de volume », indique un ancien responsable de la division aval.
Aujourd’hui, pour accroître le volume des exportations de GNL, Sonatrach a lancé des travaux de réhabilitation des anciens complexes de liquéfaction. Ce processus de rénovation a démarré en 2020. La compagnie table également sur la mise en service d’une nouvelle jetée au port de Skikda permettant l’accostage de méthaniers de gros tonnage. Elle mise aussi sur un partenariat avec la compagnie italienne ENI pour la : mise à niveau et l’optimisation de la production des complexes de liquéfaction. Un axe d’un mémorandum d’entente signé récemment entre Sonatrach et l’ENI prévoit cette nouvelle forme de coopération. Mais cette augmentation d’exportations de GNL est conditionnée par une croissance significative de la production de gaz pour couvrir tous ces besoins. Un challenge très important à relever si on veut saisir cette opportunité de satisfaire les besoins croissants en gaz de l’UE. <